JONC1
(jon ; le c ne se lie pas ; le jon odorant ; au pluriel, l's se lie : des jon-z odorants ; d'après Chifflet aussi, Gramm. p. 208, le c ne se prononce jamais, non pas même quand il est suivi d'une voyelle) s. m.1° Terme de botanique. Genre de plantes droites et flexibles qui sert de type à la famille des joncacées ; l'on y distingue : le jonc commun, ou jonc des champs, qui est le jonc aggloméré, juncus conglomeratus, L. ; le jonc maritime, différent du jonc marin, ajonc, et jonc épineux, qui est une légumineuse, ulex europoeanus, L. ; et le jonc des jardiniers, juncus glaucus, Ehr. Des paniers de jonc. Nattes de jonc. Une canne de jonc.
Et la faux à la main, parmi vos marécages, Allez couper vos joncs et presser vos laitages [BOILEAU, Épître IV]
2° Absolument. Canne de jonc. Acheter un jonc.
Familièrement. Être droit comme un jonc, avoir la taille bien droite.
Il [M. Bonnet] lui avait dit [à l'archevêque de Bourges] que j'étais droite comme un jonc [MAINTENON, Lett. à Mme de Caylus, 29 nov. 1717]
Par extension. Droit comme un jonc, sans se détourner.
Je m'en allai droit comme un jonc à un village qui était à deux grandes lieues hors de mon chemin [VOIT., Lett. 149]
3° Jonc se dit de quelques autres plantes qui ne sont pas de véritables joncs. Jonc fleuri, nom vulgaire du butome ombellé (butomacées). Jonc odorant, nom vulgaire de l'andropogon schénanthe (graminées) et de l'acore vrai (aroïdées). Petit jonc fleuri, la scheuchzérie palustre (joncacées). Jonc d'Espagne, le spartium joncé (légumineuses), dit aussi genêt d'Espagne.
Battin ou jonc d'Espagne, le cent pesant estimé x livres, [, Décl. du roi, nov. 1640, Tarif]
Jonc du Nil, le papyrus commun, ou le papyrus des anciens (cypéracées), dit absolument le papyrus. Grand jonc, le roseau. Le jonc des tonneliers, le scirpus lacustris ; le jonc à balais, le phragmites communis.
HISTORIQUE
- XIIe s.
Fors la vert herbe e le junc freis [BENOÎT, Chron. de Norm. dans RAYNOUARD, Lexique]
- XIIIe s.
La coe [queue] ot droite comme jons [, la Rose, 1673]
- XVe s.
Ces trois thoreaulx estoient liez parmi les cols de jons fors et tenans [, Lancelot du Lac, t. III, f° 94, dans LACURNE]
Il faut ploier contre force le jonc [il faut céder à la nécessité] [E. LESCH., Poésies mss. f° 18]
Le gentil chevalier Bouciquaut, qui plus droit que un jonc, sus le bon destrier.... [, Bouciq. I, 76]
Les commeres s'en viennent à l'oustel et se seent à l'entour d'un beau feu, si c'est en yver ; et si c'est en esté, elles se mettent sur le jonc [, Les 15 joyes du mariage, p. 125]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. junc, jonc ; espagn. junco ; ital. giunco ; du lat. juncus, qui fait penser à jungere, car c'est un lien.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
JONC2
(jon) s. m.Espèce de bague donc le cercle est égal partout. Un jonc d'argent. Un jonc de diamants.
Pour vous guérir, il conviendrait, du Ludre, Que le pasteur au doigt vous mit un jonc ; Vous avez l'air tendre, doux et lugubre : à la pigeonne il faudrait un pigeon [, Lettres de messire Roger de Rabutin, etc. Lettre de Benserade, du 15 sept. 1667, dans FR. MICHEL, argot.]
Un chambellan.... Enrichit mon amour De ce jonc qui scintille [BÉRANG., Bonne fille.]
ÉTYMOLOGIE
- On dit qu'en ce sens jonc vient de ce que dans certains lieux, même à Paris, on mettait un anneau de paille ou de jonc au doigt de ceux qu'on mariait par condamnation de l'officialité.
JONC3
(jon) s. m.Sorte de toile de Caen.
Basin ou petit jonc, chaîne, lin, trame, coton ; grenade ou jonc de travers ; jonc nommé basin, [, Tabl. annexé aux lettres pat. 16 févr. 1781, Caen]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
jonc
Jonc, m. monosyllab. Qu'on escrit aussi Junc, au plus pres de son origine, car il vient du Latin Iuncus, et signifie le mesme.
Jonc dequoy on fait les cabas, Butomus.
Jonc marin, Paliurus.
Jonc marisc, Mariscum, vel Mariscus.
Une sorte de jonc qui n'a aucun neud, Scirpus scirpi.
Une espece de jonc, duquel les racines sont fort odoriferantes, Cyperus.
Fait de jonc, Scirpeus, Iuncinus, Iunceus.
Lieu où croissent les joncs, Iuncetum.
Plein de joncs, Iuncosus.
Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606