TRONÇON
(tron-son) s. m.1° Morceau coupé ou rompu de quelque objet plus long que large.
Le roi lui casse [au valet] sa canne sur le dos : de là, le tronçon à la main, il traversa une antichambre [SAINT-SIMON, 30, 97]
Plus loin, sur le devant, deux hommes poussant un tronçon de colonne, que quatre chevaux n'ébranleraient pas [DIDEROT, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 413, dans POUGENS]
Tant que le tronçon d'une épée.... [LAMART., Méd. I, 15]
2° Partie coupée de certains poissons, de certains reptiles. Un tronçon d'anguille, de brochet.
C'est [la fureur de Nonotte, jésuite] le serpent qui veut mordre encore, quand il a été coupé en tronçons [VOLT., Mél. litt. Lett. au pr. de***, 7, Théophile]
Sans pouvoir réunir ses tronçons mutilés Qui rampent et qui saignent [V. HUGO, Orientales, les Tronçons du serpent]
Fig.Faut-il donc que les jésuites aient encore le pouvoir de nuire, et qu'il reste du venin mortel dans les tronçons de cette vipère écrasée ? [VOLT., Lett. Leriche, 2 fév. 1767]
3° Terme de manége. Partie solide de la queue du cheval, vers la croupe.
4° Morceau de marbre ou de pierre dure, dont deux, trois ou quatre, posés de lit en joint, forment le fût d'une colonne. Colonne en tronçons.
HISTORIQUE
- XIe s.
Sa hanste est fraite [brisée], n'en ad que un truncun [, Ch. de Rol. CIV]
- XIIe s.
De son escu lui trancha un tronson [, Ronc. p. 88]
Tost en a fait ou deus tronchons ou trois [, ib. p. 138]
- XIIIe s.
Li rois Ricars tenoit en sa main un tronchon d'une lance, et meut au Barrois, et le cuida porter fors des archons [, Chr. de Rains, p. 40]
Por alechier et por amordre, Li donai d'anguile un tronçon [, Ren. 15859]
- XVe s.
Les deux glaives [lances] volerent en tronçons [FROISS., II, II, 80]
- XVIe s.
En France, vous en avez quelque transon [des hiéroglyphes] en la divise de M. l'Admiral [RAB., Garg. I, 9]
Faisons ung transon de bonne chiere, et beuvons, je vous en prye, enfans [ID., Pant. II, 30]
Faire ung tronczon de bonne chiere à la rusticque [ID., ib. V, 7]
Il rompit la hampe du javelot en deux, et s'en feit arracher les deux tronçons, l'un deça l'autre delà [AMYOT, Philop. 9]
Combien leurs classes [des colléges] seroient plus decemment jonchées de fleurs et de feuillées que de tronçons d'osier sanglants ! [MONT., I, 183]
ÉTYMOLOGIE
- Dérivé de tronc ; Berry, trançon, transon ; provenç. tronso, troncho, trenson ; espagn. troncon ; ital. truncone. à côté de tronçon on trouve trançon (voy. TRANCHER).
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
tronçon
TRONÇON, s. m. TRONÇONER, v. act. [Tron-son, soné: 1re lon. 3eé fer. au 2d.] Tronçon est un morceau coupé ou rompu d'une plus grande pièce. "Tronçon de pique, de lance, d'épée. — Tronçon d'anguille, de brochet, de Saumon, d'alôse. = Tronçoner, couper par tronçons: "Tronçoner une alôse, une anguille. "On ne voyoit que jambes coupées, que bras abatus, que membres tronçonés. MAIMBOURG
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788