concentré, ée
CONCENTRÉ, ÉE
(kon-san-tré, trée) part. passé.1° Rassemblé au centre. Les rayons solaires concentrés au foyer d'une loupe.
Votre monade, ainsi que la mienne, est un miroir concentré de cet univers [VOLT., Phil. ignorant, 27]
Il semble que la voix dans les airs égarée, Par cet espace étroit dans ces murs concentrée à notre âme retentit mieux [LAMART., Harm. I, 8]
Terme militaire. Des troupes concentrées, troupes rapprochées l'une de l'autre pour agir sur un même terrain. Feu concentré, feu d'artillerie dirigé de différents côtés, sur un même point convenu. 2° Terme de chimie. Acide, alcool concentré, acide, alcool dont on a chassé la partie aqueuse.
Le vinaigre radical, étant chauffé fortement, devient susceptible de prendre feu ; plus il est concentré, plus il est inflammable [CONDORCET, Courtanvaux.]
3° Terme de médecine. Pouls concentré, pouls où l'artère est peu développée sous le doigt qui la touche.
4° Borné, limité, renfermé.
Ce serait un miracle que de persuader à ceux-ci et à ceux-là que la vertu n'est pas concentrée tout entière dans leur parti [DIDER., Disc. prélim.]
5° Fig. Qui ne donne point d'expansion à ses sentiments ou à ses idées. Concentré en soi-même.
Ceux qui ont des passions plus sérieuses étant froids sur ces puérilités, toute la vivacité de leur esprit demeure concentrée [VAUVENARGUES, Vivacité.]
Mais un cœur ulcéré Par de trop longs chagrins devient plus concentré [M. J. CHÉN., Gracques, III, 7]
Brûlant pour Desdémone, il déguisait sa flamme, Cachait les noirs projets concentrés dans son âme [DUCIS, Othello, V, 6]
Un fait certain, c'est qu'en quittant son beau-frère, les traits de Murat portaient l'empreinte d'un profond chagrin ; ses mouvements étaient brusques, une violence sombre et concentrée l'agitait [SÉGUR, Hist. de Napol. VI, 4]
Là, au milieu des chefs rassemblés, entouré de leurs regards inquiets et qu'il suppose désapprobateurs, il semble vouloir les repousser de son attitude sévère et d'une voix brusque, cassante et concentrée [ID., ib. VIII, 11]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877