dévotion
dévotion
n.f.dévotion
(devɔsjɔ̃)nom féminin
DÉVOTION
(dé-vo-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.PROVERBE
- Il n'est dévotion que de jeune prêtre, c'est-à-dire on fait les choses avec un grand zèle quand on est nouveau en quelque charge, en quelque profession.
HISTORIQUE
- XIIe s. En grant devotiun cele messe ad chantée, E à Deu sun seignur ad sa cause mustrée, E pria qu'il le guard de male destinée [, Th. le mart. 35]
- XIIIe s. Ensi le firent moult volentiers par tout l'ost, et par moult grant devocion le firent [VILLEH., LXX.]Parquoy cil qui venront à son autel, que il y eussent plus grant devotion [JOINV., 304]
- XIVe s. Sachent touz que nous à nostre amé et feal Jehan conte de Bretaigne et à ses hoirs, en nostre feauté et en nostre devotion demourans à tous jours mais.... octroions [, Ordonn. des rois de France, t. I, p. 329]Du sepoucre [ils] venoient acquerre le pardon, Ainsi qu'à pluseurs gens en prent devocion [, Guesclin. 15429]Là prist à Bauduin grande devotion D'aller outre la mer, sans nulle arrestison [, Baud. de Seb. VIII, 707]
- XVe s. Le jour de la feste N. D. en mi aoust.... allerent en pelerinage à N. D. de Vregny.... Leur devotion faite, ils vinrent en une taverne au dit Vregny [DU CANGE, devotiones.]Et fit là en droit le roi dire grand foison de messes pour accommunier ceux qui devotion en auroient [FROISS., I, I, 41]Maint homme [les femmes] ont fait briser s'entencion, Que l'en tenoit de très ferme couraige, Et delaissier toute devocion, L'un par amours, l'autre par mariage [E. DESCH., Empire des femmes.]Ainsi traversa le chevalier la riviere, et vint aborder à l'isle où il devoit combattre, et là sailli hors de son batteau, vestu d'une longue robe de drap d'or gris fourrée de martres ; il avoit sa bannerolle en sa main figurée de ses devotions [images auxquelles il avait dévotion], dont il se signoit [OL. DE LA MARCHE, Mém. liv. I, p. 297, dans LACURNE]
- XVIe s. Comme il estoit en devotion sur certain poinct de la messe [MONT., I, 254]Combien d'hommes, et en Turquie surtout, vont nuds par devotion ? [ID., I, 259]Les rivieres, les passages, à sa devotion, luy conduiroient et vivres et deniers [ID., I, 356]Les tyrans ont ils jamais failli de trouver assez d'hommes vouez à leur devotion ? [ID., II, 168]À Rome tout estoit quasi à sa devotion [de Pompée] [LANOUE, 551]Quand toute leur puissance, qui se trouva très grande, et en bonne devotion de bien faire, fut assemblée en un camp [AMYOT, Cor. 43]Estant tousjours prest à faire de bien en mieulx pour ceulx qui luy estoient redevables, à fin de les entretenir et garder tousjours en sa devotion [ID., Flamin. 1]L'orateur Callistratus devoit plaider en jugement la cause d'Oropus, et attendoit un chascun en grande devotion le jour de ce plaidoyer [ID., Démosth. 7][Une chapelle] où mesme Soliman vint faire ses devotions [D'AUB., Hist. I, 31]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. devotio ; catal. devoció ; espagn. devocion ; ital. devozione ; du latin devotionem (voy. DÉVOT).
dévotion
Livres de dévotion, Livres qui servent aux exercices de dévotion, qui contiennent des prières, des oraisons mystiques, etc.
Tableau de dévotion, Tableau représentant un sujet pieux.
Il signifie par extension Accomplissement des pratiques religieuses et, au pluriel, Ces pratiques mêmes. Il est en dévotion. Après avoir fait toutes leurs dévotions au tombeau du prophète, ils repartirent.
Il signifiait autrefois Dévouement. On dit encore Être à la dévotion de quelqu'un, Lui être tout dévoué.
devotion
Exciter à devotion, Perfundere animos religione. Bud. ex Liuio.
Un lieu saint, et auquel on a grande devotion, Religiosum delubrum.
Frequenter un temple par grande devotion, Templum aliquod religiosissime colere.
Il a la campagne à sa devotion, Ager illius est. Liu. lib. 23.
dévotion
DÉVOTION, s. f. [Dévo-cion, et en vers ci-on: 1re é fer.] Piété, atachement au service de Dieu. Vraie ou fausse dévotion, raisonable, sincère, ou mal entendue, afectée, etc. Être dans la dévotion, dans une grande dévotion. — Se mettre dans la dévotion.
REM. Dévotion régit le datif, ou le génitif (à ou de): le 1re régime est le meilleur; il semble même qu'il devrait être le seul bon. Il parait qu'on devrait toujours dire, la dévotion à la Ste. Vierge, aux Ss. Anges; mais l'usage a prévalu de dire aussi, la dévotion de la Ste. Vierge, des SS. Anges. — Avec le verbe avoir on dit toujours à, et dévotion s'emploie sans article, ou avec l'article partitif. Avoir dévotion, ou de la dévotion, ou beaucoup de dévotion à un Saint, à une Église. — Il se prend aussi pour les exercices de la dévotion. Il est en dévotion: Je n'ai pas voulu interrompre votre dévotion. — Voyez RELIGION.
DÉVOTION au pluriel, se dit pour la Communion. Faire ses dévotions. * M. Grosier dit de Sennacherib, qu'il périt misérablement à Ninive, et que ses deux fils le tuèrent dans le Temple, où il faisoit ses dévotions. L'expression me parait fort impropre, aussi bien que celle de Madame Dacier, qui dit que "Mercure protégeoit Autolycus, parce qu'il avait pour lui une dévotion particulière. Ce mot, apliqué aux Divinités payènes, me parait fort déplacé.
DÉVOTIONS signifie quelquefois Dévoument, disposition à faire la volonté de quelqu'un: mais il ne se dit que dans cette phrâse adverbiale, être à la dévotion de... à ma dévotion. "On lui manda que la ville étoit à sa dévotion. D'Abl. "Les Bactriens étoient à leur dévotion. Id. — * Autrefois on lui donait le sens d'atachement singulier, de complaisance aveugle.
J'aurais toujours pour vous, ô suave merveille!
Une dévotion à nulle aûtre pareille.
Mol.
Cela ne serait bon aujourd'hui que pour rendre ridicule un hypocrite.
À~ dévotion, adv. À~ volonté, sans y être obligé. "L'ofrande est à dévotion. Proverbialement, à l'ofrande qui a dévotion; va à l'ofrande qui veut. Le proverbe dit: il n'est dévotion que de jeune Prêtre, comme il dit: il n'est ferveur que de novice. On n'a jamais plus d'ardeur pour une profession et dans une entreprise, que quand on la comence.