TRUC1
(truk) s. m.1° Espèce de billard dont on fait usage dans quelques pays, et qui est ordinairement plus long que celui sur lequel on joue en France.
2° Anciennement, choc, coup, (signification conservée dans l'argot).
Vous voyant comme un autre Alcide Ne craindre feu, ni bois, ni fer.... Ni pic, ni truc, ni tac, ni choc [DASSOUCY, dans FR. MICHEL, Argot]
3° Fig. Telle ou telle manière d'agir.
La mort de ma pauvre femme m'a tué.... elle savait si bien appeler son monde quel truc elle avait ! quel truc ! quel truc ! [DESAUGIERS, le Dîner de Madelon, sc. 4]
Connaître le truc, avoir le truc, connaître le secret, être habile, rusé.
4° Populairement, manière de voler.
5° Secret, moyen caché pour exécuter un tour de passe-passe ou de physique amusante.
6° Terme de théâtre. Moyen, machine pour faire réussir une féerie. Les féeries sont des pièces à trucs.
Chaque incident d'une féerie se nomme truc ; il y en a de fort ingénieux et de vraiment étonnants ; un bon truc doit être imprévu, rapide, net, et ne pas montrer la ficelle [, Dict. de la convers. Suppl. au mot féerie]
7° La science des détails. On dit d'un écrivain qui file la scène avec difficulté, qu'il manque de truc.
HISTORIQUE
- XIVe s.
Franczois prenoint trop divers noms Pour faire paour aux Bretons ; Mais ils savoient plus de vieil trut Que vieille truye qui est en rut [, le Livre du Bon Jehan, 2828]
- XVIe s.
Nous fismes tant que nous lui apprisme le lansquenet et le truq [D'AUB., Faen. IV, 14]
J'y eus par l'eschine force trucs et bastonades [ID., ib. II, 16]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. et catal. truc, coup, choc ; espagn. portug. et ital. trucco ; du germanique, d'après Diez : allem. druck, drucken, presser, anglo-sax. thryccan, anc. scand. thryckia. Les sens figurés paraissent provenir du truc, jeu ; et le truc, jeu, provient de truc, coup, ce jeu étant une espèce de billard.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877