Il signifie figurément Celui qui est l'auteur, la cause de quelque chose. Il a été l'artisan de sa fortune, l'artisan de son malheur. C'est un artisan d'impostures, de calomnies.
Prov., À l'oeuvre, on connaît l'artisan, On connaît la valeur d'un homme à ce qu'il fait.
Artisan, ou Artiste, Artifex, Opifex.
ARTISAN, s. m. [Artizan, tout bref. La Fontaine écrit Artisant. Le t est contre l'usage.] Ouvrier dans un art méchanique. Homme de métier. Simple artisan, habile artisan, honête artisan.
Rem. 1° Artisan et ouvrier, mots qui sont bâs au propre; se disent au figuré des persones les plus illustres, et de Dieu même. Dieu est souvent apelé le divin Artisan, le merveilleux Ouvrier de cet univers.
2° Au propre, il se dit sans régime: au figuré, il régit la prép. de. On ne dit pas, artisan d'un soulier, d'un habit; mais on dit d'un homme habile, qu'il a été l'artisan de sa fortune, de sa gloire; et d'un méchant homme: artisan d'impostûres et de calomnies. "Souvent le Héros et le Sage sont les artisans de leur propre bonheur. Jér. Dél. "C'étoit un Plébéïen artificieux, grand artisan de discordes. Vertot.
Lâche, aux cabales vendus,
Artisans de fraudes obscures,
Habiles seulement à noircir les vertus.
Rouss.
Il ne doit se dire au figuré que de ce qui demande de l'art et des soins. On dit artisan de sa fortune; et Rousseau a pu dire, artisan de fraûdes: mais on ne dit pas artisan d'un vol, d'un assassinat; ni comme le dit M. le Mierre, les artisans du crime. L'Ab. Royou. Journ. de Monsieur.
3° Artisan ne doit se dire que des arts méchaniques. Pour les arts libéraux, pour la plupart du moins, on dit Artiste. On n'apèle de ce nom, ni les Poètes, ni les Chirurgiens. Voy. ARTISTE.
M. l'Ab Du Bos demande pardon aux Peintres et aux Poètes de ce qu'il les désigne souvent par le nom d' Artisans, dans le cours de ses Réflexions sur la Poésie et la Peintûre. Il ajoute que c'est uniquement, par la crainte de répéter trop souvent la même chôse, qu'il ne joint pas toujours, au nom d'artisan, le nom d'illustre, ou quelqu'autre épithète convenable. Je crois que ces épithètes ne dôreraient pas assez la pilule aux Artistes, et qu'ils ne s'en contenteraient pas. Le même Auteur dit dans un autre endroit, que: "L'Artisan du tableau doit choisir un sujet, etc. Ce mot est encôre plus mauvais avec ce régime: on ne dit pas plus l' artisan d'un tableau, que l'artisan d'un soulier. Voy. n°. 2°.
Boileau (Lettre IV) apèle illustres artisans les Peintres, Sculpteurs et Architectes célèbres du siècle de Louis XIV, les Poussin, les Le Brun, les Girardon, les Mansard. On dirait aujourd'hui, illustres Artistes.
M. Dandré-Bardon, Artiste lui-même, et Auteur par dessus le marché, distingue mieux artisan d' artiste. "La pratique, sans principes et sans génie, dégénère en pûre routine, et la routine ne constitue que l'artisan, que nous distinguons de l'artiste! D'après ce principe, les mauvais Peintres ne sont que des artisans.