conseiller, ère
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CONSEILLER, ÈRE2
(kon-sè-llé, llê-r', ll mouillées, et non con-sè-yé ; l'r ne se lie jamais ; au plu riel, l's se lie ; des conseillers habiles, dites : des konsè-llé-z habiles) s. m. et f.1° Celui, celle qui donne conseil.
Qui fait le conseiller n'est plus ambassadeur ; Il excède la charge, et lui-même y renonce [CORN., Nicom. III, 3]
Ne m'importune plus, conseillère indiscrète [TRISTAN, Mariane, V, 1]
Ah ! tu me rends la vie et le sceptre à la fois ; Un sage conseiller est le bonheur des rois [CORN., Pomp. II, 4]
Tite n'oublia rien pour le sauver [le temple juif], quoique ses conseillers lui représentassent que, tant qu'il subsisterait, les Juifs, qui y attachaient leur destinée, ne cesseraient jamais d'être rebelles [BOSSUET, Hist. II, 8]
Loin de loger en nos maisons Ces deux filles du ciel, ces sages conseillères [LA FONT., Quinquina, II]
Fig. La passion est une conseillère dangereuse. En toute chose le temps est un excellent conseiller [BOSSUET, Polit.]
L'histoire qu'on appelle avec raison la sage conseillère des princes [ID., Duch. d'Orl.]
Dans le langage précieux, le conseiller des grâces, le conseiller des dames, un miroir. Vite venez nous tendre ici le conseiller des grâces [MOL., Préc. 7]
Les conseillers muets dont se servent nos dames [LA FONT., Fab. I, 11]
2° Membre d'un conseil ou de certains tribunaux. Conseiller d'État. Conseiller de préfecture. Conseiller à la cour de cassation, etc. Conseiller d'honneur, conseiller en exercice, à la place duquel est attachée cette qualification. Conseiller-né, se disait d'une qualité attribuée à certaines dignités qui donnait à celui qui la possédait entrée au parlement. L'archevêque de Paris était un conseiller-né du parlement. Conseiller du roi, titre d'honneur attaché autrefois à certains offices, et que prenaient aussi les évêques. Conseiller du roi en tous ses conseils, titre des ministres, secrétaires d'État, contrôleurs généraux des finances, et conseillers d'État ordinaires. Conseiller-clerc, conseiller ecclésiastique. Conseillers, notables choisis pour assister les consuls. Conseiller de ville. Autrefois, conseiller à la cour signifiait conseiller au parlement. Titre de magistrat et fonctionnaire dans les cours d'Allemagne. Conseiller intime. Conseiller privé.
3° S. f. Conseillère, la femme d'un conseiller. Mme la conseillère.
Madame l'avocate est assez téméraire Pour aller du même air que va la conseillère [BOURSAULT, Fables d'Ésope, IV, 3]
J'ai fait ce que j'ai pu pour le mettre en estime [mon mari, un tabellion] ; Conseillère à la cour, présidente à mortier, Faisaient moins de fracas que moi dans mon quartier [ID., ib.]
Dans certaines communautés de femmes, conseillères, celles qui composent le conseil de la supérieure. 4° Adj.
Que chez moi les avis ont de tristes salaires ; Qu'un valet conseiller y fait mal ses affaires [MOL., l'Étour. I, 2]
5° Conseiller, un des noms vulgaires du rouge-gorge.
PROVERBE
- Ici les conseillers n'ont point de gages, proverbe avec lequel on écarte ceux qui donnent des conseils sans qu'on leur en demande.
ÉTYMOLOGIE
- Xe s. Elle n'out escoltet les mals conselliers [, Eulalie]
- XIIe s. Bon conseller avez [, Ronc. p. 4]Quant ot li reis Henris [quand le roi Henri apprend que] l'arcevesques s'en fui, Durement s'en marri, e si conseillier tuit [, Th. le mart. 63]E li reis David le fist sun privé cunseiller [, Rois, 214]
- XIIIe s. De Symon fist li rois son maistre conseiller [, Berte, CXXIX]
- XVe s. Philippe de Chasteaux, son maitre escuyer et son souverain conseiller [de Jean de Hainaut] [FROISS., I, I, 27]
- XVIe s. Il a voulu estre legislateur en commandant cela, et non point un conseiller comme ils songent [CALV., Instit. 315]Il n'y a nul homme qui ait cognu le secret de Dieu, ou ait esté son conseillier [ID., ib. 450]Acheter un estat de conseiller en la cour de parlement. - La cour de parlement delegue deux conseillers d'icelle [DESPER., Contes, CXXVI]Elles [les femmes] ne font sinon leur face regarder Au crystal d'un miroir conseiller de leur grace, Despites si quelque autre en beauté les surpasse [AM. JAMYN, Poésies, p. 224, dans LACURNE]Tu n'as desdaigné d'estre conseiller de ma vie [de me conseiller de vivre] et tesmoing de ma mort [MONT., II, 40]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. cosselier, cosseilher, conseiller ; espagn. consejero ; portug. conselheiro ; ital. consigliere ; du bas-latin consiliarius, de consilium (voy. CONSEIL).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- CONSEILLER.
3° Conseiller que. Ajoutez :
Je conseille à ces pauvres gens qu'ils aillent plus vite en besogne [MALH., Lexique, éd. L. Lalanne]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877