assouvir
(Mot repris de assouvîmes)assouvir
v.t. [ du lat. assopire, endormir ]assouvir
Participe passé: assouvi
Gérondif: assouvissant
Indicatif présent |
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j'assouvis |
tu assouvis |
il/elle assouvit |
nous assouvissons |
vous assouvissez |
ils/elles assouvissent |
ASSOUVIR
(a-sou-vir) , j'assouvis, j'assouvissais, j'assouvis, j'assouvirai, assouvissant v. a.REMARQUE
- On ne peut dire étancher sa faim, étancher emportant l'idée d'un liquide ; mais bien que assouvir se dise plus particulièrement de la faim et des choses solides, cependant, comme il signifie essentiellement rassasier, il peut se dire aussi des choses liquides ; voy. l'exemple de Bossuet.
HISTORIQUE
- XIIe s. Jamais mes ieuz [je] ne verrai aseuvis De regarder sa bele face tendre [, Couci, v]Il est venus à l'aire [place] où cele [la dame] est qui ses bons Est preste d'asevir [assouvir ses bons, faire sa volonté] [AUDEFR. LE BAST., Romancero, p. 34]
- XIIIe s. Les grands gelées et les grands iaues, par l'empeschement desquelles li talemelier [boulanger] de Paris ne puissent asouvir la ville de Paris [, Liv. des mét. 16]Du roi [ils] durent avoir lor vie ; Li rois ne l'a pas assouvie : Or guerroient sa nascion [RUTEB., 104][Tu] N'asouviras pas ton desir [, ib. II, 138]Quant le roy ot assouvie la forteresse du bourc de Jaffe [JOINV., 275]Et à l'aide de Dieu le livre est assouvi [achevé] en deux parties [ID., 191]
- XIVe s. Le beau soleil, pere de vie, Sa circonference assouvie En passant par un chascun signe [, Nat. à l'alch. err.]
- XVe s. Et se peut et doit-on esmerveiller où pourveances pouvoient estre prises pour assouvir un tel ost [FROISS., II, II, 211]Et tout payoient pauvres gens parmi le royaume de France, car les tailles y estoient si grandes pour assouvir ce voyage que les plus riches s'en doloient [ID., II, III, 36]Et on ne les pouvoit assouffir [ID., II, III, 99]Fors et appers, convoiteux de vouloir Tout assovir et plus que mon povoir [E. DESCH., Erreurs de la jeunesse.]Il delibera faire à Dieu sacrifice du corps qu'il lui avoit presté bel et puissant, assouvi [accompli] de taille, autant et plus que personne de sa contrée, excepté que perdu avoit un œil en un assaut [LOUIS XI, Nouv. XVI]Beaux compagnons, bien assouvis et adressés de tout ce qu'on doit louer en gentilhomme vertueux [ID., ib. LVIII]
- XVIe s. Cesar, Hector, de vaillance assouvis, Malgré la mort par bon regnom [renom] sont vifz [J. MAROT, V, 288]Je fuz nagueres amoureux De dame en beaulté assouvie [ID., V, 332]Une heureuse rencontre, qui puisse assouvir nos longs desirs [DES PÉRIERS, Contes, CXXVIII]
ÉTYMOLOGIE
- Picard, assoufi, assufi, qu'on trouve aussi dans l'ancien français. Diez le tire du gothique ga-sôthian, rassasier, par substitution du v au t, comme dans pouvoir du bas-latin potere ; mais, si cela était, on trouverait, dans l'ancien français, assoïr, comme on trouve pooir. Or, la persistance du v dans assouvir, et même la transformation en f montrent qu'il n'est pas assimilable au v de pouvoir. Littéralement, assouvir représenterait le latin assopire, si le sens le permettait. Remarquons les diverses significations de assouvir dans l'ancien français, rassasier, approvisionner, achever, accomplir, parfaire, et les deux formes assouvir et assufir ou assoufir. On peut croire qu'il y a eu confusion en un seul, de deux verbes, as-sopire, assoupir, d'où rassasier (satisfaire la faim, l'assoupir), et assuficere, suffire, satisfaire, achever, accomplir : cela rendrait compte de tout, sens et forme.
assouvir
Il se dit au figuré, en parlant de Certaines passions violentes. Assouvir sa vengeance, sa cruauté, sa rage. Il a un désir de gloire qu'il ne peut assouvir. Son ambition ne saurait être assouvie. Rien ne peut assouvir leur cupidité. Cette avarice ne pourra donc jamais s'assouvir?
assouvir
Assouvir, et contenter aucun, Explere aliquem, Satiare, Exatiare, Satis alicui facere, Aures alicuius implere.
Qu'on ne peut assouvir et contenter, Inexplebilis.
Qu'on ne peut assouvir de boire, Potu inexplebilis.
Assouvir son mal talent et haine, Odium explere.
Je seray assouvy, Animo morem gessero.
assouvir
ASSOUVIR, v. a. [A-sou-vi, tout bref.] Rassasier pleinement. "On ne peut assouvir cet enfant. Il régit quelquefois la prép. de: "On ne peut l'assouvir de pain, de viande: bête féroce, qui ne s'assouvit que de carnage.
ASSOUVIR est très-élégant au figuré. "Assouvir sa vengeance, sa cruauté, sa rage. Assouvir ses passions, ses apétits brutaux. Il se prend toujours en mauvaise part.
Assez et trop long-temps, implacables Achilles,
vos discordes civiles
De morts ont assouvi les Enfers étonnés.
Rouss.
Mais se dit-il de la soif? Je ne le crois pas.
Tous ses plaisirs n'entraînent que dégoûts,
Aucun d'eux n'assouvit la soif qui le dévore.
L. Rac.
La métaphôre ne me paraît pas juste. Étancher était le mot propre, mais il n'acomodait pas le Poète. Que ne disait-il: n'assouvit la faim. Celui-ci s'emploie au figuré comme l'autre. Je ne dissimulerai pas qu'on trouve dans Trév. assouvi de vin, de sang. J'ajoute qu'on ne doit pas être si sévère à l'égard des Poètes; mais je dis toujours que le verbe assouvir ne me paraît pas être bien allié avec soif. — L'Acad. ne le dit que du pain, des viandes, etc. — "Les esprits vifs... qu'une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s'assouvir de l'hiperbole. La Bruy. Et l'article et le singulier ne me paraissent pas convenables. Je crois qu'il faut dire s'assouvir d' hiperboles. "Cette fureur eut bientôt de nouvelles ocasions de se signaler sans s'assouvir.