compagnon
1. compagnon
n.m.2. compagnon
n.m. [ du lat. cum, avec, et panis, pain ]COMPAGNON
(kon-pa-gnon) s. m.PROVERBE
- Qui a compagnon a maître, c'est-à-dire on ne fait rien sans le communiquer, quand on est lié de quelque manière avec une personne ; on est souvent obligé de céder aux volontés des personnes avec qui on est associé.
HISTORIQUE
- XIe s. Ne Oliver, por ce qu'est sis cumpainz [, Ch. de Rol. XXIV]L'arere-garde des douze cumpaignons [, ib. LXVI]
- XIIe s. Joste lui fu ses compaing Olivers [, Ronc. p. 36]Li conpaignon après lui vont siguant [suivant] [, ib. p. 38]Si 'n apela [ainsi en apela] Rolant son conpagnon [, ib. p. 44]S'il ne vient ci o cent mil compeignons [, ib. p. 117]Dorenavant serons nous conpeignon [, ib. p. 140]Onques teurtre qui pert son compaignon Ne fut un jour de [que] moi plus esbahie [, Couci, XXIV]La fu morz Oliviers et ses compainz Rolanz [, Sax. V]Laienz entra Thomas od mult poi conpaignuns [, Th. le mart. 38]Compagnon d'armes avons esté set ans [DU CANGE, compagus.]
- XIIIe s. Il et si compaignon la laisserent fuïr [, Berte, CIII]Quant cil de Melans virent morir leur compaignon [, Chr. de Rains, 118]Ainsinc, compains, esploiterés, Quant as portiers venus serés [, la Rose, 7697]Compains est à toutes les choses, Qui sunt en tout le monde encloses [, ib. 19243]Li compainz à mon compaignon n'est pas mon compainz [, Digeste, f° 194]S'on pot savoir qu'il soient compaignon d'un malice, il doivent estre compaignon de rendre le domache [BEAUMANOIR, L, 9]Li quens ou li vesques li doivent baillier un compaignon [ID., XII, 28]Quant ses compains sot que les detes.... [ID., XXI, 29]Et metent entr'ax [eux] peine ou manaces sor les compaignons qui lor aliance ne tenront [ID., XXX, 62]
- XVe s. Et si fit-on aucuns compagnons monter sur coursiers pour escarmoucher à eux [FROISS., I, I, 41]Par l'ennort et conseil [de] messire Hervey de Lion, avec qui il avoit esté grand compain en Grenade et en Prusse [ID., I, I, 151]François Acreman, qui estoit compaing en toutes choses à Philippe [ID., II, II, 205]Lesdits pays, que on appeloit compagnons ou alliés [ID., I, I, 125]Et sachez que chacun de ces soudoyés avoit chacun jour quatre compagnons ou gros de Flandre pour ses frais et pour ses gages [ID., I, I, 65]Quand notre bourgeois eut gagné la grace du compagnon [artisan] [LOUIS XI, Nouv. I]Sire, dist-elle, j'ay amy que je ne quiers faulser ; puis s'en revint à ses compagnons [compagnes] et elle leur conta toute son aventure [, Perceforest, t. IV, f° 149]Et luy qui desirant estoit d'honneur conquerre, empoigne son glaive, et s'en vient vers son compaignon [adversaire] qui venoit sur luy roidement et fort [, ib. t. I, f° 108]
- XVIe s. Mais de la tienne, Dieu mercy, Compaignon, tu ne m'en dis rien [MAROT, I, 210].... Ou pour jetter des fruits jà meurs et beaux, à mes compaings, qui tendoient leurs chappeaux ! [ID., I, 217]Les rois sont compaignons, sinon maistres, des loix [MONT., I, 12]Gentil compaignon par tout ailleurs [ID., I, 96]Quoy que die ce bon compaignon [Catulle] [ID., I, 270]Caesar, estant creé consul pour la tierce fois, ne prit pas Antonius, ains choisit Lepidus pour son compagnon [AMYOT, Anton. 13]Chiens pour le fauve, chiens pour le noir, levriers de compagnon et d'attache [D'AUB., Faen. I, 5]Les compagnons de la Matte [les filous] [ID., ib. III, 1]Vous vivez trop en bon compagnon pour que nous vous supçonnions de faire tout par conscience [ID., Hist. III, 291]Compagnon bien parlant vaut en chemin chariot branlant [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 276]Le petit et inferieur fait du compagnon avec le grand [CHARRON, Sagesse, p. 464, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguig. compaignon ; provenç. companh, compain, compenh, companho ; anc. espagn. compaño ; ital. compagno, compagnone. Si l'on examine les plus anciens textes rapportés dans l'historique, on y voit que compain est toujours employé comme nominatif, et compagnon comme régime ; de même, dans le provençal, companh est le nominatif, et compagno, le régime ; une telle formation suppose nécessairement un mot dont l'accent se déplace, compánio, companiónem, qui vient de cum, avec, et panis, pain (voy. PAIN) : celui qui mange le même pain. Cette étymologie serait, si elle en avait besoin, confirmée par le provençal companatge, nourriture ; anc. franç. companage, ce qu'on donne dans un repas au delà du pain et du vin ; comparez aussi apanage. Cela écarte définitivement compaganus, de cum et paganus, qui avait été proposé et qui d'ailleurs aurait donné compayen.
