abreuver
(Mot repris de abreuvais)abreuver
v.t. [ lat. pop. abbiberare, du class. bibere, boire ]s'abreuver
v.pr.abreuver
(abʀœve)verbe transitif
abreuver
Participe passé: abreuvé
Gérondif: abreuvant
Indicatif présent |
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j'abreuve |
tu abreuves |
il/elle abreuve |
nous abreuvons |
vous abreuvez |
ils/elles abreuvent |
ABREUVER
(a-breu-vé) v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Chascuns des vins se fit plus digne Par sa bonté, par sa puissance, D'abevrer bien le roi de France [, Bat. des vins, Fabl. de Barb. 2e éd. t. II, p. 154]Li prudomme cui estoit cele fontaine, la fit aler por tout son champ pour lou abeuvrer [, L. de just. 27]Qu'il ne l'abeivre [la bête achetée] ne face abevrer la matinée, et après rendre la, se elle ne lui siet [, Ass. de Jér. I, 213]En un lit tout seul [elle] les coucoit [couchait les deux enfants], Andeux [tous deux] paissoit et abevroit [, Fl. et Bl. 195]Et pour bien faire en ceste poine, Au souverain bien [la sagesse] la [l'âme] ramoine, Dont jonesse la dessevroit, Qui de vanités l'abevroit [, la Rose, 4558]Et qu'il devra estre abevrés, Dès ains neïs qu'il soit sevrés.... [, ib. 10665]Tous les en aboivre à ses mains, Mès les uns plus, les autres mains [moins] [, ib. 6849]Je euz fain, vous me saoulastes, Et si euz soif, vous m'abruvastes [J. DE MEUNG, Tr. 1418]
- XIVe s. Et si n'ara chascuns, tant qu'il porra durer, Qu'un soel pain de fourment tous les jours à disner, Et un lot d'iawe aussi pour son corpz abuvrer [, Baud. de Seb. IX, 568]
- XVe s. Le duc de Bretagne suivit l'opinion du roi de France moult legerement, car il estoit, du temps passé, si abeuvré de l'information de son cousin le duc de Flandre, pour la rebellion de l'Eglise, que son cœur ne s'inclina onques à croire Clement pape [FROISS., III, IV, 36]
- XVIe s. Puis en passant au milieu de la plaine, De grans ruisseaux de sang s'abrevera [MAROT, IV, 322]Quand les plis de leurs hoquetons furent abbreuvés d'eau, ils les chargerent encore plus [AMYOT, Timol. 38]Les Romains sortiz pour aller au fourrage ou pour abbreuver leurs chevaulx [ID., Ant. 50]Chascun en ayant esté abbruvé cent fois [d'un récit] [MONT., I, 35]Les premiers discours, de quoi on lui doibt abruver l'entendement.... [MONT., I, 172]Toutes leurs idoles s'abruvent de sang humain [ID., I, 229]Son esponge estoit abruvée de diverses peintures [ID., I, 254]La sotte imagination dont leur maistre des sentences les a abbruvez leur a perverti l'entendement [CALV., Inst. 1128]Quand on viendroit abreuver la mule sus laquelle montoit sa femme... [DES PÉRIERS, Cont. 92]Encor que tout fust conduit secretement au possible, si est-ce que chacun en fut abreuvé [informé] [YVER, 562]Fol est qui se met en enqueste ; car le plus souvent qui mieux abreuve [ses témoins], mieux preuve [LOYSEL, 770]
ÉTYMOLOGIE
- Wall. abuvrer, abovrer ; picard, abruvrer ; provenç. abeurar ; espagn. abrevar ; ital. abbeverare ; bas-lat. abeverare, abebrare ; de ad, indiquant la direction de l'action, et bibere, boire (voy. BOIRE). L'ancien français est abeuvrer, sauf de rares exceptions, plus près de l'étymologie ; c'est au XVIe s. que l'r s'est déplacée définitivement et qu'on a dit abreuver.
abreuver
Il se dit aussi en parlant des Personnes, et ordinairement par plaisanterie. Vous nous avez bien abreuvés. J'ai abreuvé toute la troupe. Il s'abreuve d'excellent vin.
Fig., La pluie a bien abreuvé les terres, Elle les a bien pénétrées, bien humectées. On dit aussi Ces prairies, ces plantes ont besoin d'être abreuvées, Il faut qu'on les arrose.
Fig., Abreuver quelqu'un de chagrins, de dégoûts. Abreuver de douleurs, d'ennuis, d'humiliations, d'amertume. S'abreuver de larmes. S'abreuver de fiel. Un homme abreuvé de fiel et de haine.
Abreuver des tonneaux, des cuves, Les remplir d'eau pour en faire gonfler le bois afin qu'ils ne coulent point.
En termes d'Arts, il signifie Mettre sur un fond poreux une couche d'huile, d'encollage, de couleur ou de vernis, pour en boucher les pores et en rendre la surface unie.
abreuver
ABREUVER, v. a. [A-breu-vé; 3e. é fer. eu n'est qu'une syllabe; tout bref: on écrivait autrefois abbreuver, avec deux b.] Dans le sens de faire boire, on ne le dit que des bêtes. — Il se dit plus ordinairement de l'effet de la pluie, quand elle pénètre la terre.
* Rem. La Touche prétend qu'on écrit et qu'on prononce abruver: il se trompe. Il se plaint que l'Académie ne distingue point l'usage de ce mot au figuré; & cite pour exemple cette phrase: tout le monde est abreuvé, ou, comme il écrit, abruvé de cette nouvelle; mais il remarque avec raison, que cela n'est que du style familier. Dans la dern. Édit. de son Dictionaire, l'Académie a inséré cette phrase. — Abreuver est même actif en ce sens et avec ce régime: on dit abreuver une persone d'une nouvelle, d'une opinion.
S'ABREUVER est beau au figuré: "Elle ne se repaît que de ses maux; elle ne s'abreuve que de ses larmes. Jer. Dél. — * Rouss. substîtuë dans à de, mal-à-propos, à ce que je crois.
Abreuvez-vous dans le sang de vos frères.
C'est le régime de se baigner. On dit, s'abreuver de, et se baigner dans.
abreuver
bedelven, begieten, besproeien, bevloeien, bevochtigen, drenken, gieten, irrigeren, overstelpen, sproeien, verpletteren, wateren, vochtigmaken, vochtig maken, water gevenabreuver
הגמיא (הפעיל), הושקה (הופעל), המטיר (הפעיל), הרווה (פעיל), השקה (הפעיל)abreuver
begietabreuver
regarabreuver
akvumi, irigacii, malseketigi, superŝuti, trinkigiabreuver
öntözabreuver
veita vatni á, vökvaabreuver
abbeverare, annaffiare, bagnare, innaffiareabreuver
cobrir com abundáncia, dar de beber, irrigar, molhar, sobrecarregarabreuver
[abʀœve] vts'abreuver de lectures → to be a voracious reader
s'abreuver de télévision → to watch a lot of TV
Elle s'abreuve de littérature américaine → She's a voracious reader of American literature.
Nous nous abreuvions de feuilletons américains → We watch a lot of American soaps.