déraison
déraison
n.f.DÉRAISON
(dé-rè-zon) s. f.HISTORIQUE
- XIIe s. Tel poesté ne puet nul chardenaus aveir ; Par mei n'aura nul d'els de desraisun poeir, E poesté de pape n'aura par mun voleir [, Th. le mart. 56]
- XIIIe s. Certes, moult est laide chose et vilaine, que il est de çaiens forclos, et moult i est grans la mesproison por vous, et la desraisons de che que il oncques le fust [H. DE VALENC., XVIII]Et cil monstrerent la besoigne et la desraison que lor dame lor faisoit [, Chron. de Rains, 228]Seigneur, vous iestes tout mi home, et je suis vostre sires.... et vous ai moult amés.... et donné du mien largement, et ne vous fis onkes tort ne desraison, ains vous ai toujours menés par droit [, ib. 147][On blâme une dame] De la desraison qu'ele fait, Qui loial amant morir lait [laisse] [, Bl. et Jeh. 1007]En tex [tels] dons n'a pas desreson [, la Rose, 8266]Oiez, prelat et prince et roi, La desreson et le desroi Qu'on a fet à mestre Guillaume [RUTEB., 71]
- XIVe s. N'oncques puis je ne m'assenti De faire à nulluy desraison, N'autre chose contre raison [BRUYANT, dans Ménagier, t. II, p. 33]
ÉTYMOLOGIE
- Dé.... préfixe, et raison ; provenç. desrazo ; ital. disragione.
déraison
déraison
DÉRAISON, s. f. DÉRAISONABLE, adj. DÉRAISONABLEMENT, adv. DÉRAISONER, v. n. [Dérèzon, zonable, nableman, né; 1re é fer. 2e è moy.] Tous ces mots expriment un défaut de raison. "Les systêmes des Philosophistes ne sont que déraison et inconséquence. Ils déraisonent continuellement. On ne voit dans leurs écrits que des pensées déraisonables. "Jamais on n'avait parlé plus déraisonablement.
REM. 1°. Déraisoner s'emploie toujours neutralement et sans régime. Il y en a un dans la phrâse suivante, où l'on peut le pâsser, à cause du contraste et des privilèges du style critique. "L'Auteur le fait raisonner, ou plutôt déraisoner politique. Ann. Litt. 2°. Quelqu'un a employé déraisonement, mais ce mot n' a pas fait fortune. Dailleurs il est inutile, et déraison a le même sens.