bouter
(Mot repris de bouterions)bouter
v.t. [ du germ. ]bouter
Participe passé: bouté
Gérondif: boutant
Indicatif présent |
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je boute |
tu boutes |
il/elle boute |
nous boutons |
vous boutez |
ils/elles boutent |
BOUTER
(bou-té) v. a.HISTORIQUE
- XIe s. Il les a prises, en sa hoese les butet [, Ch. de Rol. XLIX]
- XIIe s. Dedans le corps sou espié [il] lui bouta [, Ronc. p. 138]En ces laz le voleient li cardenal buter [, Th. le mart. 105]Et quand cil seront fors bouté de leur baillie.... [, Sax. XXXII]Cil ki après vont lo bottent et trabuchent [ST BERN., p. 567]
- XIIIe s. Ensi dura li assaus mout longucment, tant que nostre sires fist lever un vent qu'en apele byse, qui bouta les nes et les vessiaus plus près que il n'estoient devant seur la rive [VILLEH., CIV]Dont bouterent le feu entr'ex et les Grieus [ID., LXXX]De la chambre [elle] l'en boute ; [à] Berte vint mout à gré [, Berte, X]Touailles eschaufées [ils] lui boutent en son sein [, ib. XLIX]Et en a li uns l'autre tout coiement bouté [touché] [, ib. LXXXI]En un trou de tariere [ils] lui boutent erramment Les deux pols [pouces], et les coignent mout angoisseusement [, ib. XCV]Mauvès hoste en ton hostel as ; Por ce te lo [conseille] que hors le boutes, Qu'il te tost les pensées toutes Qui te doivent à preu torner [, la Rose, 4626]Assez i feri et boutai Et par maintes fois escoutai Se j'orroie venir nulle arme [âme] [, ib. 523]Car jonesce boute homme et fame En tous peris de corps et d'ame [, ib. 4449]Car povre chose, où qu'ele soit, Est adès boutée et despite [, ib. 459]Ne demora pas demi an que li fus fu boutés en cele grange [BEAUMANOIR, XXXIV, 14]Quant j'oï ce, je bouté m'escuele arieres [JOINV., 241]Nous voulons que les foles femmes soient boutées hors des mesons [ID., 295]Tout li tavernier de Paris pueent vendre tel vin comme il voelent, cras ou bouté, et à tel fuer comme il voelent [, Liv. des mét. 29]Je vos fais asavoir qu'il [les vers] viennent de diverses viandes reschaufées et de ces vins enfuteiz et boteiz [RUTEB., 257]
- XIVe s. Ceulx qui se boutent es perilz des guerres impetueusement [ORESME, Eth. 81]Et s'au roi tu ne pues parler à ton commant, Bureau de la Riviere tu m'iras saluant ; Et lui baille ma letre ; il vaudra autretant ; Car, voir, qui boute l'un, il va l'autre boutant [, Guesclin. 1710717111]
- XVe s. [Le sire de l'Esparre] eut une fortune de vent sur mer qui le bouta en la mer d'Espaigne [FROISS., II, II, 4]Les hommes de la ville bouterent lors leurs testes ensemble et commencerent à murmurer et à parler [ID., II, III, 42]Tous les autres archers se bouterent au hahay, et navrerent de commencement tout plein de garçons des Hainuyers [ID., I, I, 31]Ils vinrent en Hainaut, et se bouterent dedans le bois de Blaton [ID., I, I, 79]Et n'estoient point les troux entre les barreaulx plus grans que à y bouter ung bras à son aise [COMM., IV, 9]
- XVIe s. Mon cœur serré au large boute : De ta pitié ne me reboute, Mais exauce mon oraison [MAROT, IV, 231]Mais qui a il ? voicy merveilles ; De rire tant, et qui vous boutte [excite] ? [ST GEL., 42]Boutte à moy sans eaue [RAB., Gar. I, 5]Boutons, boutons, passons oultre [ID., Pant. V, 36]Alors la terre s'ouvre, et les germes des plantes et des herbes commencent à bouter et sortir dehors [AMYOT, Num. 31]Les vertus boutent et florissent en cest aage là, et prennent pied ferme par les louanges que l'on leur donne [ID., Agis et Cléom. 2]Les anciens tiennent estre en toutes plantes trois divers mouvements ; assavoir, bouter, fleurir, meurir [O. DE SERRES, 176]Le couldrier sera planté de bonne heure, à cause de son avancé bouter [ID., 680]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguig. bôttai ; provenç. et espagn. botar ; ital. bottare ; du moyen allemand bôzen, heurter, frapper. Il y a aussi le kymri bot, bôth, corps rond. Ces mots tiennent les uns aux autres (voy. BUT et BUTTE). Bouter, en parlant du vin, est le même mot employé comme nous employons aujourd'hui pousser : du vin poussé au gras.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- BOUTER. Ajoutez :
- Ajoutez : D'après M. D'Arbois de Jubainville (Revue celtique, t. II, p. 126), bouter vient non pas du moyen-allemand bôzen, qui a subi la seconde substitution de la dentale, mais d'un mot franc bautan et par contraction botan, qui avait échappé à cette substitution, comme le vieux scandinave bauta et l'anglo-saxon beátan, dont l'eá égale au.
ÉTYMOLOGIE
bouter
BOUTER est aussi intransitif et signifie, en termes de Marine, Se pousser. Bouter au large.
Par extension, il se dit aussi du Vin qui pousse au gras. Les vins de cette année sont sujets à bouter. Du vin bouté.
bouter
Bouter, et pousser, Trudere, Detrudere, Pellere, Impellere, Propellere.
Bouter, et avoir grosse haleine. En fait de Fauconnerie.
Bouter à la vie, voyez Vie.
Bouter cap à la mer, voyez Cap.
Bouter de Loo, voyez Loo.
Bouter au vent, c'est mettre bien le vent dont on single, en la voile.
Bouter vent devant, c'est trop approcher le vent, dont on single, car qui trop l'approche, il fait donner tour au navire.
Bouter vent en penne, c'est quand le navire allant à la boline, il prend trop aval le vent, de sorte que le vent porte et boute la voile contre le mast, et la serre si fort contre iceluy, que la voulant amener on ne peut, laquelle faute vient par la negligence et inadvertance de celuy qui gouverne le tymon, prenant trop aval le vent.
Bouter dedans les navires, Contrudere in naues.
Qui tousjours boute l'un ou frappe l'autre, Petulans.
bouter
*BOUTER, v. a. Vieux mot, encôre usité en certaines Provinces, parmi le bâs peuple: "Boutez-vous-là, mettez-vous-là; boutez dessus, couvrez-vous.