EXÉCRABLE
(è-gzé-kra-bl') adj.1° Qu'on doit exécrer, avoir en horreur.
Exécrable assassin d'un héros que j'adore [CORN., Cid, v, 6]
Un exécrable Juif, l'opprobre des humains [RAC., Esth. III, 1]
En horreur à ses fils, exécrable à sa mère [VOLT., Œd. I, 3]
2° Il se dit aussi des choses.
L'exécrable honneur de lui donner un maître [CORN., Cinna, I, 3]
D'un infâme trépas l'instrument exécrable [RAC., Esth. III, 4]
Va, j'ai bien mérité Cet exécrable prix de ma crédulité [VOLT., Fanat. IV, 6]
Depuis qu'un exécrable duel nous a ravi notre autre fils [BEAUMARCHAIS, Mère coupable, IV, 13]
3° Serment exécrable, serment accompagné d'imprécations.
Un serment exécrable à sa haine me lie [CORN., Cinna, III, 2]
Il [Pierre] se mit alors à faire des serments exécrables, et à dire en jurant : Je ne connais point cet homme dont vous me parlez [SACI, Bible, Évang. St Marc, XIV, 71]
4° Par exagération, très mauvais, pitoyable. Cela est d'un style et d'un goût exécrables.
SYNONYME
- 1. EXÉCRABLE, DÉTESTABLE., Ce qui est exécrable est digne de malédiction ; ce qui est détestable est digne d'être repoussé, mais sans l'idée de malédiction. Il y a donc quelque chose de plus fort dans exécrable que dans détestable. Un crime exécrable est plus, dans l'expression, qu'un crime détestable, et un vice exécrable plus qu'un vice détestable.
- 2. EXÉCRABLE, ABOMINABLE., La force de l'expression est la même ; la nuance est différente. On maudit ce qui est exécrable ; on se détourne avec abomination de ce qui est abominable.
HISTORIQUE
- XVIe s.
Le roi, qui s'en alloit execrable à son peuple, se rend inimitable aux devotions [D'AUB., Hist. II, 330]
ÉTYMOLOGIE
- Lat. exsecrabilis (voy. EXÉCRER).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- EXÉCRABLE. - HIST. XVIe s. Ajoutez :
Les anges, comme ainsi soit qu'ilz soient plus grans en force et en puissance, ne pevent porter l'execrable condemnation qui est contre eulx [, II Pierre, II, 11, Nouv. Test. éd. Lefebvre d'Étaples, Paris, 1525]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877