nourrir
nourrir
v.t. [ lat. nutrire ]se nourrir
v.pr.nourrir
Participe passé: nourri
Gérondif: nourrissant
Indicatif présent |
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je nourris |
tu nourris |
il/elle nourrit |
nous nourrissons |
vous nourrissez |
ils/elles nourrissent |
NOURRIR
(nou-rir) v. a.PROVERBES
- Il n'y a point de petit métier, il n'y a si petit métier qui ne nourrisse son maître, c'est-à-dire le travail, quelque peu lucratif qu'il soit, donne de quoi vivre.
- Une besace bien promenée nourrit son maître.
SYNONYME
- NOURRIR, ALIMENTER. Nourrir, c'est proprement fournir l'aliment à l'enfant, au petit qui vient de naître. Alimenter est plus général ; il se dit de toute espèce de choses qui entretiennent la vie. Mais, quand nourrir passe à son sens plus général, il devient alors tout à fait synonyme d'alimenter ; seulement, alimenter en ce sens a toujours quelque chose de technique.
HISTORIQUE
- XIe s. Li mien baron, nurrit [je] vous ai long temps [, Ch. de Rol. CCXLV]
- XIIe s. Pese moi [je suis fâché] quant [je] fui onques en son ostel norris, Puisqu'estre me convient [il me faut] ses mortex enemis [son ennemi mortel] [, Sax. XXVI]Qui molt fu ses norriz [de ses familiers] [, Ronc. p. 9]
- XIIIe s. Car je ne fu pas norriz à Pontoise [QUESNES, Romancero, p. 83]Ai-ge paour que Diex me faille, Qui norrist les oiseaux aux chans ? [, Nouv. rec. de fabl. et contes anc. t. II, p. 452]Leans out un lion nourri d'ancesserie [depuis longtemps] [, Berte, II]Jà fu Berte ma fille en si bon lieu nourrie [élevée en si bonne famille] [, ib. LXXII][Symon et Constance] Qui l'ont [Berte] avec leur fille mout doucement nourrie [, ib. CIX]Car li rois de Hongrie fu en France nourris [, ib. v]
- XVe s. Or vous vueil je recorder par quel moyen la paix y a esté mise et nourrie [FROISS., II, III, 12]Ces haines couvertes estoient de longtemps nourries entre celles deux parties [ID., II, II, 52]Adonc amour et ses nourris [élèves] Auront de Dangier moins doubtance [CH. D'ORL., Ball. 25]Mais passent temps en esbas et en ris, Et s'en tournent gras, gros et bien nourris [AL. CHARTIER, le Débat des deux fortunes.]Dissimuler toutes ces desobeissances, affin de ne nourrir guerres à ses subjectz [COMM., II, 4]Le mariage du roy qui est aujourd'huy avec la fille aisnée du roy Edouard.... et la duché de Guyenne pour le nourrir [ID., IV, 8]Il fait mal nourrir autruy enfant ; Car il s'en va quand il est grand [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 309]
- XVIe s. Les malfaiteurs jadis avoyent de coustume de se vestir de noir, nourrir leurs barbes, et user d'autres signes de dueil pour fleschir leurs juges à misericorde [CALV., Instit. 997]... De ne nourrir leurs cheveux, mais de les raser en rond [ID., ib. 1182]Il fut nourri à Thebes en la maison de Pammenes [AMYOT, Pélop. 43]Sylla se partit du païs de l'Attique, qui estoit maigre, et qui en pleine paix ne l'eust sceu nourrir [ID., Sylla, 34]Il apparut un esprit à sa nourrice, lequel luy predit qu'elle nourrissoit un enfant qui seroit un jour cause d'un grand bien à tous les Romains [ID., Cicér. 