dévoyer
(Mot repris de dévoyons)dévoyer
v.t. [ de voie ]DÉVOYER
(dé-vo-ié ; plusieurs prononcent dévoi-ié. L'i remplace l'y grec toutes les fois qu'il est suivi d'un e muet : je dévoie ; je dévoierai) v. a.HISTORIQUE
- XIIIe s. Berte si les desvoie [leur fait prendre le change], Que Symons et Constance tous ses bons lui otroie [font ce qu'elle veut] [, Berte, CVI]Car Diex maint desvoié bien à voie ramaine [, ib. L]Li fox [fou] qui trop se devoia [, Ren. 7340]Bien me fet Renart desvoier De mon besoing et destorber ; Malgré mien, mestuet sejorner [, ib. 16990]Le chief ai vuit et estoné Du duel [deuil], et de l'ire et del pens, Dont tot est desvoiez mon sens [, ib. 15900]Tout li mondes vait ceste voie, C'est li diex qui tous les desvoie [, la Rose, 4356]Par quoi li cuer [les cœurs] si se desvoient Por la plesant impression De lor imaginacion [, ib. 8962]Cis flueve va tant tournoiant, Par tant de destrois desvoyant O [avec] tout son venin dolereus, Qu'il chiet ou [tombe au] flueve doucereus [, ib. 6090]Je di fortune est non voianz, Je di fortune ne voit goute, Ou en son sens est desvoianz ; Les uns atret, les autres boute [RUTEB., 88]
- XVe s. Nous voulons avoir compte du grand tresor de Flandre, que vous avez devoyé sans titre de raison [le bruit s'était répandu qu'il l'avait envoyé en Angleterre] [FROISS., I, I, 248]
- XVIe s. Mille routes desvoyent du blanc, une y a [MONT., I, 37]Elle nous desvoye du beau et plain chemin que nature nous a tracé [ID., I, 225]Une troupe errante et desvoyée au sentier de perdition [ID., II, 224]Pour divertir les opinions et conjectures du peuple et desvoyer les parleurs [ID., III, 300]Les veneurs n'endurent pas que leurs chiens se desvoyent [AMYOT, De la curiosité, 19]L'odeur seule d'icelle [médecine] luy desvoya tellement le ventre, qu'il fut contraint d'aller sept fois à ses affaires à l'instant [PARÉ, Introd. XXII]
ÉTYMOLOGIE
- Dé.... préfixe, et voie.
dévoyer
Il est surtout employé pronominalement et signifie Quitter le bon chemin, le chemin de la vertu, de l'honneur, de la raison, du bon sens. Ce jeune homme se dévoie de plus en plus.
Le participe passé DÉVOYÉ, ÉE, s'emploie comme nom dans ce sens. C'est un dévoyé.
dévoyer
DÉVOYER, v. a. [Dé-voa-ïé; 1re et dern. é fer. Devant l'e muet on change l'y en i; il devoie, ils devoient: pron. dé-voâ: l'oi est long. Au futur et au conditionel, il devoiera, dévoierait, et non pas dévoyera, dévoyerait. Pron. dévoâra, dé-voârè, en 3 syll.] Au propre, détourner de la voie, du chemin. "Ce guide l'a dévoyé. "Il s'est dévoyé. Figurément; se dévoyer du chemin du salut, de la vérité; le quiter.
DÉVOYER, causer le dévoiement, éfet ordinaire des indigestions. "Ces fruits l'ont dévoyé, lui ont dévoyé l'estomac.
DÉVOYÉ, adj. On apèle tuyau dévoyé, un tuyau de cheminée, qui, après être monté verticalement, se détourne de sa ligne droite. — S. m. pl. Ramener les dévoyés, ceux qui ne sont pas dans la bone voie du salut. Il est un peu vieux. L'Acad. le met sans remarque.