clerc
clerc
[ klɛr] n.m. [ du lat. clerus, clergé ]clerc
(klɛʀ)nom masculin
CLERC
(klèr ; le c ne se prononce jamais, excepté dans la locution clerc à maître, dites : clèr-k à maître ; au pluriel l's ne se lie pas : des clercs en vacances, dites : des clèr en vacances ; cependant d'autres disent : des clèr-z en....) s. m.PROVERBE
- Les bons livres font les bons clercs, c'est-à-dire c'est dans les bons livres qu'on prend la science.
HISTORIQUE
- XIe s. Ensemble od lui si clerc et si chanoine [, Ch. de Rol. CCLXVI]
- XIIe s. Li clers i vint sur un mulet amblant [, Ronc. p. 163]Faites faire erramant Vos chartres et vos briés [brefs] à clerz bien escrivanz [, Sax. XX]Sire clerz, tout en haut [à haute voix] nous dites la leçon [, ib. XX]Arcevesques, evesques, e clerc de grant clergie [, Th. le mart. 113]As leis [lois] ecclesiaus deit laie leis servir ; Nulz ne deit plaiz d'iglise, se n'est clers, maintenir [, ib. 75]
- XIIIe s. Si vot li quens Gautiers que Jehans ses fius fust clers ; mais il ne le vot iestre [, Chr. de Rains, 83]Homs qui aime ne puet bien faire, N'à nul preu de ce mont [monde] entendre ; S'il est clers, il pert son aprendre [, la Rose, 3058]Sel [si vous le] demandés as clers lisans [, ib. 370]Cascuns des auditeurs pot avoir son clerc por escrire ce qui est dit en l'enqueste [BEAUMANOIR, XL, 26]Fors escoliers, autre clergié Sont tuit d'avarice vergié ; Plus est bons clers qui plus est riches [RUTEB., 227]
- XIVe s. Au dit mestier n'aura que dix vendeurs tant seulement, lesquels vendront les dits poissons en leurs personnes, sans ce qu'il les puissent faire vendre par leurs femmes, par leurs clercs mesmes, ne par aucune autre personne que par eux [, Ordonn. des rois de Fr. t. II, p. 358]Assez puet impetrer qui donne largement ; Car li homs est bons clers qui a assez d'argent [, Guesclin. 17428]
- XVe s. Aussi [de même] les sciences sont extraites et compilées de plusieurs clercs, et ce que l'un sait, l'autre ne sait mie [FROISS., Prol.]Escoutés donc ce qu'on dira ; Aprenez, soyez clergeresse [COQUILL., Droits nouv.]Les bons livres font les bons clercs [GERSON, dans Hist. littér. de la Fr. t. XXIV, p. 283]Clercs et femmes sont tout ung [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 121]Car chevaliers ont honte d'estre clers [EUST. DESCH., Poésies mss. f° 137, dans LACURNE]Maint sont clers où n'a que folie ; Car sans savoir sont hors du sens ; Si se puet l'en bien chevir sans Tels clers où science n'est mie [, ib. f° 282]Il avoit plusieurs clercs [commis] et facteurs sous luy, qui se mesloient des dites marchandises [MATHIEU DE COUCY, Hist. de Charles VII, p. 691, dans LACURNE]Mais dit le sage que tous ceulx ne sont pas clercs qui en portent le semblant, ne chevaliers qui portent esperons [, Perceforest, t. IV, f° 42]Et combien qu'elle ne l'eust jamais vu exercer l'office de clergie, toutefois elle jugea tantost qu'il est très grand clerc [LOUIS XI, Nouv. C]
- XVIe s. Divisons l'Eglise en deux estats : assavoir qu'elle contienne le clergé et le peuple. J'use de ce mot de clercs, pource qu'il est commun, combien qu'il soit impropre : par lequel j'enten ceux qui ont office et ministere en l'Eglise [CALV., Instit. 