STÉRILITÉ
(sté-ri-li-té) s. f.1° Qualité de ce qui est stérile.
Les sept années de stérilité vinrent ensuite [SACI, Bible, Genèse, XLI, 54]
Dieu, cette année, ayant trompé l'espérance de nos moissons, a frappé la terre de stérilité [BOSSUET, Panég. saint Gorgon, 2]
La stérilité des terres rend les hommes industrieux, sobres, endurcis au travail, courageux, propres à la guerre [MONTESQ., Esp. XVIII, 4]
Au plur.À cette indigence générale et ordinaire de cette province se sont jointes, ces trois dernières années, des grêles et des stérilités qui ont achevé d'accabler les pauvres peuples [MASS., Lett. au cardin. de Fleury, citée par d'Alembert, Él. de Mass. note 9]
2° État ou qualité d'une plante qui ne porte pas de graines.
3° Impossibilité d'engendrer.
Le Seigneur se souvint aussi de Rachel ; il l'exauça et lui ôta sa stérilité [SACI, Bible, Genèse, XXX, 22]
Stérilité régnait en mariage Pendant cet an.... [LA FONT., Fér.]
Son opinion constante [du peuple juif], que la stérilité est un opprobre, l'a conservé [VOLT., Dict. phil. Juifs.]
La stérilité vient plus souvent des femmes que des hommes, lorsqu'il n'y a aucun défaut de conformation à l'extérieur [BUFF., Hist. nat hom. Œuv. t. IV, p. 266]
Fig.Mais l'espérance humaine est lasse d'être mère, Et, le sein tout meurtri d'avoir tant allaité, Elle fait son repos de sa stérilité [A. DE MUSS., Rolla.]
4° Fig. État de ce qui est improductif. Capitaux frappés de stérilité.
5° Fig. État de ce qui ne produit pas. La stérilité d'un siècle en grands hommes. Il y a stérilité de nouvelles, il y a peu ou point de nouvelles.
Il n'est pas croyable quelle stérilité il y a de nouvelles, encore qu'on en attende de divers côtés [PELLISSON, Lettr. hist. t. II, p. 57]
6° Il se dit du défaut de fécondité intellectuelle. La stérilité d'un auteur. On dit dans un sens analogue : La stérilité d'un sujet.
Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire, Et la stérilité de son expression Fait mourir à tout coup la conversation [MOL., Mis. II, 5]
La stérilité de mes lettres ne vous en dégoûte point [SÉV., 2 oct. 1675]
Écrivain froid [Gorgias], tendant au sublime par des efforts qui l'en éloignent, la magnificence de ses expressions ne sert bien souvent qu'à manifester la stérilité de ses idées [BARTHÉL., Anach. ch. 58]
Il y a dans cet ouvrage une grande stérilité de pensée, c'est un ouvrage où il y a peu ou point de pensées.
HISTORIQUE
- XIVe s.
L'an ensuivant fut un an de grant sterilité [BERCHEURE, f° 93]
- XVIe s.
Ne patir vice n'aucune sterilité de savoir liberal et hautain [RABEL., Pant. v, 20]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. esterelitat, sterilitat ; espagn. esterilidad ; ital. sterilità ; du lat. sterilitatem, de sterilis, stérile.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877