deux
deux
[ dø] adj. num. card. inv. [ du lat. duo ]DEUX
(deû ; l'x se lie : deû-z hommes)REMARQUE
- 1. Il est difficile de se rendre un compte exact de la locution tous deux, tous les deux. Elle répond, pour le sens, à l'ancien français ambedui, nominatif, ambedeux, régime, et, par contraction, andui, andeux. Il semble que le pluriel tous joint à deux fait une sorte de contradiction ; car peut-on dire tous en parlant de deux ? Si on disait : allons-y deux, cela signifierait que nous sommes plusieurs et que deux d'entre nous vont y aller ; au lieu que allons-y tous les deux signifie que nous ne sommes que deux qui y allons l'un et l'autre. C'est pour exprimer cette nuance que, ayant perdu ambedui, on l'a remplacé en joignant tous avec deux ; adjonction qui a été facilitée par l'ancienne préposition à tout ou atout et qui signifiait ensemble. Cette locution, n'étant pas dans l'historique, paraît née dans le XVIIe siècle. Outre ambedui, qui est tout à fait ancien, on exprimait la même idée en joignant à deux le pronom personnel : allons-y nous deux ; ils y allaient eux deux ; et dans les vers de la Fontaine, cités ci-dessus, on aurait dit : Vous me semblez vous deux fatigués du voyage.
- 2. Faut-il distinguer, avec certains grammairiens, tous deux et tous les deux ; allons-y tous deux, signifiant allons-y ensemble ; allons-y tous les deux, signifiant allons-y l'un et l'autre ? Il y a là, comme dans plusieurs synonymes, une différence grammaticale qui disparaît dans l'usage. Tous les deux a, grammaticalement, un sens emphatique que n'a pas tous deux. Mais ce sens emphatique dû à l'article a si peu d'importance dans le langage que personne n'y fait attention et qu'ainsi les deux locutions deviennent synonymes.
HISTORIQUE
- XIe s. Dous de vos contes al paien tramesistes [, Ch. de Rol. XI]Li dui message [messagers] descendent au peron [, ib. CXC]Deus fasse hui entre nous dous le dreit ! [, ib. CCLXXXV]
- XIIe s. En ces deus orent [eurent] paien mauvais voisin [, Ronc. p. 51]Si que la teste [il] lui fist en deus partir [, ib. p. 74]
- XIIIe s. Avec ces contes se croisierent dui moult haut baron de France [VILLEH., III]Or [il] n'ot que deus enfans, n'est drois qu'on m'en desdie [, Berte, II]En tant que les deux tiennent Tybert le renié [, ib. XX]Car deux larron venoient de marcheans guetier [, ib. XXXVIII]Bien surent les deux fille d'or et soie ouvrer [, ib. LVII]Vous deux dedens ma chambre ensemble [je] coucherai [, ib. LVII]Car puis fu par eus deus mainte gent essilie [, ib. LX]Cil dui sont mi enfant de vo fille ma drue [femme] [, ib. LXXX]Or s'en vont li doi roi, n'i firent longue atente [, ib. CXXXIV]Par là, soit esté, soit ivers, S'encorent dui flueves divers [, la Rose, 6004]Puis furent doi et doi ensamble enchaïné ; Les puins detriers les dos lor ont estroit noé [, Ch. d'Ant. I, 615]
- XIVe s. Entre deux [pendant ce temps], les diz legaz commencierent à traitier diverses choses [BERCHEURE, f° 28, verso.]
