REMONTRANCE
(re-mon-tran-s') s. f.1° Représentations que l'on fait à quelqu'un sur une action en particulier ou sur ses actions en général.
Vous savez bien que vous me permettez les disputes, et que vous ne me défendez que les remontrances [MOL., Festin, III, 1]
Les remontrances pleines d'aigreur et de murmure sont un commencement de sédition qui ne doit pas être souffert ; ainsi les Israélites murmuraient contre Moïse, et ne lui ont jamais fait une remontrance tranquille [BOSSUET, Polit. VI, II, 6]
J'ai beau vous arrêter, ma remontrance est vaine ; Allez, partez, mes vers, dernier fruit de ma veine [BOILEAU, Épître X]
Varron, malgré les remontrances de son collègue, engagea la bataille près du petit village de Cannes [ROLLIN, Traité des Ét. III, 1]
Le roi [Louis XI] fut extrêmement offensé des remontrances du duc d'Orléans [DUCLOS, Œuv. t. II, p. 218]
2° Avertissement qu'un père donne à son enfant, un supérieur à son inférieur, pour l'engager à se corriger.
M. le Tellier fut choisi [lors d'une rébellion] pour chercher ces difficiles tempéraments de menace qui étonne, et de remontrance qui corrige [FLÉCH., le Tellier.]
Ce sage vieillard, reconnaissant bientôt la désolation du jeune homme, changea ses graves remontrances en des paroles de tendresse pour adoucir son désespoir [FÉN., Tél. XVI]
Dans l'enfance, la contrainte, les remontrances et même les châtiments ne sont que de petits chagrins [BUFF., Natur. des anim.]
3° Au plur. Anciennement, discours adressés au roi par les parlements, dans lesquels ils protestaient contre un édit, une loi, etc.
Ces remontrances où, mêlant le respect que doit un sujet à son souverain avec cette confiance que doit avoir un magistrat qui porte la parole de la justice devant le roi du monde le plus juste.... [FLÉCH., Lamoignon.]
Les premières remontrances que fit jamais le parlement furent adressées à Louis XI, sur cette fameuse pragmatique promulguée par Charles VII, et par le clergé de France assemblé à Bourges [VOLT., Hist. parl. X]
Il [le parlement] en fit [des remontrances] pour la grille d'argent de Saint-Martin, que François Ier acheta des chanoines et dont il devait payer l'intérêt et le principal sur les domaines ; voilà la première remontrance pour affaire pécuniaire [ID., Dict. phil. Parlement de France.]
HISTORIQUE
- XVe s.
Et qu'il luy avoit fait plusieurs remonstrances pour le desmouvoir de l'amytié des Angloys [COMM., IV, 8]
- XVIe s.
Lucullus.... l'employoit [un soldat] à quelque exploict hazardeux, par toutes les plus belles remontrances de quoy il se pouvoit adviser [MONT., II, 5]
ÉTYMOLOGIE
- Remontrant ; picard, remontrance, ostensoir.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877
remontrance
REMONTRANCE, s. f. REMONTRER, v. act. [1re e muet, 2e lon.] Remontrer, c'est représenter, doner des avis salutaires. "Je lui ai bien remontré son devoir. = V. n. Il régit que et l'indicatif. "Un Général, prês de combatre, remontre à ses Troupes qu'il s'agit de l'honeur de l'Empire.
On dit, proverbialement, c'est Gros jean, qui remontre à son Curé, lorsqu'un ignorant veut doner des leçons à un habile homme.
REMONTRANCE, discours par lequel on remontre. Remontrance paternelle; três-humbles remontrances. Faire une sévère remontrance, de douces remontrances, ou des remontrances respectueûses, suivant les persones.
Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788