compagnon
Il se dit figurément des Choses qui en accompagnent d'autres, qui s'y trouvent ordinairement jointes. L'esprit n'est pas toujours compagnon du bon sens.
Prov. et fig., Qui a compagnon a maître, On est souvent obligé de céder aux volontés de ses associés, des personnes avec qui l'on vit.
Compagnons d'armes se disait anciennement des Chevaliers qui avaient fait ensemble amitié particulière, avec protestation de ne se quitter jamais. Il se dit encore de Ceux qui ont fait la guerre ensemble.
Il signifie quelquefois Égal. C'est un homme qui ne peut souffrir ni compagnon ni maître. Traiter, vivre de pair à compagnon, Traiter d'égal avec familiarité.
Un bon compagnon se dit encore d'un Homme qui est gaillard, drôle, éveillé. Il fait le bon compagnon.
Fam., C'est un hardi compagnon, Il est homme d'exécution et déterminé.
Fam., C'est un petit compagnon, se dit d'un Homme qui fait pauvre figure.
Il désigne aussi un Apprenti qui travaille auprès d'un ouvrier plus expérimenté.
Il se dit plus particulièrement des Artisans qui font partie d'une société de gens de métier. Compagnons du Tour de France.
compagnon
Compagnon, m. Est celuy qui a hantise ordinaire et compagnie à un autre, et est terme correlatif à luy mesmes, le Picard dit Compaing, comme l'Italien Compagno, et compagnon par diminutif. Le mesme Picard, dit paignon en diminutif de pain, pour un petit pain: qui fait qu'aucuns estiment compagnon estre dit à cause de la commensalité qui est entre deux qui s'entrefont compagnie. Autres le tirent du Latin, Compaganus, ce qui n'a point de nez, l'Espagnol dit Compannero. De mesme façon on dit absoluëment, tel est mon compagnon en terme indefini, de celuy qui nous fait toute compagnie, et avec adjonction, tel est mon compagnon d'estude, d'armes, de guerre, d'apprentissage, en terme coarcté à certaine maniere de compagnie: on appelle aussi compagnon, un artisan qui n'est encores maistre, ains besongne sous les maistres, qu'on dit autrement Compagnon de mestier.
Compagnon de guerre, est celuy qui est en une mesme expedition et armée, et sous mesme enseigne avec un autre: Car comme dit a esté, ce mot compagnon est relatif. Commilito. Il est dit sous mesme enseigne, pourtant que on n'appellera pas compagnons de guerre tous ceux d'une armée entre eux: veu que ce mot compagnon demande une partie et conformité de qualitez entre deux, et ne peut bonnement le pieton appeler l'homme d'armes son compagnon de guerre, et beaucoup moins les chefs et capitaines, et si bien aux concions et harengues militaires, tant latines, que françoises, on trouve que les chefs ayent usé de ce mot Commilitones, et mes compagnons, cela ne conclud rien contre la naifveté dudit mot, et cognoit-on assez, que c'est un abbaissement flateur impropriant ledit mot, pour animer les gens de guerre.
