éteindre
éteindre
v.t. [ lat. extinguere ]s'éteindre
v.pr.ÉTEINDRE
(é-tin-dr') , j'éteins, tu éteins, il éteint, nous éteignons, vous éteignez, ils éteignent ; j'éteignais, nous éteignions, vous éteigniez ; j'éteignis ; j'éteindrai ; j'éteindrais ; éteins, qu'il éteigne, éteignons ; que j'éteigne, que nous éteignions, que vous éteigniez ; que j'éteignisse ; éteignant ; éteint v. a.HISTORIQUE
- XIIe s. Ta digne miseration Esteigne le grant feu de t'ire [BENOÎT, II, 13497]Puis qu'en vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit alumé [, Couci, III]Ne de mon cuer [je] ne puis la flame estaindre [, ib. X]Esteigniez, fait lor il, ces cirges alumez [, Th. le mart. 52]
- XIIIe s. Ne por ce, se je veil estaindre La fole amor.... [, la Rose, 5776]Si comme se [sa] mesons art [brûle] et je l'estaing.... [BEAUMANOIR, XXIX, 12]Quant aucuns a son enfant mort, si comme par fu [feu], ou par yaue, ou parce qu'on l'estaint [étouffe] en dormant, ou par aucune autre malvese garde [ID., LXIX, 5]Quant la royne se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de feu, et sailli sus toute nue, et prit la touaille et la jeta en la mer, et prist les touailles et les estaint [éteignit] [JOINV., 286]
- XIVe s. La gent Fabie desconfite et extaincte [BERCHEURE, f° 50, verso.]Les queles choses se eles ne sont tantost ostées, eles estaindront [feront mourir] le pacient [H. DE MONDEVILLE, f° 100, verso.]
- XVe s. Il y ot aucuns mineurs la-dedans esteints qui oncques ne s'en partirent, car la mine renversa sur eux [FROISS., II, II, 36]On dit, et il est verité, que le grand desir que on a aux choses que elles aviennent, estaind le sens, et pour ce sont les vices maistres et les vertus violées et corrompues [ID., III, IV, 28]Et se estaignist le bruyt que nous avions ouy [COMM., II, 3]
- XVIe s. Trois cents personnes et davantage esteintes, donnerent le premier exemple aux uns pour tuer impunement, aux autres pour n'esperer point de misericorde [D'AUB., Hist. I, 130]Ce temple [de Janus] demoura fermé 43 ans, tant estoient toutes occasions de guerres et par tout esteintes et amorties [AMYOT, Numa, 32]Leur monnoye estoit de fer, lequel premierement avoit esté esteinct, venant du feu, avec du vinaigre [ID., Lysand. 32]Puis en icelle [lessive] on fera esteindre chaux vive [PARÉ, XXV, 32]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. estenher, esteinger, extenjer ; espagn. et port. extinguir ; ital. estinguere ; du lat. exstinguere, de ex, et stinguere, éteindre, presser sur, appuyer, comme le prouvent in-stinctus (voy. INSTINCT), et les rapprochements avec stigare (instigare), le terme grec signifiant un point, et l'allemand stechen, piquer. Ex-stinguere, c'est ôter en appuyant.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ÉTEINDRE. Ajoutez :
éteindre
Il signifie par extension Amortir, tempérer. Éteindre de la chaux. Éteindre l'ardeur de la fièvre. L'âge éteint le feu des passions. Une ardeur qui s'éteint. Il parvint à éteindre une guerre qui menaçait d'embraser toute l'Europe. Éteindre une rébellion, une sédition. La sédition va s'éteindre d'elle-même.
Éteindre le feu de l'ennemi, Faire cesser le tir de l'ennemi par un tir supérieur.
Il signifie, figurément, Faire oublier complètement, abolir. Rien ne semblait capable d'éteindre son ressentiment. On veut en éteindre la mémoire. On a dit de même, en termes de Chancellerie, Éteindre et abolir un crime.
Éteindre une rente, La faire cesser par le remboursement du principal. On dit de même Éteindre une dette.
En termes de Peinture, il signifie Adoucir, affaiblir. Éteindre les lumières trop fortes, les couleurs trop éclatantes dans un tableau. Des couleurs éteintes. On dit dans un sens analogue Éteindre son style.
