ÂPRETÉ, s. f. [1e lon. 2e e muet, 3e é fer. On écrivait autrefois aspreté.] Qualité de ce qui est âpre. Il a tous les sens de son adjectif, Voyez ÂPRE. Âpreté des fruits, de la saison, des chemins, de l'esprit, du caractère. Âpreté au gain, à l'argent. — Remarquez sur ce dernier exemple, qu'on ne le dit que du gain et de l'argent pris indéfiniment. "Pleins d'âpreté pour les richesses de ces misérables, (les Juifs) plusieurs conjurèrent leur perte. Villefore, Vie de St. Bernard. Et l'emploi et le régime de ce mot (pour au lieu d'à) ne sont pas à imiter. Cet Auteur dit mieux, du moins pour la propriété du mot dans la phrâse suivante. "Ce peuple trouvoit dans son âpreté pour l'argent, la justification de son zèle. — Bourdalouë emploie âprêté tout seul et sans régime, d'une manière qu'on ne peut blâmer. "Cette chaleur et cette âpreté avec laquelle nous entrons dans tout ce qui est des intérêts du monde.
Rem. Âpreté est beau au figuré. Rousseau dit à M. de La Fare:
Toi... Qui par les leçons d'Aristipe,
De la sagesse de Chrisipe,
As su corriger l'âpreté.
"Ce n'est pas le ridicule de la vertu, que Molière a voulu jouer dans le Misantrope, mais un ridicule qui acompagne quelquefois la vertu; une fougue qui l'emporte au-delà de ses limites; une âpreté insociable. Marm. — Mde. de B... (Hist. d'Angl.) le dit de la victoire. "La douceur naturelle du Roi et la prudence du Prince tempérèrent l'âpreté de la victoire.