1° Action de feindre, de cacher sous une fausse apparence.
Agissez avec feinte, Sire, et ne lui montrez que respect et que crainte [CORN., Pomp. IV, 1]
Mais de ton faux amour les feintes concertées, Les noires trahisons, les ai-je méritées ? [TH. CORN., Ariane, III, 4]
Quelle est donc sa pensée ? et que cache un discours Commencé tant de fois, interrompu toujours ? Veulent-ils m'éblouir par une feinte vaine ? [RAC., Phèdre, V, 4]
Vous m'avez commandé de vous parler sans feinte [ID., Athal. II, 5]
Il a toujours pris cela pour une feinte d'une personne qui voudrait se divertir [FONTEN., les Mondes, 6e soir.]
Ce que Joseph disait par pure feinte à ses frères [MASS., Carême, Parole.]
À présent dites-moi, reprit l'adroit jésuite, si c'est feinte ou mensonge ce que vous m'avez dit, qu'un curé de campagne a été votre maître [MARMONTEL, Mém. I]
Avoir une feinte, feindre quelque chose.
Quoique je le sache [le chevalier de Lorenzy] très lié avec des gens qui ne m'aiment pas, mais qui feignent de m'aimer avec les gens qui m'aiment, et qui ne manqueront pas d'avoir cette feinte avec lui [J. J. ROUSS., Œuvres, édit. DUPONT, 1824, t. XIX, p. 381]
Terme de rhétorique. Figure qui consiste à feindre de passer sous silence une chose qu'on ne laisse pas d'exprimer. On dit plus souvent prétérition, prétermission, paralepse.
2° Par extension, art du poëte, invention.
La feinte est un pays plein de terres désertes, Tous les jours nos auteurs y font des découvertes [LA FONT., Fabl. III, 1]
Le conte fait passer le précepte avec lui ; En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire [ID., ib. VI, 1]
3° Terme d'escrime. Jeu couvert et trompeur, par lequel on frappe l'ennemi dans un endroit différent de celui où on le menace.
Zadig fait une feinte, passe sur Otane, le fait tomber [VOLT., Zadig, 19]
Se dit aussi au jeu.
Un des noms vulgaires de la clupea finta, qui ressemble à l'alose.