2]Gargantua, depuis les troys jusques à cinq ans, feut nourry et institué en toute discipline convenante [RAB., I, 11]Nos souhaits interieurs pour la pluspart naissent et se nourrissent aux despens d'aultruy [MONT., I, 105]S'il estoit adonné d'une application trop indiscrete à l'estude des livres, je ne vouldrois qu'on la luy nourrist [ID., I, 181]Je nourrissois des imaginations hardies [ID., I, 195]Je veulz seulement faire luicter ensemble les traicts de cinq poëtes latins.... or debvra l'enfant bien nourry [instruit] trouver, au prix des aultres, les deux premiers traisnants [ID., II, 265]Un grain d'orge bien nourri [PARÉ, XXV, 21]La litharge doit estre nourrie avec deux onces d'huile [ID., XXV, 26]Il a été nourri en un tonneau, il n'a rien vu que par le bondon [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 204]Celui-là est bon pere qui nourrit [COTGRAVE, ]Qui veut avoir bon chien, il faut qu'il le nourrisse [ID., ]Tel le chien nourrit, qui puis mange la courroie de son soulier [ID., ]M. Cossains estoit vieux soldat et capitaine, gentilhomme nourry en Piedmont de M. de la Mothe Gondrin [BRANT., Cap. franc. t. IV, p. 284]Le capitaine Bequin, aussi sage et bon capitaine, qui fut blessé et mourut à la Rochelle, nourry laquais de M. de Nemours [ID., ib. p. 126]Nourri aux pieds de mon roi, desquels je faisois mon chevet en toutes les saisons de ses travaux [D'AUB., Hist. Préface]
ÉTYMOLOGIE
- Bourg. norri ; picard, norir ; wallon, noûri ; Hainaut, norir ; provenc. nurir, noirir ; cat. nudrir ; esp. nutrix ; ital. nutrire ; du lat. nutrire, nourrir. Selon la conjecture de Corssen (Nachtraege, p. 293), nutrire est le verbe dénominatif de nulrix, comme pistrire de pistor ; il explique nutrix par chute de l's initiale, comme étant snutrix, du radical sanscrit snu, couler, goutter : celle qui fait couler [le lait], la nourrice. Snu a déjà perdu son s dans le terme grec qui signifie nare, etc.
nourrir
Absolument, Le pain nourrit beaucoup. Certaines viandes nourrissent trop.
Cet enfant, cet animal se nourrit bien, se nourrit mal, Les aliments lui profitent bien, ne lui profitent pas.
Par analogie, Cet arbre n'a pas de quoi se nourrir, Il est planté dans une mauvaise terre où il ne trouve pas un suc convenable et suffisant.
Fig., Ce blé, ce grain est bien nourri, Il est bien plein, bien rempli.
Fig., Un style nourri, Un style riche, plein, abondant. Un ouvrage nourri de pensées, de réflexions, Un ouvrage où les pensées justes, les réflexions judicieuses abondent. On dit aussi Un écrivain nourri des bons auteurs, Un écrivain qui fait preuve d'une grande connaissance des bons auteurs.
En termes de Peinture, Une couleur nourrie, Une couleur bien empâtée. Un trait nourri, Un trait qui n'est pas trop fin.
En termes de Calligraphie, Cette lettre est bien nourrie, Les traits qui la forment ont beaucoup de corps. Elle n'est pas bien nourrie, Elle est plus déliée qu'il ne faut.
En termes de Musique, Nourrir les sons, Faire qu'ils soient pleins et les soutenir pendant leur durée.
En langage militaire, Feu nourri, fusillade nourrie, Fusillade violente.
NOURRIR signifie aussi Élever un nouveau- né on l'allaitant. Elle a nourri ses trois enfants. Absolument, Cette femme nourrit.
Il signifie encore Entretenir d'aliments. Je l'ai vêtu et nourri pendant dix ans. Les enfants sont obligés de nourrir leur père et leur mère dans le besoin. Je lui donne tant par an pour me loger et pour me nourrir. On est bien nourri, on est mal nourri dans cette pension, dans cet hôtel. Être logé et nourri. Les oiseaux de proie se nourrissent de chair. L'homme se nourrit de pain, de viande, de légumes, etc. Cet anachorète ne se nourrit que de racines sauvages.
Fig., N'être pas nourri, N'être pas suffisamment nourri, être mal nourri. Les enfants ne sont pas nourris dans cette pension, dans ce collège. Les domestiques ne sont pas nourris dans cette maison.
Par plaisanterie, Cet homme est bien nourri, Il a beaucoup d'embonpoint.
NOURRIR signifie au figuré Instruire, élever. Ce jeune homme a été nourri dans l'amour de la vertu, dans la haine du vice. Il a été nourri aux lettres latines.
