CONDAMNABLE, adj. CONDAMNATION, s. f. CONDAMNER, v. a. [Kondâ-nable, et non pas condamenable: on ne prononce point l'm: Kondâna-cion, en vers ci-on, kondâné; 1re et 2e. lon. 3e dout. au 1er.] Condamnable, est ce qui mérite d'être condamné. Condamnation, jugement par lequel on condamne, ou, l'on est condamné. Condamner, c'est doner un jugement contre quelqu'un. "Action, maxime, opinion condamnable: Il est très-condamnable dans sa conduite. Prononcer condamnation: il n'atend que sa condamnation. — Condamner à mort, à la mort, aux galères, au bannissement, aux dépens, etc.
I. Condamnable, ne se dit que des persones et des chôses, qui ont un raport immédiat à la persone. On l'a vu par les exemples cités.
II. Passer condamnation, au propre, c'est consentir à ce que la partie adverse obtiène un jugement à son avantage; au figuré, c'est convenir qu'on a tort. Il se dit, ou avec la prép. sur: "Je passe condamnation sur ce point, mais je soutiendrai toujours l'aûtre; ou absolument et sans régime. "Donat n'osa plus se montrer au Concile après le premier jour: c'étoit passer condamnation et s'avouer calomniateur. Berault, Hist. de l'Égl. = Subir condamnation, c'est aquiescer à une sentence dont on pourrait apeler.
2°. Condamnation, avec le régime de la prép. de, ou les pronoms possessifs, se dit de celui qui est condamné, et non du Juge qui condamne: "Il a donc un sens passif, et non actif. — Le Gendre s'exprime mal quand il dit: "Socrate avoit peu de sujet de regretter un reste de vie; qui ne pouvoit être que fort malheureûse après la condamnation du Peuple Athénien. — Il devait dire, après le jugement si injuste du peuple, ou bien, après sa condamnation, si injustement prononcée par le Peuple.
III. Rem. 1°. Rollin écrit condanner avec 2 n: cette ortographe est contre l'étymologie, condemnare; contre l'usage et contre la prononciation; car la double n rend la syllabe qui précède brève, et l'a est long. — Richelet écrit aussi condannable, condannation, condanner. On peut lui apliquer la même remarque. = 2°. Condamner régit à devant l'infinitif. On le condamna à périr sur un échafaut. Il a été condamné au banissement, et à faire amende-honorable. — Ferrière lui fait régir de: "Il fut condamné d'être pendu. C'est un faux régime. = On lit aussi dans le Dict. Hist. Art. Diane de Poitiers, "Son père fut condamné d'avoir la tête tranchée. Malgré la cacophonie de, à avoir, il faut le dire ainsi, ou prendre un aûtre tour de phrâse. — L'Acad. ne met point d' exemple du régime des verbes: c'est un oubli. = Être condamné, régit par, ou de pour le régime de la persone. "Il a été condamné par le Présidial. "Il est condamné de tout le monde.
O Ciel! si notre amour est condamné de toi,
Je suis la plus coupable, épuise tout sur moi.
Remarquez que par vaut mieux dans le sens propre, et de, quand condamner a le sens de blâmer, désaprouver.
3°. Condamner se dit quelquefois des chôses: Condamner une porte, une fenêtre, la fermer de telle manière qu'on ne puisse plus l'ouvrir: en interdire l'usage. Il n'y a que le verbe, qui ait cette signification. On ne dit point, cette porte est condamnable, ni, prononcer la condamnation d'une fenêtre.