choyer
(Mot repris de choyait)choyer
[ ʃwaje] v.t.choyer
(ʃwaje)verbe transitif
choyer
Participe passé: choyé
Gérondif: choyant
Indicatif présent |
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je choie |
tu choies |
il/elle choie |
nous choyons |
vous choyez |
ils/elles choient |
CHOYER
(cho-ier, ou, suivant d'autres, choi-ié) , je choie, tu choies, il choie, nous choyons, vous choyez, ils choient ; je choyais ; je choyai ; je choierai ; je choierais ; que je choie, que nous choyions, que vous choyiez, qu'ils choient ; que je choyasse ; choyant v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Quant ele est seule et enserrée, Cort tenue d'un vilainastre, Vos alez joer et esbatre ; Mais el ne se puet remuer, Tant sache son mari suer [, Roman de la Poire]Male-Bouche et tous ses parens, à qui jà Diex ne soit garans, Par barat estuet barater, Servir, chuer, blandir, flater [, la Rose, 7425]Il fait trop bon le chien chuer, Tant qu'on ait la voie passée [, ib. 7430]
- XVIe s. Nos pedantes se trouveroient chouez [attrapés] [MONT., I, 146]Je disois, en mes jours, de quelqu'un en gaussant, qu'il avoit choué la divine justice [ID., I, 310]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, chouer, chuer ; picard, chuer, parler bas, caresser, choer, gratter ; ital. soiare, flatter, soia, flatterie ; angl. to sue, demander avec instance, supplier ; d'un radical inconnu.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- CHOYER. - ÉTYM. Ajoutez : Un de mes correspondants, M. Petilleau, me fait remarquer que l'anglais to sue, même à titre de rapprochement, ne doit pas figurer auprès de choyer ; to sue est le français suivre, anc. français sieut, il suit, suent, suivent, etc. Cela est péremptoire ; mais, cette erreur écartée, les conjectures restent ouvertes pour l'origine de choyer. M. L. Havet, Romania, t. III, p. 330, pense que choyer n'a rien de commun avec chuer, chouer et l'ital. soiare. Le rapprochant du guernesiais couayer, ménager, économiser, épargner : couayer le feu, prendre garde au danger du feu, il le dérive d'une forme caucat, il choie, pour cavicat, dérivé de cavere, prendre garde, comme pendicare de pendere. Sa raison est que la diphthongue oi ne peut venir que d'un au (ou encore o et u). Au contraire, d'après M. Bugge, Romania, n° 10, p. 146, l'origine de ce mot est germanique : goth. Suthjôn ( avec un u long), chatouiller ; dans l'ital. soiare, le th germanique a été traité comme le d du lat. gaudium, gaudia, dans l'ital. gioia. Quant à la mutation de l's en ch, il l'explique par des exemples : chucre et sucre, chiffler et siffler. Quant à mon opinion, elle incline plus du côté de M. Bugge que de M. L. Havet. M. Havet est obligé de séparer l'ital. soiare du français choyer ; et cela paraît bien difficile. Or soiare ne s'accommode que de la dérivation allemande.
choyer
Fig., Choyer quelqu'un, Avoir pour quelqu'un de grands égards, chercher à lui plaire par toute sorte de prévenances.
Il signifie aussi Conserver une chose avec grand soin. Ce collectionneur choie ses oeuvres d'art.
choyer
Choyer, Parcere. Usez des locutions de Contre-garder.
choyer
CHOYER, v. act. [Choa-ié, 2eé fer.] Conserver avec soin. Elle choie ses porcelaines bien plus que ses enfans. = Se choyer trop, ne se choyer pas assez, avoir trop ou trop peu d'atention à ce qui regarde la santé ou les aises de la vie. = Choyer quelqu'un, c'est aussi le ménager, avoir soin de ne rien dire, de ne rien faire qui puisse le choquer.
Rem. La Touche nous aprend que de son temps plusieurs désaprouvaient ce mot; mais il observe que l'Acad. ne le condamnait point, qu'il était employé par de bons Auteurs, et qu'il est fort expressif. Il n'est pourtant que du style familier. L'Acad. le met sans remarque.