Fig., Il nourrit un serpent dans son sein, Il élève, il protège, il assiste un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.
NOURRIR se dit aussi d'un Pays qui ordinairement en fournit un autre de vivres, d'une terre, d'un domaine qui donne au propriétaire de quoi le faire subsister, d'une profession qui procure de quoi vivre à celui qui l'exerce. La Sicile nourrissait Rome. Cette terre le nourrit, lui et toute sa famille. Ce métier ne nourrit pas son homme.
Il signifie quelquefois Produire, porter, renfermer. L'Afrique nourrit beaucoup d'animaux féroces. Cette terre nourrit une race d'hommes forts et courageux. Cette mer nourrit des poissons voraces et destructeurs. En ce sens, il vieillit.
NOURRIR signifie, au figuré, Donner un aliment. Nourrir son imagination de chimères. Se nourrir de la parole de Dieu. Il se nourrit d'idées tristes.
Il signifie aussi, figurément, Entretenir, faire subsister, faire durer. Nourrir l'espoir, le mécontentement, l'orgueil de quelqu'un. Nourrir dans son âme une passion malheureuse, un amour sans espérance, des souvenirs pleins de charmes. Nourrir en soi une illusion.
Nourrir un numéro à la loterie, Mettre sur le même numéro à chaque tirage, en augmentant toujours la mise.
NOURRIR se dit également de Certaines choses qui en entretiennent d'autres, qui les font profiter. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d'un arbre pour le nourrir. Le bois nourrit le feu.
Fig., Nourrir un dossier. Les services mutuels nourrissent l'amitié. L'étude, la lecture, la conversation des hommes éclairés nourrit l'esprit.
nourrir
Nourrir, act. pen. Nutrire, Adnutrire, Enutrire, Innutrire, Cibare, Educare, Educere, Alere, Exhibere, Tollere, Sustollere, Tolerare, Fouere, Nutricare.
Nourrir son enfant, Attollere partum.
Nourrir et entretenir, Alere.
Se nourrir à peine, Tolerare sese. B.
Nourrir petitement sans grand estat, Cultu humili aliquem educare.
Bailler et faire nourrir à chaque mere son faon, Submittere foetum matribus.
Nourrir et entretenir la malice d'aucun par dons, Malitiam praemiis exercere.
Qui nourrit, Altor, Educator.
Un homme qui se nourrit en procez, qui aime fort à plaider, Homo litium alumnus. B.
Qui est nourri, Altus, Nutritus.
Toute beste qu'on a nourri pour engraisser, Altilis.
Nourrir à rien faire, Alumnus otij. B.
Nourrir à la guerre, Alumnus belli. B.
Il est nourri à cela, Ita natus est, Ita educatus est. B.
Nourrir en practique, Bon praticien, Homo fori alumnus. B.
Nourri au labeur et travail, Alumnus laboris. B.
nourrir
NOURRIR, verb. act. NOURRISSANT, ANTE, adj. NOURRITûRE, s. f. [Nour-ri, r forte, ri-san, sante, nou-ritûre: 3e. lon. aux trois dern.] Nourrir, 1°. en parlant des chôses, servir d'aliment. "Quels sont les alimens les plus propres à nourrir l'homme? = V. n. "Le pain nourrit beaucoup. "Il y a des alimens qui nourrissent trop. = 2°. En parlant des plantes, leur fournir des sucs pour la végétation. "La bone terre nourrit les plante. = 3°. Se nourrir, prendre de la nourritûre. Il régit la prép. de: "L'homme se nourrit de pain, de viandes, de fruits, de légumes; ou il s'emploie sans régime: "Cet homme se nourrit bien; cet arbre n'a pas de quoi se nourrir. = 4°. Entretenir d'alimens. "Les enfans sont obligés de nourrir leurs pères et leurs mères dans le besoin. = 5°. En parlant des femmes, doner à teter à un enfant. "Elle a nourri tous ses enfans. = 6°. Figurément, élever, instruire. Il ne se dit pas seul et sans régime. "Il faut avoir soin de nourrir les enfans dans des sentimens de piété et d'honeur. = On disait aûtrefois, il a été bien nourri, mal nourri, pour, bien ou mal élevé. = 6°. En parlant des chôses, former, façoner l'esprit: "Les bones lectûres nourrissent l'esprit. "Se nourrir de la parole de Dieu; de la lectûre des bons livres.
