RÉSIGNATION
(ré-zi-gna-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.1° Terme de jurisprudence. Abandon en faveur de quelqu'un. Il a fait cession et résignation de tous ses droits à son frère.
2° Action de se démettre d'une charge, d'un office. En ce sens il a vieilli.
3° Terme de jurisprudence canonique. Démission d'un bénéfice dans les mains du collateur ou du pape.
Nous leur confirmons le pouvoir de faire leurs résignations de leurs dits offices par-devant les notaires [, Édit, juillet 1681]
4° Fig. Soumission à la volonté de Dieu.
Je vous recommande, ma chère enfant, un peu de repos, un peu de tranquillité, s'il est possible ; un peu de résignation aux ordres de la Providence [SÉV., 486]
On peut dire que l'obéissance d'Abraham, prêt à sacrifier son fils au Dieu qui le lui avait donné, est une allégorie de la résignation que l'homme doit aux ordres de l'être suprême [VOLT., Dictionn. philos. Abraham.]
Quel regard que celui du Christ ! quelle divine résignation ! [STAËL, Corinne, VIII, 4]
5° Fig. Soumission à son sort.
Je fais des vœux pour eux [mes bienfaiteurs], moi qui ne prie jamais Dieu, et qui me contente de la résignation [VOLT., Lett. Mme du Deffant, 12 mai 1772]
Gardez-vous bien d'attaquer le caractère d'Iphigénie [dans Racine] ; sa résignation est un enthousiasme de quelques heures [DIDER., Lett. à Mlle Voland, 6 nov. 1760]
La première loi de la résignation nous vient de la nature [J. J. ROUSS., Ém. II]
L'innocence inspire facilement la résignation [GENLIS, Veillées du château t. I, p. 366, dans POUGENS]
HISTORIQUE
- XIVe s.
Il le feist roy par resignacion en son vivant [ORESME, Thèse de MEUNIER.]
- XVIe s.
....Exhiber les procurations en vertu desquelles les resignations sont faictes [P. PITHOU, 52]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. resignatio ; espagn. resignacion ; ital. rassegnazione ; du lat. resignationem, de resignare (voy. RÉSIGNER).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
RÉSIGNATION. Ajoutez : 6° Résignation de soi-même, renoncement à soi-même.
La pure et entière résignation de soi-même, pour obtenir la liberté du cœur [CORN., Lexique, éd. Marty-Laveaux]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877