éventer
(Mot repris de éventasse)éventer
v.t. [ du lat. ventus, vent ]s'éventer
v.pr.éventer
(evɑ̃te)verbe transitif
ÉVENTER
(é-van-té) v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Gaudins est oissus [sorti] du tournois, Partonopex enmaine o soi, Pour ax [eux] esbatre et esvanter [DU CANGE, eventare.]Emmi le pré un tas avoit De fein qu'aüné [rassemblé] i avoit, Por esventer et por fener [, Ren. 22831]Li vens me vient, li vens m'esvente, Et trop sovent Plusors foïes sent le vent [RUTEB., 25]Il l'esventoit d'un cuevre chief, Et si lui soustenoit le chief, Quant elle se clinoit vers terre [, Bl. et Jehan, 1253]
- XIVe s. Se le vin sent l'esventé [, Ménagier, III, 3]
- XVe s. Qui ont ouy le fait compter Et l'yront partout esvanter [COQUILLART, Droits nouveaux.]
- XVIe s. Tant plus la drogue est precieuse, et moins se doit esventer [exposer à l'air] [MARG., Nouv. LIII]Ayant descouvert qu'il avoit esventé un secret important qu'il luy avoit fié [MONT., II, 36]Les passions s'alanguissent en s'esventant et en s'exprimant [ID., III, 145]J'esvente peu mes propositions [projets] [ID., IV, 94]Je ne fus pas si tost esventé [on ne sut pas plus tôt ma sortie], que voylà trois ou quatre cavalcades de divers lieux pour m'attraper [ID., IV, 228]Les ruses et subtilitez que l'on pourroit apprendre es livres, ne serviroient non plus que les mines esventées [AMYOT, Préf. IX, 35]Croesus commença à l'estimer homme de cervelle esventée, ou grossier et sans jugement [ID., Sol. 57]Il commanda à ceulx qui estoient soubz sa charge, qu'ilz s'en retournassent au païs sans esventer ny publier sa mort [ID., Cimon, 35]En quatre coups de nez, il [le chien] esvente une plaine, Et, guidé de son flair, à petits pas se traine Le front droit au gibier [RONS., 939]
ÉTYMOLOGIE
- É- pour es- préfixe, et vent ; provenç. esventar, eventar ; ital. sventare.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- ÉVENTER. Ajoutez :
éventer
Il signifie aussi Exposer à l'action de l'air, du vent. Éventer des étoffes. Il faut éventer un peu ce meuble.
Éventer le grain, Le remuer avec la pelle, pour lui donner de l'air et empêcher qu'il ne s'échauffe.
En termes de Marine, Éventer une voile, Disposer, brasser une voile de manière à mettre le vent dedans. Éventer la quille, Abattre un vaisseau en carène jusqu'à ce que sa quille paraisse hors de l'eau.
Il signifie encore Altérer, corrompre, gâter par le contact de l'air. Éventer une liqueur, une substance. Ce vin s'éventera, si on ne bouche la bouteille. Les parfums s'éventent aisément. La laine, la soie, le fil s'éventent facilement. Les racines sont sujettes à s'éventer quand elles ne sont pas couvertes de terre.
ÉVENTER signifie encore Déboucher, ouvrir de manière à laisser pénétrer l'air. C'est dans ce sens qu'on dit Éventer une mine, Découvrir le lieu où elle est pratiquée et en empêcher l'effet. Les assiégés éventèrent la mine.
Fig., Éventer la mine, éventer la mèche, Pénétrer un dessein secret et empêcher par là qu'il ne réussisse.
Fig., Éventer un secret, un complot, Le découvrir.
Il signifie figurément Rendre évaporé, d'esprit léger. Tête éventée. Absolument, comme nom, Un éventé, une éventée.
Il signifie aussi Deviner, sentir par le vent. Éventer la voie se dit d'un Chien de chasse qui rencontre une voie si fraîche qu'il la sent sans mettre le nez à terre. On dit aussi Ce cheval évente, Il a toujours le nez au vent.
eventer
Eventer, voyez Esventer.
éventer
ÉVENTER, v. a. ÉVENTOIR, s. masc. [Evanté, toar; 1re é fer. 2e lon.] Éventer, c'est 1°. Doner du vent en agitant l'air avec un éventail. "Il a un domestique, qui l' évente quand il dîne. "S'éventer pour se rafraîchir. = 2°. Exposer au vent, à l'air. "Il faut éventer ce meuble. = 3°. Doner de l'air. "Eventer une mine, et par-là la rendre inutile. = 4°. On dit, au figuré, éventer un dessein, un secret: et proverbialement, dans le même sens, éventer la mine, découvrir une afaire secrète et la faire échouer.
ÉVENTOIR, sorte d'éventail fait grossièrement, servant principalement aux cuisiniers pour allumer les charbons.