ÉPAULER
(é-pô-lé) v. a.1° Rompre, démettre l'épaule, en parlant des animaux. Épauler un sanglier.
2° Prêter l'épaule, assister, aider à. Je vous épaulerai de mon crédit.
C'est bien la moindre chose que nous devions faire que d'épauler de nos louanges le vengeur de nos intérêts [MOL., Impromptu, 3]
3° Terme de guerre. Épauler des troupes, les mettre à l'abri du feu de l'ennemi par un épaulement.
4° Épauler un fusil, l'appuyer contre l'épaule pour faire feu.
5° Terme de coutellerie. Faire baisser une partie et monter l'autre à l'aide de la lime et du marteau. Terme de menuisier. Diminuer la largeur d'un tenon pour qu'elle soit égale à celle de la mortaise.
6° S'épauler, v. réfl. En parlant des quadrupèdes, se blesser à l'épaule. Ce cheval s'est épaulé. Terme d'horticulture. Un arbre s'épaule, quand il périt d'un côté et porte sa séve du côté opposé.
7° S'épauler, se donner réciproquement de l'appui, du secours.
J'y consens, repartit-il : je vais à mon rendez-vous, et nous nous épaulerons s'il en est besoin [LESAGE, Gil Blas, v. 1]
8° Terme militaire. S'épauler, se couvrir d'un épaulement.
HISTORIQUE
- XIIIe s.
Nus ne puet avoir drap espaulé, c'est à savoir drap delquel la chayne ne fust ausi bone au milieu come aus lisieres [, Liv. des mét. 121]
- XIVe s.
Mais le cheval qu'il ot s'espaula, ce dist-on [, Guesclin. 17607]
- XVe s.
Long col ai, mal suy espaulez [j'ai mauvaises épaules] [EUST. DESCH., Poésies mss. dans LACURNE]
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ÉPAULER. - HIST. XIIIe s. Ajoutez :
Et s'il i a aucun qui cheval ait tués Qu'il n'ait sur quoi monter, ou cheval espaulés [, Brun de la Montaigne, V. 2614, éd. P. Meyer, Paris, 1875]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
épauler
ÉPAULER, v. act. [épolé: 1re et dern. é ferm. La 2de est douteûse devant la syll. masc. Nous épaulons, j'épaulais: devant l'e muet, elle est longue: il épaûle, épaûlera, etc.] 1°. Rompre ou démettre, disloquer l'épaûle, en parlant des bêtes à quatre pieds. "Il a épaulé ce cheval. "Ce cheval s'est épaulé. = 2°. Figurément, Assister, aider. "Il vous a épaulé: il fut épaulé par plusieurs persones. st. famil.
ÉPAULÉ, ÉE, "Cheval épaulé, bête épaulée. — Figurément, Style familier et satirique: bête épaulée, fille déshonorée. "On l'a trompé, on lui a doné en mariage une bête épaulée.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788