assener
(Mot repris de assenèrent)assener
Participe passé: assené
Gérondif: assenant
Indicatif présent |
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j'assène |
tu assènes |
il/elle assène |
nous assenons |
vous assenez |
ils/elles assènent |
ASSENER
(a-sse-né. La syllabe se prend un accent grave devant une syllabe muette : j'assène, j'assènerai) v. a.HISTORIQUE
- XIIe s. Ses chevaus [son cheval] fut en vint lieus assenez [atteint] [, Ronc. p. 96]Sur la jointe du bras où il l'a assené [blessé, frappé] [, ib. 195]
- XIIIe s. Et quant chascuns s'ot à sa terre assené, la convoitise del monde, qui tant a maufait, nes [ne les] lessa mie en pais [VILLEH., CXXVI]Devant en la poitrine bien [il] le sut assener [le coup] [, Berte, III]Se [je] vouloie conter Toutes lur aventures, [je] n'i pourroie assener [, ib.]Que à leur amour [je] puisse droite voie asener [, ib. XLIII]D'un maillet qui là pent, [elle] a sus l'huis assené [, ib. XLV]Se croire me voulez, bien serez assenée [dirigée] [, ib. XLVI]Cui ge porré bien asener, N'aura talent de regiber [, Ren. 7587]S'ore estoient tuit li set art En ces livres que vous avez, Bien vos auroit Dex asenez ; Escoles porriez tenir [, ib. 21136]Et se tu te pues tant pener Qu'au veoir puisses assener [que tu puisses parvenir à voir] [, la Rose, 2350]Et se li fié [fief] de qui l'on viaut prover la saisine de lui ou de son ancestre, est assené en besanz [, Ass. de Jér. I, 217]Le [la] cors [cour] doit regarder et assener jor convenable [BEAUMANOIR, XXXIV, 44]
- XIVe s. En toutes choses c'est fort de prendre le moien et de assener au moien [ORESME, Eth. 54]Tellement l'assena que la teste lui fent [, Guesclin. 15050]Qui prent premierement premier est assené [, ib. 20648]
- XVe s. Cil arbalestrier entoise et trait un carreau et assenne le portier de droite visée en la teste [FROISS., II, II, 47]
- XVIe s. Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un assener, pour frapper où on visoit, et proprement d'un coup de main : .... et mil'autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence [DU BELL., I, 29, recto]Il receut un coup d'esteuf qui s'assena un peu au-dessus de l'aureille [MONT., I, 74]Cet ancien qui, ruant la pierre à un chien, en assena et tua sa marastre [ID., I, 255]D'un grand coup d'espée, il en assene l'un par la teste et le rue mort par terre [ID., I, 255]On assene peu surement le coup que l'air vous conduict [ID., I, 362]Darius craignant de frapper de peur d'assener Gobrias [ID., I, 312]C'est un corps vain qui n'a pas par où estre saisi et assené [ID., II, 314]Cet empereur assenoit ses dons plus heureusement qu'ils ne font [ID., IV, 10]Il y eut un coup de javelot qui l'assena, mais ce fut du travers, non pas de la poincte [AMYOT, P. Aem. 32]
ÉTYMOLOGIE
- Ce mot n'est que la forme ancienne et vulgaire de assigner (voy. ce mot).
assener
assener
Assener, actiu. acut. Ferire, Attingere. Le Roy cuidant ferir le cerf, assena un veneur de son espieu et l'abbatit roide mort, Attigit, et necatum prostrauit. Les Notaires anciennement és clauses d'Eviction et contrevention en usoient en cette sorte. Et pour garentie a obligé sa maison par defaut de enteriner ce qu'il a promis, pour icelle prendre et à ce assener, vendre et despendre, Addicere, Subdere.
assener
ASSENER, v. a. [Acené; 2e e muet, 3e é fer.] Porter un coup rude et violent. Acad. Porter un coup justement où l'on a dessein de fraper. Trév. Le Rich. Port. réunit les deux sens: Porter un coup avec force: fraper justement où l'on vise. Le 2d sens est peu usité. — Il régit ou le datif de la persone, et l'acusatif de la chôse: il lui assena un coup de massûe; ou l'acusatif de la persone, l'ablatif (la prép. de) de la chôse: "Il l'a assené d' un coup de pierre entre les deux yeux. Acad. Ce dern. régime est moins usité que le 1er: il est relatif au 2d sens d'assener, que l'Acad. ne met pourtant pas.
Rem. 1°. Ce mot qui s'était perdu, s'est renouvelé, dit Ménage, et l'on s'en sert fort bien aujourd'hui. L'Acad. est du même sentiment. Dans le Dict. de Trév. on dit qu'il est vieux, et qu'il ne se dit guère que dans le comique. On y cite ces vers de Molière.
Je voudrois, à plaisir, sur ce mufle assener
Le plus grand coup de poing, qui se puisse donner.
On le dit pourtant sérieûsement, mais seulement dans le style familier. "Il a bien assené son coup à la tête où il visoit. Trév. Mais on ne le dit pas des armes à feu. On dit en ce sens, adresser. — L'Acad. met assener sans remarque.
2°. Ce mot, dit l'Ab. Des Fontaines, (Dict. Néol.) emporte avec soi l'idée d'une action rude et vigoureûse. L'Auteur de l'Homme Universel, dit des Satiriques: qu'ils ressentent sur l'heûre une satisfaction secrète d'un coup de langue bien assené. Belle métaphôre! s'écrie ce célèbre critique, qui nous représente la langue d'un Satirique comme une grosse et lourde massûe, qui assène de bons coups.