ABOMINATION
(a-bo-mi-na-sion) s. f.1° Aversion, répulsion. Avoir en abomination. Il est en abomination à tout le monde.
Ce sacrement qu'elles auraient en abomination [PASC., Prov. 16]
Vous laisserez votre nom en abomination à mes élus [ID., Proph. 33]
2° Chose abominable.
Il serait à souhaiter que ces abominations fussent ensevelies dans un éternel oubli [BOURD., Pens. t. III, p. 135]
Les désordres et les abominations de toute sa vie [MASS., Injust. du monde.]
L'abomination entre jusque dans le lieu saint [ID., Médis.]
Il a vu les abominations en honneur au milieu de son peuple [ID., Conv.]
Nos prières et nos vertus sont abomination devant Dieu [PASC., Rel. 46]
3° Dans les sermonnaires, abomination signifie particulièrement le culte des idoles, et même toute fausse religion.
Manassès qui avait introduit l'abomination dans le lieu saint [MASS., Mélange.]
Mahomet était déjà prêt de (prêt à) venir placer l'abomination dans le lieu saint [MASS., Franc.]
L'abomination était répandue sur toute la terre [PASC., Juifs, 20]
Les abominations où tu es tombé sous Achaz [BOSSUET, Hist. II, 10]
On voit l'abomination dans le temple [ID., ib. II, 4]
4° En style de l'Écriture, l'abomination de la désolation.
Vous verrez l'abomination de la désolation [BOSSUET, Hist. II, 9, c'est-à-dire les plus grandes profanations.]
HISTORIQUE
- XIIIe s.
La menthe conforte l'estomac et donne appetit de manger et oste abomination [dégoût] [DU CANGE, abominatio.]
- XIVe s.
De tout mensonge ou tout comme mensonge, il a horreur et abomination [ORESME, Eth. 134]
- XVe s.
Le seigneur de Cohan avait en abomination les pommes ; et pour ce le meirent en un grenier où il y en avoit à foison, pour le mettre à finance [JUVÉNAL DES URSINS, 1411]
- XVIe s.
Votre encens m'est abomination [CALV., Inst. 609]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. abhominatio ; espagn. abominacion ; ital. abbominazione ; de abominatio (voy. ABOMINABLE).
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
abomination
ABOMINATION, s. f. [Abomina-cion, en vers, ci-on, tout bref.] Détestation. Il se dit avec de et en. "Il est l'abomination des honnêtes gens; il est en abomination à tout le monde. — Au pluriel, il signifie non l'action de détester, d'abominer, comme on disait autrefois, mais la chose qui est détestable, abominable: il a donc le sens passif. "Il commet tous les jours mille abominations.
On dit être en abomination, avoir en abomination. Nous avons doné un ex. du 1er. en voici un du 2e.: "Le Seigneur a en abomination le sanguinaire, les impudiques, les impies, etc.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788