965].... Mais trop plus est à craindre une femme clergesse, Sçavante en l'art d'amour, quand elle est tromperesse [RONS., 125]Il ne s'y entend comme clerc d'ar mes [il y est habile] [H. EST., Précell. p. 79]Jadis un antique prophete de la nation judaique mangea un livre, et fut clerc jusqu'aux dents ; presentement vous en boirez un, et serez clerc jusques au foye [RAB., Pant. V, 46]Gens de condition ne peuvent faire leurs enfants clercs sans l'exprès consentement de leurs seigneurs [, Coustum. génér. t. I, p. 880]Entre les clers, aucuns sont mariez, aucuns non ; les mariez jouissent de leurs privileges si longuement qu'ils portent la tonsure et l'habit clerical et servent à une eglise, hospital ou seminaire, et à faute de ce ils les perdent [, ib. t. II, p. 1057]Je ne parle point en clerc d'armes, je l'ay vu [CHOLIÈRES, Contes de CHOLIÈRES, f° 220, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguig. clor, clar ; provenç. clerc, clergue, clerge ; espagn. clerigo ; ital. chierico ; de clericus, en grec, clergé, proprement lot, bon lot, terme appliqué dans les premiers temps aux chrétiens par opposition aux païens, et finalement à ceux qui avaient charge de prêtrise. Régnier s'est encore servi de clergesse dans le sens de femme habile : Clergesse, elle fait jà la leçon aux prêcheurs, Sat. XIII. Dans l'ancien français, au singulier, nominatif li clers, et régime le clerc ; au pluriel, nominatif li cler, régime les clers.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- CLERC. Ajoutez :
- Il est singulier qu'en anglais la locution qui répond à notre pas de clerc soit clerical oversight. Ici le sens est certainement manquement d'homme du clergé ; au lieu que dans le français c'est manquement d'un clerc de notaire ou d'avoué.
REMARQUE
clerc
À Rome, Clerc de la Chambre, Prélat officier de la Chambre apostolique. Il y a plusieurs clercs de la Chambre.
Il se disait anciennement de Tout homme gradué ou du moins lettré; d'où sont venues ces façons de parler proverbiales : Il est habile homme et grand clerc. Les plus grands clercs ne sont pas les plus fins. Il n'est pas grand clerc en cette matière.
Il signifie ordinairement Celui qui travaille dans l'étude d'un notaire, d'un avoué, ou d'un huissier. Clerc d'avoué. Clerc de notaire. Clerc d'huissier. Il y a tant de clercs dans cette étude. Il m'a envoyé son clerc, un de ses clercs.
Maître clerc, Le premier des clercs qui travaillent dans une étude. On dit aussi Principal clerc et Premier clerc.
Petit clerc, Jeune clerc ordinairement chargé de faire les courses de l'étude. On dit aussi, par plaisanterie, Un saute-ruisseau.
Prov. et fig., Pas de clerc, Faute commise par ignorance ou par imprudence dans une affaire. C'est un pas de clerc. Il fait souvent des pas de clerc.
clerc
Clerc, Un clerc qui sert pour escrire, A manu, vel Ad manum seruus.
Il est bon clerc, Doctissimus est, Nihil ignorat.
¶ Les clercs principaux des receptes generales, et autres qui tiennent le compte, Scripturarij. Et scriptura la charge d'enregistrer le registre. Scripturae, Les papiers, Qui scripturis dant operas, Les clercs.
Les clercs du greffe, Actorum conscriptores, Scriptum Curiae facientes.
¶ Clers tonsurez, Areola insignita capita.
Les clercs des conseilliers, ou autres juges, Saccularij iudicum pedisequi.
clerc
CLERC, s. m. [Clèr, è moy. le c final ne se pron. pas.] 1°. Celui qui, par la tonsûre, est entré dans l'État Eclésiastique. = 2°. Celui qui écrit, ou qui travaille sous un homme de Pratique: Clerc d'Avocat, de Procureur, de Notaire, du Grèfe, du Palais, etc.~ = 3°. En parlant de la Cour de Rome, Clerc de la Chambre, Prélat-Oficier de la Chambre Apostolique.
Rem. Pendant long temps, les Éclésiastiques ont été les seuls en France à faire profession des Lettres; c'est pourquoi, dit Pasquier, on apelait Grand-Clerc, l'homme savant; Mauclerc, celui qu'on tenait pour bête, et la science fut apelée Clergie.
On dit, en style proverbial, faire un pâs de clerc, une fausse démarche par ignorance. On le dit par allusion aux Clercs des Procureurs. = Compter de clerc à maître; rendre compte en détail de ce qu'on a reçu et déboursé de son maniement. = On dit d'un homme, dont les conaissances sont bornées, que ce n'est pas un grand Clerc.