Il prend quelquefois une acception analogue dans le langage ordinaire. La souffrance, la tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux, la vivacité de ses regards. Des regards éteints. Par extension, Un homme éteint. Un génie éteint.
S'ÉTEINDRE se dit, dans un sens particulier, d'une Personne qui s'affaiblit très sensiblement et qui touche à sa fin, ou d'une Personne qui meurt lentement et presque sans s'en apercevoir. Ce vieillard s'éteint. Elle s'éteignit doucement entre les bras de ses enfants.
Il se dit encore particulièrement des Maisons, des dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette maison, cette famille est près de s'éteindre. Cette pairie s'éteignit par la mort du dernier titulaire. Une famille éteinte.
éteindre
ÉTEINDRE, v. act. [E-tein-dre: 1reé fer. 2e lon. 3e e muet.] J' éteins, nous éteignons, j'éteignais, j'éteignis, j'ai éteint, j'éteindrai, j'éteindrais, éteins, que j'éteigne, j'éteignisse, éteignant, éteint, einte. = 1°. Au propre, Faire mourir, étoufer le feu. "Éteignez ce feu. Éteindre un embrâsement, un cierge, un flambeau. "Le feu s'éteint, il est éteint. = 2°. Au fig. on dit, éteindre les couleurs, les lumières d'un tableau, les afaiblir. — Eteindre la guerre, ou le feu de la guerre, la faire cesser. — Eteindre la soif, l'étancher. — "Les jeûnes éteignent le feu de la concupiscence. "Insensiblement on se laisse aller à une passion, qu'on n'aperçoit que quand il n'est presque plus temps de l'éteindre. Télémaque. = 3°. Faire perdre le souvenir. Abolir, éteindre la mémoire de... "Son ressentiment ne s'éteindra qu'avec sa vie. "Eteindre une race, l'exterminer. "Cette maison, cette famille s'éteint, est près de s'éteindre, est éteinte. Il ne reste plus de mâles. = 4°. Eteindre une rente, une pension, une dette, la racheter, la faire finir.
REM. Racine dit, dans les Frères Ènemis:
Ses jours infortunés ont éteint leur flambeau.
On dit: le flambeau de ses jours s'est éteint; mais on ne dit point, ses jours ont éteint (eux-mêmes) leur flambeau. Il était si aisé, dit Racine le fils, de mettre:
De ses malheureux jours s'est éteint le flambeau.
Qu'on voit bien que l'Auteur n'a pas mis la dernière main à ses ouvrages. — Ailleurs, il dit:
Et vous-même, cruelle, éteignez vos beaux yeux.
Expression qu'on traiterait de ridicule dans tout autre que Racine. On ne dit point d'une persone qui s'est tuée, qu'elle a éteint ses yeux.
ETEINT, EINTE; il ne se dit adjectivement qu'avec yeux et voix. "Il a les yeux éteints, sans feu et sans vivacité. "Elle a la voix éteinte; on a peine à l'entendre, tant sa voix est faible.
éteindre
éteindre (s')
éteindre
auslöschen, dämpfen, löschen, ausschalten, ausdrückenextinguish, put out, quench, turn off, switch off, die away, go out, put off, erase, snuff out, stub, subdueblussen, uitdoen, uitdoven, doven, uitblussen, uitmaken, afzetten, delgen [schuld], dof maken, tenietdoen, verminderen, verzwakken, uitschakelenהדמים (הפעיל), כיבה (פיעל), הִדְמִים, כִּבָּהblus, doodmaakapagar, extingirslukke, udslukkeestingiapagar, extinguirsammuttaa, kytkeä pois päältäslökkvaspegnere, spengere, estinguereslukke, slå avextinguir, apagar, desligarгасить, выключатьsläcka, stänga avσβήνωيَقْطَعُ التَّيَّارَvypnoutisključiti切る끄다wyłączyćปิดไฟ, ปิดสวิตช์kapatmaktắt关电源 (etɛ̃dʀ)verbe transitif
éteindre
[etɛ̃dʀ] vtN'oubliez pas d'éteindre la lumière en sortant → Don't forget to switch off the light when you leave.