décri
DÉCRI
(dé-kri) s. m.HISTORIQUE
- XVe s. Le sire de Clisson, qui estoit alors le plus especial de son conseil et le mieux cru de tous, y mettoit grand descry [opposition] [FROISS., liv. I, p. 400, dans LACURNE]Ce fut honte et descry au roy de Castille [COMM., VIII, 16]
- XVIe s. Que cette desloyauté, quoyqu'elle eust quelque apparence d'utilité presente, luy apporteroit pour l'advenir un descri et une desfiance d'infini prejudice [MONT., III, 53]Ce qui n'est pas au deshonneur ny descry de la science, comme l'on pourroit penser, mais plustot à son honneur [CHARRON, Sagesse, Préf. de la 2e édit.]
ÉTYMOLOGIE
- Voy. DÉCRIER. On a dit aussi descriement au XVIe siècle : Parce que c'est un descriement et rabaissement de mon honneur, je mis en pieces entierement le total de ladite fournée [PALISSY, 318]
décri
décri
DÉCRI, s. m. DÉCRIER, v. a. [1re é fer. 3e é fer. au 2d: l'i est bref devant la syll. masc. Nous décrions, je décriais, etc.; il est long devant l'e muet: Il décrie, ils décrient: au futur, je décrierai, et au conditionel, je décrierais, l'e est tellement muet, qu'il ne se fait point sentir: pron. dékrîrai, dékrîrais.] À~ l'imparfait, on doit écrire, nous décriions, vous décriiez, pour le distinguer du présent, nous décrions, vous décriez. = Décri, est, au propre, la défense de vendre certaines marchandises, ou d'employer dans le comerce certaines monoies: Le décri des toiles peintes d'Angleterre, des vieilles espèces, etc. — Au figuré, perte de réputation, de crédit. Être, tomber dans le décri. "Cela l'a mis tout-à-fait dans le décri.
DÉCRIER, c'est défendre le cours, ou l'usage de certaines chôses, par cri public. Il se dit sur-tout des monoies. — Au figuré, ôter la réputation, le crédit. Un tel le décrie par-tout: Cette action l'a fort décrié: Il s'est décrié par sa mauvaise conduite.
Rem. 1°. On confond quelquefois décrier avec décréditer: mais le premier va directement à l'honeur, le 2d au crédit. "On décrie une femme, en disant d'elle des chôses qui la font passer pour une personne peu régulière: on décrédite un marchand, un homme d'affaires, en publiant qu'il est ruiné. Bouhours. "L'esprit de parti décrie les persones, pour venir plus aisément à bout de décréditer leurs opinions. Beauzée.
2°. DÉCRIER, n'a ordinairement que le régime absolu (l'acusatif.) Bossuet lui done le datif pour régime relatif. "Ne vous laissez pas émouvoir aux histoires qu'on vous fait, pour vous décrier la conduite du saint Père et des Évêques. On dirait plutôt, pour décrier auprès de vous, ou, dans votre esprit, la conduite, etc.
DÉCRIÉ, ÉE, adj. Homme décrié, qui a perdu sa réputation. Conduite décriée, mauvaise conduite, désaprouvée de tout le monde. — On dit proverbialement, décrié comme la faûsse monnoie (Rich. Port.); ou, comme la vieille monnoie, extrêmement décrié.