Il signifie aussi Qui peut se supporter. Ce genre de vie, ce procédé n'est pas soutenable.
SOUTENABLE, adj. SOUTENANT., s. m. SOUTèNEMENT, s. m. SOUTENEUR, s. m. SOUTENIR, v. act. [Sou-tenable, nan, tèneman, teneur, teni: 2e e muet, excepté au 3e, où il est moyen.] On écrivait anciènement soustenir etc., on a écrit ensuite soûtenir, etc., puis soutenir etc. sans accent. Soutenir, c'est 1°. Apuyer, suporter. "Colone, pièce de bois, qui soutient la charpente; arc-boutant qui soutient une murâille. = FIG. "Soutenir le fardeau, le faix des affaires, etc. "C'est lui, qui soutient la maison, la famille. = Fournir à: il ne peut pas soutenir cette dépense. "C'est lui, qui soutient toujours la conversation. = Se soutenir, en parlant des persones, se tenir ferme sur ses jambes. "Il ne peut se soutenir.
Je ne me soutiens plus. La force m'abandone.
Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi.
Et mes genoux tremblans se dérobent sous moi.
Phèdre.
— Se maintenir; ce bâtiment se soutient bien; cette persone se soutient à merveille. Être ferme: cette étofe se soutient: Ce damâs ne se soutient pas. = FIG. "Ce discours se soutient d'un bout à l'autre: il est égal par tout: cet orateur avait bien débuté; mais il ne s'est pas soutenu. = Persévérer. "Tous ceux de ma suite m'ont fait honeur jusqu'à présent; je crains toujours qu'ils ne se soutiennent pas. Cic. à Atticus. Mongault. — 2°. Assurer, afirmer. "Il soutient un mensonge, comme un aûtre soutiendrait une vérité. "Je le lui soutiendrai en face: il soutient qu'il ne l'a pas dit. = 3°. Défendre une opinion, une doctrine. "Soutenir une proposition, une caûse; un procês, etc. Soutenir son droit. = Soutenir des Thèses, répondre dans une dispute publique. — Et par extension, défendre une proposition qu'on a avancée par écrit ou de vive voix: "vous soutenez là une Thèse qui n'est pas soutenable. = 4°. Ne pas démentir: "Soutenir son rang, sa dignité, son caractère. — En st. familier. Soutenir noblesse. = 5°. Résister à, se défendre contre: "Soutenir le choc, etc. un siège, un assaut, la force du vent, etc. "Il y a des vins, qui ne peuvent soutenir la mer. "Il ne peut soutenir le moindre reproche; la raillerie, etc. "Un criminel ne peut soutenir la présence de son Juge, etc. = 6°. Favoriser, apuyer: "Il l'a soutenu dans cette affaire, contre ses énemis. Voy. PROTÉGER. = 7°. Sustenter; en parlant des alimens: "La bonne nourritûre soutient; done de la force. = 8°. Soutenu, partic. et adj. "Style soutenu, le style oratoire: discours soutenu, d'une égale force partout. "Caractères soutenus, dans une pièce de théâtre; qui gardent jusqu'au bout les mêmes moeurs.
SOUTENABLE, qui se peut soutenir (n°. 3°.) Opinion, proposition, caûse, qui est ou n'est pas soutenable. = Qui se peut endurer. "Ce genre de vie, ce procédé n'est pas soutenable. = Où des gens de guerre peuvent se défendre. "Ce poste n'est pas soutenable. = Il se dit ordinairement avec la négative. "Ni l'un ni l'aûtre de ces deux partis n' étoit soutenable. MAIMBOURG. = Soutenant ne se dit que de celui, qui soutient des Thèses. = Soutènement, action de soutenir. Il ne s'emploie point dans le discours ordinaire. On ne le dit qu'en termes de Maçonerie: "Mettre un pilier pour servir de soutènement à un mur, à un plancher; et en style de Pratique, des raisons que l'on done par écrit pour soutenir les articles d'un compte. = Souteneur, celui qui soutient, qui protège et favorise les mauvais lieux. — C'est un mot odieux.
Rem. L'usage plus fréquent de soutenir, en divers sens, ne date que de la fin du dernier siècle. "Ce n' est que depuis quelques années, dit l'Auteur des Réflexions, qu'on dit, soutenir sa réputation; soutenir la conversation, la voix; se soutenir dans sa conduite, dans un discours; un discours soutenu, etc. = Dans le sens d'afirmer, il régit ou que avec l'indicatif, ou l'infinitif sans préposition; il soutient que vous l'avez dit: il soutient l'avoir entendu. Le 1er régime s'emploie quand le verbe régi ne se raporte pas au nominatif de soutenir; le 2d, quand il s'y raporte. = Dans le sens d'apuyer, protéger, il a quelquefois trois régimes, l'acusatif et les prép. de et contre. "Octave consentit qu'Antoine fit mourir Cicéron, quoique ce grand Homme l'eut soutenu de son crédit contre Antoine même. Révol. Rom. — Le participe passif a aussi le régime de l'ablatif, (la prép. de) "Les Tribuns, soutenus de la populace en furie, etc. Ibid. "L'hérésie des Iconoclastes étoit alors soutenûe de toute la puissance des Empereurs. P. Grifet. = Ce verbe ne se dit que rârement dans le sens de suporter, endurer. On dit, d'un homme, d' un caractère ferme, qu'il soutient avec constance les revers et les malheurs: mais on ne dirait pas si bien, que le peuple soutient avec impatience le pouvoir d'un Conquérant; comme l'a dit Racine dans son Alexandre.
Tout ce peuple captif, qui tremble au nom d'un Maître.
Soutient mal un pouvoir, qui ne fait que de naître.
Il peut y avoir de l'équivoque dans ce vers: on peut croire que Racine par, soutient mal, a voulu dire, défend, apuye mal; ce qui n'est pas le sens qu'il avait en vûe. = Pluche dit, dans le sens de résister; se soutenir à, au lieu de dire, se soutenir contre. "Des creusets capables de se soutenir à l'action du feu. — C'est le régime de résister: il ne vaut rien avec se soutenir. = * Le Chev. de Follard dit soutenir contre, pour résister à: "Henri le Grand, à la bataille d'Ivri, entrelâssa ses gros escadrons de bataillons capables de soutenir contre tout effort de cavalerie. "Le moyen qu'une aile de cavalerie puisse soutenir contre une disposition semblable. Voy. RÉSISTER, Rem.