Barbarisme, c'est aucunefois le contraire de Civilité, Barbarismus.
BARBARISME, s. m. [On prononce l's: dern. e muet: tout bref.] Il ne se dit qu'en Gramaire, et n'a trait qu'au langage, et point du tout aux moeurs. Le barbarisme est de se servir de quelque mot impropre, ou de quelque phrâse étrangère et, qui n'est pas naturelle à la langue, ou d'oublier des particules, des pronoms ou des prépositions dans les endroits où elles sont nécessaires. Vaug. — On peut commettre un barbarisme, ou en une seule parole, comme pache, pour pacte: ce barbarisme est aisé à éviter; ou en une phrâse entière: il est plus facile d'y tomber; car tous les mots qui compôsent cette phrâse étant français, on ne s'aperçoit point de la faûte. Id.
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme.
Boil.
Rem. 1°. Il me semble que Vaugelas ne distingue point assez le barbarisme du solécisme. Celui-là consiste dans des mots ou des expressions, composées de plusieurs mots, inconnus et inusités dans la langue: celui-ci, à construire, contre les règles de la Gramaire, les mots conus et usités. La fureur du néologisme a produit beaucoup de barbarismes. L'ignorance de la langue produit beaucoup de solécismes. La gêne de la rime et la contrainte de la mesure en a beaucoup ocasioné aux Poètes.
2°. L'Ab. Prevot, traduisant, trop litéralement, M. Hume dit, en parlant de Shakespear, trop servilement imité par les Anglais: "Delà vient que la Nation a soufert de ses voisins le reproche de barbarisme. Hist. des Stuarts. — Barbarie était là~ le mot propre; car il n'est pas question de l' impropriété des mots dans les reproches qu'on fait aux Anglais, mais de la barbâre conduite des pièces, de l'incohérence dans les moeurs et les caractères des persones, du mélange des boufoneries avec les évènemens les plus tragiques, etc. etc.