1° V. n. Fouiller bruyamment avec le bec dans l'eau ou dans la bourbe. Les canards aiment à barboter. Par extension, marcher dans une boue épaisse. Fig.
Avant qu'un Allemand trouvât l'imprimerie, Dans quel cloaque affreux barbotait ma patrie ! [VOLT., Épît. C, 117]
Les descendants des Camille, des Brutus, barbotaient dans la fange [ID., Phil. II, 409]
En termes de marine, un bâtiment barbote, quand, étant au plus près du vent, il fait peu de chemin.
2° V. a. Marmotter, prononcer d'une façon mal articulée.
Grondant entre mes dents, je barbote une excuse [RÉGNIER, Sat. X]
Il [l'abbé de Pompadour] avait un laquais à qui il donnait tant par jour pour dire son bréviaire en sa place et qui le barbotait dans un coin des antichambres où son maître allait [SAINT-SIMON, 284, 107]
HISTORIQUE
XIIe s.
Mais par ce ke nos par parfete parole ne l'poons expresseir, si lo sonons, coment ke soit, solunc la maniere de nostre humaniteit, barbotant et encumbreit d'enfantine floibeteit [, Job, 487]
XVe s.
Petite bouche à barbeter Ba, ba, ba font ces godinettes, Quant elles veulent cacqueter [COQUILL., Monol. de la botte de foin]
Par le corps, il barbelote Ses mots, tant qu'on n'y entend rien [, Comédie de Patelin.]
XVIe s.
Plusieurs barbottent leurs prieres par acquit, ou les lisent de leurs livres comme s'ils faisoyent corvée à Dieu [CALV., Inst. 676]
.... Marmotant et barbotant certaines paroles sur les playes [PARÉ, t. III, p. 715]
ÉTYMOLOGIE
Norm. varvoter ; varvot, boue claire, varibot, bourbier ; espagn. barbotar, marmotter. Génin le tire du préfixe bar péjoratif, et boue ; mais boue ne peut donner un dérivé en ot. Y aurait-il lieu, prenant en considération que le sens primitif est celui de prononcer d'une façon peu claire (voy. l'historique), à le tirer de barbot, qui est, en provençal, le nom d'un instrument et qui vient de barbitus, sorte de lyre ; jouer du barbot aurait pris un sens péjoratif, puis signifié le bruit du barbotement dans l'eau, et finalement l'action d'y barboter.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
BARBOTER. Ajoutez :
3° Terme de chimie. Se dit d'un gaz qui en s'échappant agite un liquide.
Je devais dépouiller l'air de toute trace d'ammoniaque, y introduire une quantité connue et très petite de cet alcali, puis le faire barboter dans l'appareil, et voir ce que je trouverais d'ammoniaque dans mon liquide [TH. SCHLOESING, Acad. des sc. Comptes rendus, t. LXXX, p. 267]
4° Prendre le barbotage, sorte d'aliment pour les chevaux (Voy. BARBOTAGE au Dictionnaire).
L'habitude de donner à barboter, une fois par semaine, aux chevaux échauffés et brûlés par l'avoine [, l'Avranchin, 3 déc. 1876]
HISTORIQUE
Ajoutez :
XIIIe s.
Clers qui en tel borbier s'enborbe, Ou puis d'enfer en l'orde borbe Plungiez et emborbez sera, Toz jorz com boz [crapaud] borbetera [, Chronique des ducs de Normandie, Appendice, III, t. III, p. 530]
barboter
BARBOTER. v. intr. Remuer et troubler l'eau avec ses pattes et ses ailes, en parlant de certains oiseaux. Les canards aiment à barboter dans les mares.
Il signifie, par analogie, Marcher dans une eau bourbeuse. Le jardin est inondé, on y barbote partout.
Il se dit encore d'une Voile qui bat et ondule. Voyez BARBEYER.
Il se dit aussi, en termes de Chimie, d'un Gaz qui, en s'échappant à travers un liquide, l'agite.
Figurément, il signifie S'embarrasser dans son raisonnement, dans son discours.
barboter
Barboter de froid ou de paour, Horrere frigore vel pauore, Mento tremere vel trepidare, Crepitant mihi dentes prae frigore.
barboter
Barboter quelques paroles entre les dents, Mutire, Mussare.
barboter
BARBOTER, v. n. BARBOTEUR, s. m. Fouiller avec le bec dans la bourbe. Il ne se dit que de certains oiseaux aquatiques, particulièrement des cannes et des canards. — Barboteur est un canard privé: "Vous croyez que c'est un canard sauvage: ce n'est qu'un barboteur.