1° Qualité des personnes naïves.
Mais la naïveté Dont mêmes au berceau les enfants te confessent [MALH., I, 1]
Le financier riant de sa naïveté [LA FONT., Fabl. VIII, 2]
J'ai voulu vous parler à cœur ouvert, je l'ai fait, je suis contente ; il semble que vous aimez assez ma naïveté [SÉV., à Guitaut, 7 oct. 1679]
C'est [Mlle Corneille] la naïveté, l'enfance, la vérité, la vertu même [VOLT., Lett. Voisenon, 28 févr. 1763]
Ne voit-on pas des gens dont la naïveté et la candeur empêchent qu'on ne rende justice à leur esprit ? cependant la naïveté n'est que l'expression la plus simple et la plus naturelle d'une idée dont le fonds peut être fin et délicat [DUCLOS, Consid, mœurs, ch. 13]
La naïveté peut montrer des défauts, mais jamais des vices, et c'est pour cela qu'on dit une grossièreté naïve, et qu'on ne dit point une méchanceté naïve [D'ALEMB., Synon. Œuvres, t. III, p. 332, dans POUGENS]
L'ignorance où il était de la plupart des choses de la vie lui donnait cette naïveté qui est un agrément, quand elle n'est pas ridicule [ID., Éloges, Terrasson.]
2° Simplicité naturelle et gracieuse avec laquelle une chose est exprimée ou représentée. Il y a une grande naïveté dans la pose, dans l'expression de cette figure. Naïveté de pinceau.
La naïveté, à qui j'oserais donner la première place parmi toutes les perfections de style [VAUGEL., Rem. t. I, p. 162, dans POUGENS]
Tout poëme est brillant de sa propre beauté ; Le rondeau, né gaulois, a la naïveté [BOILEAU, Art p. II]
Une naïveté d'expression et de caractère tout à fait piquante [DIDER., Salon de 1765, Œuvr. t. XIII, p. 161, dans POUGENS.]
3° Simplicité trop grande ou défaut de retenue dans l'expression de sentiments qu'on aurait intérêt à cacher. Son orgueil est d'une naïveté risible.
Si l'ingénuité se caractérise par des traits qu'on aurait en soi-même intérêt à déguiser et qui nous donne quelque avantage sur celui auquel ils échappent, on la nomme naïveté ou ingénuité naïve [MARMONTEL, Éléments litt. Œuvres, t. VII, p. 372, dans POUGENS.]
Propos, expressions qui échappent par ignorance.
La même chose souvent est dans la bouche d'un homme d'esprit une naïveté ou un bon mot, et dans celle d'un sot, une sottise [LA BRUY., XII]
Elle [Mme Geoffrin] rit un moment de cet aveu, comme je riais quelquefois moi-même avec elle des naïvetés qui, de temps en temps, lui échappaient ; car elle avait jusqu'à ce mérite [D'ALEMB., Lett. à Condorcet sur Mme Geoffrin]