Compagnon d'armes, Semble qu'il signifie et importe quelque chose plus eminent, et de plus de grandeur que Compagnon de guerre, ce qui est à presumer, par ce qui est recité au 6. chap. du 3. livre d'Amad. où Galaor parlant de Norandel nouvellement fait chevalier fils bastard du Roy Lysvart fait cette requeste audit Lysvart. S'il vous plaist me faire tant de bien de me le donner pour compagnon, j'estimeray le service que je vous desire faire pour tresbien employé. Comment respondit le Roy. Vous voudriez-vous charger d'un garçon, et luy faire du premier coup cet honneur, ne cognoissant encore le ply qu'il doit prendre, mesmes que je ne sçache nul chevalier en la grand Bretaigne qui ne s'estimast bien-heureux d'avoir le bien que vous luy presentez: et peu apres, Pour autant Sire, dit Galaor, que je suis chevalier, et veux prier Norandel de m'ottroyer ce que je luy demanderay, qui est que luy et moy soyons un an entier compagnons, durant lequel ne nous separerons, si mort ou prison n'en est cause, etc. Et ceux qui s'estoient ainsi entredonnez compagnie, appeloient de là en avant l'un l'autre mon compagnon, et comme les chevaliers demeurent par telle maniere compagnons d'armes, ainsi les Roys entre-eux sont freres d'armes, pour laquelle cause ils s'entrappellent freres.
Compagnons à apprendre, ou d'apprentissage, Compagnon d'escole, Condiscipulus.
Compagnon de table, Conuictor.
Compagnon à caqueter et plaisanter, Congerro.
Qui n'ont qu'un pot et un feu, grans compagnons, Contubernales.
Compagnon de table à boire et à manger, et à joüer, Sodalis huius sodalis.
Compagnon en magistrat, qui sont en mesme office, Collegae.
Compagnon à cheminer, Comes.
Compagnons d'un college, Sodales.
Compagnon de la conjuration, Particeps coniurationis.
Compagnon en tous labeurs et peines, Socius.
Qui sont compagnons et de mesme troupeau, Gregales.
Tes compagnons, Gregales tui.
Compagnons qui doivent tribut, Socij vectigales.
Compagnons, ou la femme, Compar.
¶ Bailler compagnon à quelqu'un, Consociare.
Se faire compagnon, Conferre se in societatem aliquorum.
Laisser rejoüer son compagnon qui a mal joüé, Manus remittere.
Va, je t'estime gentil compagnon, Abi virum te iudico.
O gentils compagnons, Macte.
Il fut son compagnon, et eut quelque bruit et reputation en son temps, Tenuit cum hoc quendam locum.
Cestuy a esté son compagnon és dangers, Hic fuit illi in periculis particeps.
Il fait le petit compagnon, Agit humilem et plebeium. B. ex Suetonio.
Per à compagnon, Ex aequo loco loqui. B.
Prendre à compagnon, Assumere in societatem, In societatem accipere, Adiungere sibi socium.
Rencuser ses compagnons, Prodere conscios.
Ils targerent quelque peu de temps, tant que leurs compagnons veinssent, Paucos morati dies dum socij venirent.
Parler compagnon à compagnon, Ex aequo loco dicere.
Compagne, Socia.
compagnon
compagnon
Gefährte, Genosse, Geselle, Begleiter, Lebensgefährtecompanion, buddy, brother, accompanist, comrade, pal, craftsmanmetgezel, makker, partner, gezel, maat, echtgenoot, gezel [gilden, mannetje [dier], vrijmetselaars], broeder, begeleider, kameraad, kornuitבן לוויה (ז), בן-זוג (ז), חבר לחיים (ז), חבריה (נ), מרע (ז), רע (ז), בֶּן זוּג, מֵרֵעַakkompanjis, begeleider, begeleiercamarada, companysamlever, ledsagerkunulo, vivkunulocompañero, acompañador, camaradasambýlismaðursamboer, ledsagercompanheiro, acólito, acompanhante, associadomwenziarkadaşσύντροφος, συνοδόςкомпаньон, попутчикcompagnoصَاحِبspolečníkkumppanipratilac仲間동반자towarzyszföljeslagareเพื่อนเดินทางbạn đồng hành同伴Спътник (kɔ̃paɲɔ̃)nom masculin
compagnon
[kɔ̃paɲɔ̃] nmles compagnons d'Ulysse → Ulysses' companions, the companions of Ulysses
compagnon d'armes nm → comrade in arms
compagnon d'échappée nm (CYCLISME) → breakaway companion
compagnon de route nm → travelling companion (Grande-Bretagne), traveling companion (USA)
compagnon de voyage nm → travelling companion (Grande-Bretagne), traveling companion (USA)
compagnon d'infortune nm → companion in misfortune