dénier
(Mot repris de dénieraient)dénier
v.t. [ lat. denegare, de negare, nier ]dénier
(denje)verbe transitif
DÉNIER
(dé-ni-é) , je déniais, nous déniions, vous déniiez ; que je dénie, que nous déniions, que vous déniiez v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. U il volsist, u il dengnast, Au leu [loup] covint qu'il l'emportast [MARIE, Fable 62]Dahez [mal à] qui char me denea, Quant ore mangier n'en oson [, Ren. 23191]S'aucuns heritages est vendus à commune, li sires pot denier le [la] sesine à fere [BEAUMANOIR, L, 16]
- XIVe s. Il denoient ou refusent l'un à l'autre aide et subside [ORESME, Eth. 258]
- XVe s. Il cuidoit que ceux de Valenciennes dussent vuider et là venir combattre ; aussi l'eussent-ils très volontiers fait ; mais messire Henry d'Antoiny, qui la ville avoit à garder, leur deneoit et defendoit [FROISS., I, I, 111]Le jeune duc n'osa denyer de le lui bailler [COMM., IV, 1]
- XVIe s. Qui fief denie, ou qui à escient fait faux aveu, ou commet felonie, fief perd [LOYSEL, 648]L'aide de ma bourse ne vous sera desniée, pour.... [LANOUE, 481]Il n'y eut pas un de tous ceulx que Ciceron feit executer par justice, à qui on deniast sepulture [AMYOT, Ant. 1]Aprez avoir attendu quelque temps qu'il [La Boëtie mourant] ne parloit plus et qu'il tiroit des soupirs trenchants pour s'en efforcer, car des lors la langue commenceoit fort à luy denier son office.... [MONT., Lett. V]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. denegar, deneyar, desnegar, desnedar ; espagn. denegar ; ital. dinegare ; du latin denegare, de la préposition de, et negare (voy. NIER). La forme dengner, par suppression de l'i bref, est correcte et fort ancienne. Denoier était une forme usitée dans certains dialectes, comme loier et lier, proier et prier, et, dans la langue actuelle, ployer et plier.
denier
Il s'est dit également d'une Ancienne monnaie française de cuivre, qui valait la douzième partie d'un sou tournois ou le tiers d'un liard.
Denier à Dieu, Somme qu'on donne en guise d'arrhes pour un marché verbal ou pour une location de maison ou d'appartement.
Le denier de Saint-Pierre, Tribut que l'Angleterre payait autrefois au pape, et qui n'avait été d'abord que d'un denier par maison. Il se dit aujourd'hui des Contributions volontaires recueillies parmi les catholiques pour subvenir aux besoins du Saint-Siège.
Denier du culte, en France, Contribution volontaire versée par les fidèles d'une Église pour les besoins du culte.
Il se dit aussi de Toute espèce de numéraire, de toute somme d'or ou d'argent; et alors on l'emploie surtout au pluriel. Il sera payé sur les premiers deniers de cette recette. Les deniers publics. Il a acheté cela de ses deniers, de ses propres deniers, à beaux deniers comptants.
dénier
Il signifie aussi Ne pas vouloir accorder quelque chose que la bienséance, l'honnêteté, l'équité, la justice exige qu'on accorde. Ne me déniez pas votre secours. Le père ne peut dénier les aliments à son fils. On ne doit pas lui dénier cet honneur. On lui a dénié toute justice.
denier
Denier, m. acut. dissyllab. Est de deux sortes, denier tournois, dont les douze font le sol tournois: et denier Parisis, dont les douze font un sol trois deniers tournois. Vaut deux oboles, et l'obole deux pictes ou poictevines, tournois le tournois, et parisis le parisis, Denarius, Ainsi le denier parisis est de la valeur du tournois et picte. Denier aussi est une espece de poids en poids de marc, dont les trois font le gros, se divisant le denier en 24. grains, voyez Marc et Gros.
un Denier ancien vallant dix livres d'argent, Denarius.
Denier vallant quatre petis sesterces, c'est à dire trois sols six deniers, Denarius Romanus.