NOURRI, IE, adj. Homme bien nourri, grôs et grâs. — Blé, grain bien nourri, bien rempli. — Style nourri, plein, riche, abondant. = Lettre bien nourrie, dont les traits sont bien formés; qui n'est pas bien nourrie, qui est plus déliée qu'il ne faut.
Rem. Nourrir s'emploie élégamment au figuré. "Il (d'Aguesseau) cherche par tout de quoi nourrir ce feu inconu (du génie) qui le dévore. Thomas. "Il nourrit ce peuple farouche dans l'esprit de tout entreprendre par la force. Boss. = Être nourri, au figuré, mène souvent à sa suite la prép. dans: "Il a été nourri dans la chicane. — Les Poètes substituent, quand cela les acomode, la prép. à.
Moi, nourri dans la guerre aux horreurs du carnage.
Athalie.
= Se nourrir s'emploie aussi au figuré: "Ils ne se nourrissent que d'idées tristes. Volt. "On ne s'étonne pas que s'étant nourri de Romans dans son enfance, il ait soutenu dans l'âge mûr tant de paradoxes et de systêmes romanesques. Ann. Litt. — Il se dit au propre aussi avec la prép. de: "Il ne se nourrissoit que d' herbes et de racines. Mais il ne se dit point sans régime. "La belle Niobé, dans une situation pareille à la vôtre, consentit enfin à se nourrir. Mde. Dacier, Iliade. Il falait, à mon avis, consentit à prendre de la nourritûre.
NOURRISSANT, qui nourrit beaucoup, qui sustente. "Cela n'est pas assez nourrissant. "Cette viande est fort nourrisante.
Nourrisant, Nutritif, Nourricier (syn.) Nourrissant se dit de ce qui nourrit beaucoup; il marque l'éfet: nutritif, qui a la faculté de nourrir; il marque la puissance, la vertu: Nourricier, qui opère la nutrition; il marque l'action. "Les mets nourrissans abondent en parties nutritives, dont l'estomac extrait une grande quantité de suc nourricier. Extr. des Syn. Fr. de Mr. l'Abé Roubaud.
NOURRITûRE, aliment; ce qui nourrit. "Bone, ou mauvaise nourritûre. "Prendre de la nourritûre. "Mourir faûte de nourritûre. — Figurément: "L'esprit a besoin de nourritûre.
Rem. Il s'est dit anciènement pour éducation. "Ce fut, dit Brantome, le Maréchal de Retz qui le pervertit (Charles IX) et lui fit oublier et laisser toute la belle nourriture que lui avoit donée le brave de Cipierre. — Richelet le met encôre en ce sens. "Il n'a point de nourritûre, d' éducation. Corneille, parlant d'Attale, qui avait été élevé à Rome, dit:
Si vous faites état de cette nourriture.
Donez ordre qu'il règne, elle vous en conjure.
Nicomède.
— Il ne s'est conservé que dans le Proverbe; nourritûre pâsse natûre: la bone éducation peut corriger un mauvais naturel. — Et en parlant d'un enfant mal élevé, on dit, en plaisanterie, à celui qui en a pris soin: vous avez fait là une belle nourritûre.
NOURRISSON. Voy. NOURRICE.
nourrir
nourrir (se)
nourrir
beköstigen, ernähren, hegen, nähren, verpflegen, fütternfeed, nourish, entertain, nurse, foster, nurturevoeden, opvoeden, voedzaam zijn, voeren, grootbrengenהאכיל (הפעיל), הזין (הפעיל), זן (פ'), כלכל (פיעל), הֵזִין, כִּלְכֵּל, הֶאֱכִיל, זָןalimentar, fomentar, mantenir, nodrirfodre, nærenutrialimentar, nutrir, dar de comerravita, syöttää tai ruokkianutrire, alimentare, cibare, pascere, sfamarealere, nutrirealimentar, nutrir, sustenarhrănikŕmiť, živiťτρέφω, ταΐζωيُطْعِمُkrmithraniti食物を与える음식(먹이)을 주다matenakarmićкормитьmataให้อาหารbeslemekcho ăn喂养 (nuʀiʀ)verbe transitif