démesuré, ée
DÉMESURÉ, ÉE
(dé-me-zu-ré, rée) adj.1° Qui excède la mesure ordinaire.
Grosseur démesurée [VOIT., Lett. 36]
Ce qui effrayait davantage les barbares, c'était ces tours d'une hauteur démesurée qu'ils voyaient se mouvoir, ce leur semblait, d'ellesmêmes [ROLLIN, Hist. anc. Œuvres, t. VI, p. 492]
C'est moi, qu'en voulez-vous dire ? - Que vous êtes un sot, repartit l'autre en lui déchargeant un démesuré coup de sa raquette sur les oreilles [SCARRON, Rom. com. I, 3]
2° Fig. Extrême, excessif. Présomption démesurée. Soif demesurée d'or, de gloire.
Brûlent-ils comme toi d'amour démesurée ? [RÉGNIER, Dial.]
J'avais une envie démesurée de faire parler de moi [FONTEN., Érostrate, Démétrius.]
Ses ennemis lui reprochèrent une passion démesurée pour les richesses [RAYNAL, Hist. phil. IV, 20]
Nous ne sommes que des hommes ; la défiance de nous-mêmes, la crainte de paraître faibles peuvent entraîner au delà du but ; nous serons obsédés de conseils violents, démesurés [MIRABEAU, Collection, t. I, p. 314]
HISTORIQUE
- XIIe s. Ton fier courage qui est desmesurez [, Ronc. p. 14]Dist au paien : trop es desmesurés [, ib. p. 104]
- XIIIe s. Sans faille tu es maus traïstre Et lerres trop desmesurés ; Cent mile fois t'ies parjurés [, la Rose, 10977]Ensorque tout il a plus poine Que n'ont hermite ne blanc moine ; La poine en est demesurée, Et la joie a corte durée [, ib. 3063]Et q ant cil contre qui il fu rendus, oÿ ce, il dist qu'il ne tenroit jà tel dit ne tel ordenance, porce que estoit demesurée por si petit meffet [BEAUMANOIR, XLI, 35]
- XVe s. Filles y avoit à foyson, Faisant chere desmesurée [VILLON, Repue de Montfaucon.]
- XVIe s. Craintes demesurées [AMYOT, Solon, 10]
ÉTYMOLOGIE
- Dé.... préfixe, et mesuré.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877