TYRANNIQUE
(ti-ra-nni-k') adj.1° Qui tient de la tyrannie, qui est injuste, violent.
La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique [PASC., Pens. VI, 8, édit. HAVET.]
Ah ! mon fils, que je hais ces rigueurs tyranniques ! [VOLT., Alz. I, 1]
Élisabeth fit une action de tyrannie.... en faisant assassiner par un bourreau la reine Marie Stuart ; mais, dans le reste de son gouvernement, elle ne fut pas tyrannique [ID., Dict. phil. Tyran]
2° Qui tyrannise.
Ne vous imposez point de loi si tyrannique [CORN., Cid, III, 3]
Ces discours sont faux et tyranniques : Je suis beau, donc on doit me craindre ; je suis fort, donc on doit m'aimer [PASC., Pens. VI, 10, édit. HAVET.]
Laissons les beaux esprits dans leurs disputes de mots, dans leur commerce de louanges qu'ils se vendent les uns aux autres à pareil prix, et dans leurs cabales tyranniques qui veulent usurper l'empire de la réputation et des lettres [BOSSUET, Sermons, Sur l'honneur, 1]
Elles se piquent de briller dans les conversations, de réduire tout à leur sens, et d'exercer un empire tyrannique sur les opinions [FLÉCH., Mme de Montaus.]
3° Fig. Qui exerce un pouvoir sur l'esprit des hommes, en parlant de choses.
Quel tyrannique effroi.... [CORN., Toison, I, 3]
Un orateur, voyant sa patrie en danger, Courut à la tribune ; et, d'un art tyrannique, Voulant forcer les cœurs dans une république, Il parla fortement sur le commun salut [LA FONT., Fabl. VIII, 4]
HISTORIQUE
- XIVe s.
Et tele chose est plus manifeste en ceste policie tyrannique, pour ce que elle est très malvese [ORESME, Éth. 246]
- XVIe s.
Quand le peuple gemit soubs le faix tyrannique [D'AUB., Tragiques, édit. LALANNE, p. 81]
ÉTYMOLOGIE
- Lat. tyrannicus, qui vient du grec, tyran.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877