dédire
se dédire
v.pr.dédire
(sədediʀ)verbe pronominal
DÉDIRE
(dé-di-r') v. a.se conjugue comme dire, excepté à la 2e personne du pluriel du présent de l'indicatif et de l'impératif : vous dédisez, dédisez, et non : vous dédites, dédites.REMARQUE
- Dans le XVIIe siècle on hésitait entre dédisez et dédites. Puisque je l'ai promis, ne m'en dédisez pas [MOL., Mis. III, 4]Mais dans l'édition originale de 1669 il y a : ne m'en desdites pas.
SYNONYME
- SE DÉDIRE, SE RÉTRACTER. Ces deux verbes signifient désavouer ce qu'on avait dit, avancé. Dédire est plus général ; c'est désavouer une chose dite, quelle qu'elle soit ; on se dédit aussi bien des paroles bonnes que de paroles indifférentes ou agressives. Mais rétracter implique qu'il y avait, dans ce que nous avions avancé, quelque chose qui blesse, offense ou mérite du blâme. Je lui avais attribué cet acte de générosité ; la chose est fausse ; je m'en dédis. Je lui avais imputé cette mauvaise action ; j'étais mal informé, je me rétracte.
HISTORIQUE
- XIIe s. Quanque tu as et dit et devisé, Desdi je tot en l'enor dam le Dé [en l'honneur du seigneur Dieu] [, Bat. d'Aleschans, V. 1398]N'[y] a baron en la court qui de rien l'en desdie [, Sax. XXXII]Johans de Salesbire li aveit dunches dit : Sire, tuz jurs avez nostre conseil desdit [, Th. le mart. 143]Pur ço qu'or desdiseit ço qu'ainz ot graanté [, ib. 43]Desdire les voleit li bers del jugement : Mais mult li unt prié trestuit communement Qu'il laist cele ire ester, nel [ni le] desdie neent ; Face la volenté le rei e sun talent [, ib. 32]
- XIIIe s. De riens que commandez, ne serez jà desdite [, Berte, LIV]De lui auron ore tel pès, Que jamès mal ne nos fera, Ne chose ne nos desdira Que nis un de nos fere voille [, Ren. 6020]Si vos pri, seignor amoreus, Que se vous i trovés paroles Semblans trop baudes ou trop foles, Por quoi saillent li medisant Qui de nous aille mesdisant Des choses à dire ou des dites, Que cortoisement les desdites [, la Rose, 15368]Adonques, se nus ne le desdit [contredit], cil qui sont nommé devant demorent procureur [BEAUMANOIR, 81]Et qui dit parole por sei en court, ou que il otreie ce que son conseil a dit, il ne le peut puis desdire ne neer [nier] [, Ass. de J. 52]
- XIVe s. Si fist Karenlouet, qui dit : alons avant ! Et Guillaume Beitel ne les va desdisant [, Guesclin. 16326]Mais quant vos cuers m'escondit, Vos dous regars s'i mesle et l'en desdit Si doucement que plus en gré reçoy Vostre refus que d'une autre l'ottroy [MACHAULT, p. 62]
- XVe s. Ce sont trois personnes ensamble Et un seul Dieu : dy, qu'il t'en sanble ? Oserois-tu ceci desdire ? [, la Pass. de N. S. J. C]Et n'est nul en Angleterre, tant soit noble ni de grand affaire, qui l'ose courroucer ni desdire de tout ce qu'il veut faire [FROISS., I, I, 7]Le traité plut assez bien au roi de France, pour mieux complaire au roi d'Escosse, et ne desdit de rien le traité [ID., I, I, 169]Pour ceste cause fut desdicte la trefve [COMM., III, 9]
- XVIe s. Se desdire de sa parole [MONT., III, 78]Ne voulant desdire [contredire] Platon, qui estime.... [ID., IV, 78]Cette missive m'est un petit suspecte, car elle parle comme si le livre estoit dedié à Trajan, ce qui est manifestement dedict par le commencement du livre [AMYOT, Préf. XXI, 49]Aristaenetus, qui s'estoit tousjours monstré fort affectionné aux Romains, dit qu'il ne les falloit desdire en chose quelconque, ny se montrer ingrats envers eulx [ID., Philop. 30]Ilz desdirent [refusèrent] fort et ferme Alexandre, quand il les cuida à toute force faire encore passer la riviere de Ganges [ID., Alex. 104]Ils avoient appelé impudence la hardiesse d'un jeune homme, qui avoit osé, premier que d'estre au lieu, desdire les asseurances d'un tel homme que Segur Pardaillan [D'AUB., Hist. II, 270]
ÉTYMOLOGIE
- Dé.... préfixe, et dire ; provenç. desdire ; catal. desdir ; espagn. disdecir ; portug. desdizer ; ital. disdire.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- DÉDIRE. Ajoutez :
PROVERBES
- Il vaut mieux se dédire que se détruire, il vaut mieux renoncer à une mauvaise opération, reconnaître une faute, que d'y persévérer et de s'y perdre.
- Un bon Picard ne se dédit pas, il se ravise.
dédire
SE DÉDIRE signifie Se rétracter, dire le contraire de ce qu'on a dit, désavouer ce qu'on a dit. Les témoins se sont dédits. Vous avez dit du mal d'un tel, vous êtes obligé de vous dédire.
Il signifie aussi Ne pas tenir sa parole, se délier d'un engagement verbal. Il nous avait promis cela, il s'est dédit. Il avait offert mille francs, il s'en est dédit.
Fig., Ne pas pouvoir, ne pouvoir plus s'en dédire, Être trop engagé dans une affaire pour ne pas aller jusqu'au bout. On dit de même, Il n'y a plus, il n'y a pas à s'en dédire.
dédire
DÉDIRE, v. a. [1re. é fer 2e. lon. 3e. e muet. — Il se conjugue comme dire, excepté à la 2de. persone du pluriel du présent de l'Indicatif, où l'on dit, vous dédisez et non pas vous dédites.] Avec le régime des persones, désavouer quelqu'un de ce qu'il s'est avancé de dire ou de faire pour nous. J'espère que vous ne me dédirez pas. Vous n'en serez pas dédit. — En parlant des chôses qu'on a dites mal-à-propos, se rétracter. "Les témoins se sont dédits. "Il vous faut dédire de tout ce que vous avez dit. = Se dédire c'est aussi manquer de parole. "Il s'est dédit; il s' en est dédit. — Ne pouvoir plus s'en dédire, être forcé de le faire. "Ce Général s'est trop avancé: il faut qu'il livre batâille: il ne peut plus s'en dédire.