braire
(Mot repris de brairaient)braire
v.i. [ mot gaul. ]braire
(bʀɛʀ)verbe intransitif
braire
Participe passé: brait
Gérondif: brayant
Indicatif présent |
---|
il/elle brait |
ils/elles braient |
BRAIRE
(brê-r')REMARQUE
- D'après l'Académie, ce verbe est usité seulement à l'infinitif : braire ; aux troisièmes personnes du présent de l'indicatif : il brait, ils braient ; du futur : il braira, ils brairont ; et du conditionnel : il brairait, ils brairaient. Cela est trop sévère. D'abord un fabuliste, faisant parler des ânes, pourrait employer sans hésiter les autres personnes : je brais, tu brais, nous brayons, vous brayez ; de même au futur et au conditionnel. Puis rien n'empêche de se servir de l'imparfait : il brayait ; et des temps composés : il a brait, il avait brait, etc.
HISTORIQUE
- XIe s. Et homes braire, contre terre mourir [, Ch. de Rol. CCLV]Cil d'Ociant i braient et henissent [, ib. CCLVII]
- XIIe s. Mort [il] le trebuche sans braire et sans crier [, Ronc. p. 62]Que que li felun l'unt feru e detrenchié, E del ferir se sunt durement esforcié, N'aveit brait, ne groni, ne crié, ne huchié, Ne pié ne main n'aveit à sei trait ne sachié [, Th. le mart. 150]
- XIIIe s. Au temps que les cornoilles braient, Qui por la froidure s'esmaient.... [RUTEB., II, 66]Cil qui de chanter se fait cointe, commence de rechief à brere [, Ren. 7283]Quant les enfans aus Sarrasines breoient, elles leur disoient : tai toy, tai toy, ou je irai querre le roy Richart qui te tuera [JOINV., 275]Grant pitié estoit d'oïr brere les gens parmi l'ost, auxquiex l'en copoit la char morte [ID., 237]
- XIVe s. Du car [char] le [la] piour roe [plus mauvaise roue] ot-on bien souvent braire [, Baud. de Seb. I, 10021]
- XVe s. Si fut il bien en la porte, toudis huyant et brayant et faisant signe, bien une heure [FROISS., II, III, 43]Tantost fist.... les arbalestriers tirer druement sur cele chiennaille, qui là brayoient comme enragés [, Bouciq. II, ch. 21]
- XVIe s. J'ay icy longuement repeu mes yeulx, mais mon estomach brait de male raige de faim [RAB., Pant. V, 31]Les Papistes, contre la defense de l'Apostre, chantent et brayent de langue estrange et incognue, en laquelle le plus souvent ils n'entendent pas euxmesmes une syllabe [CALV., Inst. 712]Mais comme ilz ne cessassent point pour cela de crier et de braire contre luy, il se meit à leur faire ce compte [AMYOT, Phoc. 12]Ils brament comme les cerfs, ils brayent comme les asnes [PARÉ, Anim. 25]
ÉTYMOLOGIE
- Normand, picard, wallon, braire, crier, pleurer ; provenç. braire, crier. Il y a dans le bas-latin bragire, hennir, d'où braire aurait été fait, comme l'ancien français muire de mugire, bruire du bas-latin brugire ; de bragire on rapproche l'irlandais breas, cri, bragain, crier ; le bas-breton breûgi, braire ; le kymri bragal, crier ; le gaél. bragain, crier. À côté de bragire, Diez propose de considérer plutôt braire comme raire (voy. RAIRE) fortifié par un b : b-raire. On remarquera que dans l'ancien français, dans le provençal et dans nos patois, braire a le sens général de crier, sens qui ne s'est limité que tardivement au cri de l'âne.
braire
braire
Braire, verb. neutr. penac. Est faire un son aspre et rude par voix inarticulée, et est proprement dit des Asnes, Rudere, mais par metaphore est usurpé pour crier rudement et sans mesure, qui est ce que l'Espagnol et le Languedoc disent Bramar, et s'applique à l'animal, rendant voix articulée comme l'homme. Ainsi on dit, Il ne fait que braire, Vsque vociferatur. Aucuns le veulent tirer de ce verbe Grec brakhô, qui signifie resonner, en ayant Hesiode usé en cette signification. Et Homere mesmes du preterit ébrakhé, pour êkhêsé, Vociferatus est, mais c'est de bien loing. Il est aussi nom, comme, Pour ton grand braire, je ne feray rien, Quantum vis vocifereris, non ea re magis impetrabis. l'Espagnol Villageois dit aussi Bradar, plus pres de la signification de Braire, que quand il dit Bramar.
Braire comme font les petis enfans, Vagire, Obuagire.
Braire et crier de douleur et ennuy qu'on a, Lamentari.
Chose qui incite à braire et crier, Lamentabilis.
Cesser de braire, Parcere lamentis.
braire
BRAIRE, v. n. [Brère; 1er è moy. et long.] Il ne se dit que dans les temps simples et aux 3es persones; et encôre est il peu usité hors du présent et du futur: il brait, il braira. — Il ne se dit que pour exprimer le cri de l'âne.
On dit figurément, (st. plaisant) de tout homme, et sur-tout d'un Orateur qui crie beaucoup et qui a la voix rude et désagréable, qu'il ne fait que braire: "Cet Avocat ne fait que braire: et ne dit rien, qui serve à sa cause. — On dit aussi, proverbialement, qu'un âne paré ne laisse pas de braire; pour dire qu'un sot se décèle toujours par quelque endroit.