contre-temps
CONTRE-TEMPS
(kon-tre-tan ; l's se lie : un contre-temps inattendu, dites : un contre-tan-z inattendu) s. m.1° Inopportunité.
Dans quel contre-temps êtes-vous revenue ? [CORN., Tite et Bérén. III, 5]
Et d'un tel contre-temps il fait tout ce qu'il fait Que, quand il tâche à plaire, il offense en effet [ID., le Ment. I, 1]
Voyez quel contre-temps Attale prend ici [ID., Nicom. III, 4]
Quel honteux contre-temps de vertu délicate S'oppose au beau succès de l'espoir qui vous flatte ? [ID., Sertor. I, 1]
Quittez ces contre-temps de froide raillerie [ID., D. Sanche, I, 4]
Tomber dans un contre-temps, dans des contre-temps, se trouver inopinément dans des circonstances qui dérangent les mesures prises. Accident inopiné qui rompt les mesures prises, qui dérange les projets. Que l'heureux contre-temps d'un si rare service.... [CORN., Othon, II, 5]
Il est des contre-temps qu'il faut qu'un sage essuie [RAC., Esth. III, 1]
Ordres qui causèrent divers contre-temps dans l'exécution [FÉN., Tél. XII]
À contre-temps, loc. adv. En prenant mal son temps, mal à propos. Ce qu'il fait à contre-temps est mal fait [FÉN., Tél. XXIV]
Les justes ont appris qu'il faut reprendre à temps et à contre-temps [MASS., Car. Mélange.]
2° Terme de musique. La partie faible de la mesure ou du temps. Aller à contre-temps, se dit lorsque l'exécutant manque à la mesure. On dit aussi qu'une mesure est à contre-temps quand il y a un silence au temps fort. Commencer à contre-temps, se dit quand on commence au quart, au milieu, etc. de la mesure, la première partie de cette mesure étant occupée par un silence. On appelle au piano contre-temps quand, dans le même temps, une main fait trois notes et l'autre deux, ou une main quatre notes, l'autre cinq.
3° Terme de danse. Action de sauter sur un pied, avant de poser l'autre qui est en l'air.
Plusieurs [pantomimes] font des contre-temps, et ne prennent pas bien la cadence [D'ABLANCOURT, Lucien, danse.]
L'art de la danse distinguait autrefois plusieurs contre-temps différents. Il y en avait trois dans le menuet seulement : il y avait le contre-temps de gavotte ou contre-temps en avant ; le contre-temps de chaconne ou contre-temps ouvert. Tous ces contre-temps sont aujourd'hui peu usités ou plutôt ils entrent dans des pas figurés. Par exemple, c'est un contre-temps qui commence l'en-avant-deux. 4° Terme de grammaire. Expression tirée de la musique et qui se dit de tout accent qui tombe où il ne doit pas tomber.
5° Terme d'escrime. Faute des deux combattants, qui, s'allongeant en même temps, se portent un coup fourré ; et aussi, méprise de l'un des combattants qui saisit un temps faux qu'on lui présente à dessein.
6° Terme de manége. Interruption de la cadence d'un cheval. Passage subit et inattendu de l'action à l'inaction ; soubresaut, qui indique l'altération du flanc du cheval dans la pousse.
HISTORIQUE
- XVIe s. D'un seul clin d'œil ou d'une seule parole echappée à contre temps.... [SULLY, dans le Dict. de DOCHEZ.]
ÉTYMOLOGIE
- Contre, et temps.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877