¶ Les deniers communs d'une ville, AErarium.
Deniers ordonnez pour le payement des gens-darmes, AErarium militare.
Deniers ordonnez pour certaines charges, Attributa pecunia, B.
Quatre cens deniers, Denarij quadringeni.
Ils se saisissent et emportent les deniers communs, Manum vectigalibus admouent.
Convertir en deniers, et iceux mettre au thresor public, In aerarium redigere.
Racheter quelque chose des deniers communs de la ville, Publice redimere.
Amasser deniers, Construere pecuniam et coaceruare.
Assembler ou lever deniers, pour la soulte de souldars, Stipendium cogere.
Assembler et lever deniers sur les villes pour faire statues, Cogere pecuniam a ciuitatibus statuarum nomine.
Baille le denier à Dieu, Cedo nummum dominicum, siue Deo sacrum, Repraesenta nummum Vertumno sacrum, B.
Lever les deniers qu'on a assis et imposez sur quelque peuple, Exigere imperatam pecuniam, Colligere stipem a castellanis.
Ceux qui retiennent les deniers, Suppressores nummorum.
Retenir les deniers, et ne les rendre point, Nummos retinere.
Rendre jusques au dernier denier, Ad assem reddere.
Payer jusques au dernier denier, Soluere ad denarium.
¶ Le denier à Dieu et arres, Arrha.
Francs deniers, Pretium pleno iure, Pretium iure optimo, B.
dénier
Dénier quelque chose, Denegare, Inficiari.
Dénier tout, ou ne rien confesser à la question ou à la gehenne, Pernegare in quaestionibus. B.
denier
DENIER, s. m. DÉNIER, v. a. [De-nié, dénié; le 1er a l'e muet à la 1re, et il n'est que de deux syllabes; l'e du 2d est fermé, et il est de trois syllabes: l'i est long devant l'e muet: Il dénîe: au futur et au conditionel, l'e est tellement muet, qu'on ne le fait nullement sentir: Il déniera, dénierait: pron. dénira, diniré, en trois syllabes.] I. Denier, est, 1°. Une petite monoie de cuivre, valant la 12e partie d'un sou. "Il y avait aûtrefois des deniers d'argent; et c'est de ces deniers dont on parle, quand on dit que le Sauveur fut vendu trente deniers. = 2°. Au pluriel, somme d'argent. Les deniers royaux, les deniers publics, les derniers d'une recette, etc. = 3°. Intérêt d'une somme principale. Le denier vingt, le cinq pour cent; le dernier vingt-cinq, le quatre pour cent. = 4°. Certaine part qu'on a dans une afaire. "Il a un denier dans les Fermes, la douzième partie d'un vingtième. = 5°. Faire les deniers bons, ou, être garant des deniers, c'est garantir le paiement de la somme qu'on est chargé de faire payer. "Ils en avoient aboné le produit, moyennant une somme, dont on faisoit les deniers bons au Prince. Moreau. = 6°. On dit proverbialement~, qu'on mettrait bien son denier à une chose, pour dire, que si elle était à vendre, on en ferait volontiers l'aquisition. — On dit aussi, d'un homme plus fin qu'un aûtre, qu'il le vendrait à beaux deniers comptans.
II. DÉNIER, est 1°. Nier. En ce sens, il ne se dit qu'en ces phrâses: Dénier un fait, un crime, un dépôt, une dette. = 2°. Refuser ce que l'honêteté, l'équité, ne veulent pas qu'on refuse. "Ne me déniez pas votre secours: On lui a dénié toute justice. Il est plus d'usage au Palais que dans le discours ordinaire, où refuser est plus usité. — Aûtrefois on en faisait un plus grand usage. "Puis-je lui dénier quelque part dans mes discours? Bossuet. "Il pouvoit bien lui demander la mort, mais il ne la pouvoit pas espérer; et se la voyant déniée, il ne se devoit point retirer de devant elle, sans faire du moins quelque démonstration de se la vouloir donner. Acad. Sent. sur le Cid.