étourdir
étourdir
v.t. [ du lat. turdus, grive ]s'étourdir
v.pr.étourdir
(etuʀdiʀ)verbe transitif
ÉTOURDIR
(é-tour-dir) v. a.HISTORIQUE
- XIIe s. Tant l'en donnerent [du vin], tot le font estordir [, Bat. d'Aleschans, v. 4552]
- XIIIe s. Li prestres a la noise oïe, Et si avoit les sainz [les cloches] oïz ; De son lit saut toz estordiz [, Ren. 3410][Il] Hausse l'espée, et puis fiert Honte, Tel cop qu'à poi qu'il ne l'afronte ; Honte en fu trestoute estourdie [, la Rose, 15703]
- XVe s. Espoir, confort des malheureux, Tu m'estourdis trop les oreilles De tes promesses nompareilles, Dont trompes les cueurs doloreux [CH. D'ORL., Chans. 14]Quant elle estoit estourdie de chanter, veiller et jeusner, elle se reposoit [, Lancelot du Lac, t. I, f° 28]Vrayement la teste m'estourdit De confesser ; c'est trop grant peine [, Rec. de farces, p. 152]
- XVIe s. Pensent ils qu'une apoplexie n'estourdisse aussi bien Socrates qu'un portefaix ? [MONT., II, 20]Il eut depesché cela en moins qu'une horloge aurait sonné dix heures ; car il ne faisoit qu'estourdir ses morceaux [DESPER., Contes, LXXV]
ÉTYMOLOGIE
- Norm. étaudi (Villedieu, étaui) ; provenç. stordit, étourdi, dans du Cange, au mot stordatus ; anc. espagn. estordir ; ital. stordire ; bas-lat. stordatus. Le latin classique fournit stolidus ; mais la forme ne convient pas ; l'allemand fournit stürzen, étonner, confondre ; mais la forme ne convient pas non plus. L'espagnol et le portugais ont aturdir, étourdir, qui indique un radical turd, que Covarruvias rattache à turdus, grive, prise ici pour un type de sottise, comme l'étourneau l'est lui-même ; de sorte que es-tourdir serait le même mot avec un autre préfixe. Diez approuve cette étymologie, qui paraît en effet tout à fait probable. Le bas-latin stordatus indique une conjugaison estourder, qui n'a pas laissé d'autre trace. D'un autre côté, on a mis en avant le kymri twrdd, bruit, tonnerre, qui serait acceptable, si, comme le remarque Diez, une étymologie latine ne devait pas, en qualité de plus prochaine, avoir la préférence. On a dit aussi estormir pour étourdir : XIVe s. Cui [il] ataint à plain cop, pour voir, le fait dormir ; Pierre de Mont-Raboy [il] a si fait estormir Que jus chiet [tombe] du cheval.... [, Girart de Ross. v. 1781]Ce doit être une confusion, si la leçon est bonne, avec estormir, combattre.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ÉTOURDIR. Ajoutez :
étourdir
Fam., Étourdir les oreilles, Importuner, fatiguer par trop de paroles. Vous m'étourdissez les oreilles. Il m'a étourdi les oreilles de ses réclamations, de ses plaintes. On dit aussi par ellipse Ces enfants nous étourdissent. Vous m'étourdissez de votre bavardage.
Il signifie par analogie Rendre presque ivre. Il suffit de deux ou trois verres de vin pour l'étourdir. Un tour de valse l'étourdit.
Il s'emploie figurément pour signifier Abasourdir, hébéter. Cette nouvelle, cette défaite, ce coup imprévu les a étourdis. Ils en sont tout étourdis.
Fig., Étourdir une douleur, en parlant d'une Douleur physique, L'endormir, empêcher qu'elle ne soit aussi sensible. Ce remède ne guérit pas, il ne fait qu'étourdir la douleur. En parlant d'une Souffrance morale, Faire que l'esprit en soit moins occupé, en soit distrait. Il va dans le monde pour étourdir sa douleur.
S'ÉTOURDIR signifie Se distraire de quelque chose, s'empêcher d'y penser. On dit dans le même sens Chercher à s'étourdir, Chercher à étourdir sa douleur, à dissiper son chagrin, son inquiétude, etc.
En termes de Cuisine, Étourdir la viande, Lui faire subir une légère cuisson.
étourdir
ÉTOURDIR, v. act. ÉTOURDISSANT, ANTE, adj. ÉTOURDISSEMENT, s. m. [E-tour-di, di-san, sante, diceman: 1re é fer. 4e lon. au 2d et 3e, e muet au dern.] Etourdir, c'est ébranler ou rompre la tête à force de faire du bruit. Etourdissant, qui étourdit. Etourdissement, éfet de l'action qui étourdit. "Il lui dona sur la tête un coup de bâton qui l'étourdit. "Le bruit du canon, des clôches étourdit (on sous-entend le régime). Il crie à pleine tête; il nous étourdit. "Vous m'étourdissez les oreilles. — "Bruit étourdissant, voix étourdissante. "Causer de l'étourdissement. "Il a de grands étourdissemens.
Rem. 1°. Etourdissant ne se dit qu' au propre; étourdir et étourdissement s'emploient aussi au figuré. "Cette nouvelle, ce coup imprévu les a fort étourdis, étonés, embarrassés. "Ils en sont tout étourdis. "Le Roi avoit besoin d' étourdir ses remords. Moreau. "Les méchans ne craignirent plus ses reproches, et ils achevèrent d'étourdir les remords que Noé avoit tâché de leur inspirer. — Etourdir la grôsse faim, l'apaiser. Etourdir la douleur, l'endormir, la calmer: ce qui se dit aussi de l'afliction. — "Peut-on s'aveugler soi-même jusqu'à cet excès, sans être frapé de l'esprit d'étourdissement. Boss. Dieu a répandu sur cet imposteur l'esprit d'étourdissement et de vertige. Patru. "Cette nouvelle causa un grand étourdissement dans cette famille. "Ils ne sont pas revenus de leur étourdissement. Acad. = S'étourdir sur est élégant pour signifier s'ôter le sentiment d'une chôse, et se tromper en quelque façon soi-même. "Les libertins s'étourdissent sur la crainte de la mort. "Cette femme tâche de s'étourdir sur tous les bruits qu'elle sait, qui courent d'elle. Bouh.
2°. Etourdir, est ordinairement suivi au propre de la prép. par et au figuré de la prép. de. "Vous nous étourdissez par vos cris redoublés. "Ces clameurs éternelles, dont on nous étourdit, sont donc destituées de tout fondement.