Écorcher vif se disait d'un Supplice infligé à certains condamnés.
Prov. et fig., Il faut tondre les brebis, et non pas les écorcher. Voyez TONDRE.
Fam., Il crie comme si on l'écorchait, Il jette de grands cris. Cela se dit aussi d'une Personne qui se plaint beaucoup pour peu de chose.
Prov. et fig., Il ressemble aux anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche. Voyez ANGUILLE.
Fig. et fam., Écorcher l'anguille par la queue. Voyez ANGUILLE.
Il signifie aussi Déchirer, enlever une partie de la peau d'une personne, d'un animal, ou de l'écorce d'un arbre. Vous m'avez écorché la jambe. Je me suis écorché le bras. Je me suis écorché à la main. La selle a écorché ce cheval. Les charrettes en passant ont écorché cet arbre.
Fig. et fam., Écorcher une langue, La parler mal, en prononcer mal les mots. On dit de même Écorcher un mot, le nom de quelqu'un.
Il signifie, par analogie, Être rude au palais, à la gorge, en parlant d'un Aliment, d'une boisson. Le pain de son, le pain dur écorche le gosier. Ce vin est si âpre, qu'il écorche le palais.
Prov. et fig., Jamais beau parler n'écorcha la langue, Il est toujours bon de parler honnêtement.
Fig. et fam., Écorcher l'oreille, les oreilles, Faire sur l'ouïe une impression désagréable, en parlant des Sons rudes, aigres ou discordants. Un jargon barbare qui écorche les oreilles. Une voix, une musique qui écorche les oreilles.
En termes de Sculpture, il signifie Ôter du noyau d'une figure qu'on se propose de couler en plâtre, en bronze, etc., autant d'épaisseur qu'on veut en donner au plâtre, au bronze, etc.
Il signifie figurément et familièrement Exiger beaucoup plus de quelqu'un qu'il n'est équitable ou raisonnable pour des droits, des salaires, des vacations, pour des marchandises, des fournitures. Cet homme d'affaires écorchait ses clients. Ce marchand est raisonnable, il n'écorche pas ses pratiques. C'est un hôtel où l'on écorche les gens.
Il signifie encore figurément Tenir des propos malveillants à l'égard de quelqu'un. Écorcher son prochain.
Le participe passé ÉCORCHÉ, ÉE, se dit comme nom masculin, en termes de Peinture et de Sculpture, d'une Figure sans peau, dont on voit les muscles. L'écorché de Michel- Ange, de Houdon. Dessiner d'après l'écorché. Étudier l'écorché.
ÉCORCHER, v. act. [1re et dern. é fer.] Écorcher est proprement, dépouiller un animal de sa peau: Écorcher un cheval, un boeuf. = 2°. Emporter, déchirer une partie de la peau d'un animal, ou de l'écorce d'un arbre. "Je me suis écorché le bras (et non pas, j'ai écorché mon bras, comme le disent plusieurs en certaines Provinces). "La selle a écorché ce cheval: cette charette, en passant, a écorché cet arbre. = 3°. Par extension, on dit d'une boisson, qu'elle écorche le palais, la gorge; d'une voix aigre, d'une méchante musique, d'un parler rude et barbâre, qu'ils écorchent les oreilles. = 4°. Exiger plus qu'il ne faut; faire payer trop cher. "Hotellerie où l'on écorche les gens. = 5°. Écorcher une langue; la mal parler "Il écorche le français, le latin. — Au passif, il signifie, être dérivé: ce mot est écorché du latin. Cette manière de parler est tout au plus du style médiocre. L'Ab. Desfontaines, parlant des Règles de l'Éloquence, par M. Gibert, dit: "je n'aime pas les termes techniques, écorchés du grec: Il falait en substituer de plus intelligibles.
Le Proverbe dit: "Autant celui qui tient, que celui qui écorche; les complices doivent être punis comme les malfaiteurs. — Il n'y a rien de plus dificile à écorcher que la queûe; ce qu'il y a de plus dificile dans une afaire, est le point de la conclusion. — On dit aussi d'un homme qui se plaint sans grand sujet; qu'il crie, comme si on l'écorchait. Voy. ANGUILLE. — Il faut tondre les brebis, et non pas les écorcher: Les Princes ne doivent pas trop charger les peuples. — Bassement et populairement, écorcher le renard; vomir après avoir trop bû.