EXALTATION
(è-gzal-ta-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.1° Action d'élever, d'exhausser. La fête de l'exaltation de la sainte croix, fête qui se célèbre le 14 septembre, en mémoire de ce que Héraclius rapporta à Jérusalem du Calvaire la croix de Jésus-Christ, enlevée quatorze ans auparavant par Cosroès, roi de Perse.
2° L'avénement, l'intronisation d'un pape.
Les jours de son exaltation [du pape] furent les jours de votre gloire [PATRU, Éloge de M. Bellièvre.]
3° Terme d'ancienne chimie. La sublimation ou volatilisation d'un corps quelconque. L'exaltation des sels, des soufres.
4° Terme d'astrologie judiciaire. Une planète est dans son exaltation lorsqu'elle est dans le signe où les astrologues supposent le plus de vertu à ses influences.
5° Action de rendre plus éclatant, plus glorieux.
Si nous envisageons cet événement [la mort de Pascal le père] non pas comme l'effet du hasard..., mais comme une suite indispensable, inévitable, juste, sainte, utile au bien de l'Église et à l'exaltation du nom et de la grandeur de Dieu [PASC., Lett. à Périer, 17 oct. 1651]
Pardonnez à des aveugles qui servent, sans le savoir, à l'exaltation de mon nom [MASS., Myst. Pass.]
6° État de l'esprit haussé au delà de son état ordinaire. L'exaltation des esprits.
Il me fit d'abord connaître clairement l'avenir en exaltant mon âme ; je fis de si prodigieux efforts d'exaltation que j'en tombai malade [VOLT., l'H. aux 40 écus, Nouveaux systèmes.]
Il a la tête vive, de la grandeur d'âme, il est très susceptible d'exaltation [GENLIS, Mlle de la Fayette, p. 119, dans POUGENS]
La manière de vivre des Chartreux suppose, dans les hommes qui sont capables de la mener, ou un esprit extrêmement borné, ou la plus noble et la plus continuelle exaltation des sentiments religieux [Mme DE STAËL, Corinne, X, 1]
Exaltation politique, ardeur excessive dans les opinions ou les partis politiques. L'exaltation des hommes, des opinions pendant la révolution.
7° Terme de médecine. Symptôme qui consiste en ce que le malade a des idées plus vives qu'il ne conviendrait. Il avait de la fièvre, de l'exaltation. Augmentation démesurée de l'action d'un organe ou d'un système d'organes. L'exaltation des fonctions des reins.
HISTORIQUE
- XVe s.
Et semble monstrer que l'exaltation et haut regne des François est un heur grand et jocundité aux Bourguignons [G. CHAST., Expos. sur verité mal prise.]
- XVIe s.
En haine de son exaltation on abaissoit son extraction [D'AUB., Hist. II, 450]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. exallatio ; espagn. exaltacion ; ital. esaltazione ; du lat. exaltationem, de exaltare, exalter (voy. EXALTER).
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
exaltation
EXALTATION, s. f. EXALTER, v. act. [Ègzalta-cion, té; 1re è moy.] Exaltation ne se disait que du Pape; de la croix, de la foi. — Depuis quelque temps, comme les têtes sont fort exaltées, on parle beaucoup d'exaltation de tête. "Que reste-t-il de cette subversion totale des principes? Un égoïsme impardonable, et une exaltation de tête, qui en impose au coeur, et tue le sentiment. = Exalter, c'est proprement louer, vanter, élever par le discours. "Exalter un homme qu'on estime; exalter son mérite. * Dans le sens d'élever, c'est un anglicisme. "Par le même principe qui avoit fait exalter les Apôtres de la plus vile des professions. Prévôt. Hist. des Stuarts.
Rem. Mme. de Sévigné emploie, en badinant, exaltation, pour promotion. "Mon petit Colonel m'a écrit, et à son Oncle, pour vous doner part de son exaltation. = On le dit au figuré, du style; et il exprime le même défaut qu'exagération. "L'exaltation du style... et la pédanterie philosophique s'acordent mal avec la modeste simplicité de l'histoire. Ann. Lit. Dans le Mercûre, on dit exaltation, tout seul. "C'est encôre là de l'exaltation. = On dit aussi un esprit exalté, une imagination exaltée; mais on ne dit point un Orateur, un Poète exaltés, ni comme dit M. Linguet, des spéculateurs exaltés. Ce terme métaphorique, tiré de la chimie, ne se dit point des persones.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788