1° Se retirer en toute hâte, en prenant la fuite. S'enfuir au moment du danger. S'enfuir de prison.
C'est, me dit-il, notre grand et incomparable Molina, qui, par sa prudence inimitable, l'a estimée [une somme volée] à six ou sept ducats, pour lesquels il assure qu'il est permis de tuer, encore que celui qui les emporte s'enfuie [PASC., Prov. 7]
Si tôt qu'elle me voit, elle s'enfuit de moi [RACAN, Bergeries, II, 4, le Satyre]
Ceux qui me voyaient s'enfuyaient [SACI, Bible, psaume XXX, 12]
Et son âme en courroux s'enfuit dans les enfers [RAC., Théb. v, 3]
J'ai vu des citoyens s'enfuir avec horreur [VOLT., M. de Cés. II, 4]
Et quand la nuit revient en cet affreux château, De Saphire éplorée on revoit l'ombre errante ; Elle tient dans ses mains une tête sanglante, La presse sur son sein, et l'embrasse et s'enfuit [MASSON, Helv. v.]
Un maître fou qui, dit-on, Fit jadis mainte fredaine, Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine [BÉRANG., Juge de Char.]
Avec ellipse du pronom personnel. Comment l'avez-vous laissé enfuir ?
Par extension.Les rivages s'enfuyaient loin de nous [FÉN., Tél. III]
2° S'évanouir, disparaître. Le temps s'enfuit.
Pour toute récompense il n'obtient qu'un vain bruit, Qu'un triomphe frivole, un éclat qui s'enfuit [VOLT., Brutus, I, 4]
La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine ; Ma vie en longs soupirs s'enfuit à chaque haleine ; Ni larmes ni regrets ne peuvent l'arrêter [LAMART., Médit. II, 5]
Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ? Un soleil, un soleil, une heure et puis une heure ; Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit [ID., ib.]