- XVe s. Se temps avoie dou parler, Et que ci fuissiemes nous doi, Je le vous diroie par foi [FROISS., Espinette amour.]Là furent du comte de Bouquenghen appelés Chandos et Aquitaine, doy rois d'armes [ID., II, II, 67]Vostre conseil avoir m'en fault : L'advis de deux mieulx que d'un vault [CH. D'ORL., Réponse de Frédet.]Entre deux [entre nous], je ne vouldroye Estre en lieu où eüst joye, Com souloye, Car ma douleur doubleroit [ID., Rondeau.]Si ne lui cela guere ce qu'il avoit sur le cœur, et, sans aller de deux en trois, il demanda l'aumone amoureuse [LOUIS XI, Nouv. XVIII]Une femme de Paris a bien trouvé moyen de tyrer hors du Louvre Monseigneur de Ponts. Alors le bastard respondit : Le Louvre et la Bastide [Bastille], ce sont deux [, Ms. relatif à Louis XI, Bibl. des Chartes, 4e série, t. I, p. 267]
- XVIe s. Le secretaire fut si joyeux qu'encore qu'il eust la bouche parfaitement laide et grande en faisant de deux, la rendit si petite que l'on n'eust pas cuidé qu'il eust su mordre dedans le jambon [MARG., Nouv. XXVIII]Ce n'est pas une ame, ce n'est pas un corps, qu'on dresse ; c'est un homme : il n'en fault pas faire à deux [MONT., I, 183]Ils alloient deux à deux armez à cheval à la guerre [deux sur un cheval] [ID., I, 368]Lors eulx deux ensemble mangent la proye [ID., II, 196]Et se sauvoient aucuns d'entre eulx nageans entre deux eaux, et s'en fuyoient [AMYOT, Brutus, 39]Le cavalier donnant des deux à son cheval, le rejetta une seconde fois par terre tout couvert de sang [D'AUB., Vie, XXVI]Il demeura sur l'heure en suspens et, comme l'on dict, entre deux et as, s'il en devoit parler à son bon compere [CARL., II, 8]
ÉTYMOLOGIE
- Picard, deusse ; provenç. dui au nominatif, dos au régime ; espagn. dos ; portug. dous, doas ; ital. duo, due ; du latin duo ; grec ; bas-breton, daou ; angl. two ; allem. zwei ; sanscrit, dva. Dans l'ancien français doi ou dui est le nominatif, et deus, dous le régime, du moins dans les textes corrects.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- DEUX. - REM.
deux
Fam., Il n'y a pas deux voix là-dessus, Tout le monde est d'accord là-dessus.
Ne faire ni une ni deux, Se décider sur-le- champ, agir immédiatement.
Il s'emploie familièrement pour exprimer Un très petit nombre indéterminé. J'ai deux mots à vous dire. Il n'est qu'à deux pas d'ici. Écrivez-moi deux lignes seulement. Je suis à vous dans deux secondes.
Il s'emploie aussi dans le sens ordinal de Deuxième ou Second. Page deux. Article deux. Tome deux. Henri deux, roi de France. Catherine deux, impératrice de toutes les Russies. On écrit plus ordinairement Henri II, Catherine II.
Le deux du mois, ou simplement Le deux, Le second jour du mois.
Il s'emploie également comme nom cardinal pour désigner le Chiffre qui marque deux. Ce deux est mal fait. Effacez ce deux.
Il se dit surtout d'un Ensemble de deux unités. Le produit de deux multiplié par cinq. Le nombre deux. Deux à deux. Deux à la fois. Je les ai vus tous deux ensemble, tous les deux.
Fam., Cela est clair comme deux et deux font quatre, Cela est évident, incontestable.
C'est deux se dit familièrement, dans la conversation, de Deux choses qui ne peuvent se comparer. Promettre et tenir, c'est deux. On dirait mieux Promettre et tenir sont deux.
Elliptiq., Donner ou mieux Piquer des deux, Faire sentir les deux éperons à un cheval pour qu'il aille plus vite. Il signifie figurément et familièrement Aller très vite, faire beaucoup de diligence.
À deux de jeu. Voyez JEU.
Une, deux, se dit, en termes d'Escrime, pour exprimer une Feinte par laquelle on attire l'épée de son adversaire, d'un côté, pour l'attaquer de l'autre.
Il désigne en outre une Carte à jouer ou le Côté d'un dé à jouer, qui porte deux points. Un deux de coeur, de pique, d'un domino. Amener cinq et deux. Fermer le jeu, au domino, avec des deux. Double-deux. Voyez DOUBLE.
deux
Deux, Duo.
Deux à deux, Bini.
Deux à la fois, Bini.
Tout deux, Vterque.
Deux fois autant, Dupla pars, Bis tanto.
Deux fois autant que, etc. Duplicia quam numerus seruorum exigit.
Deux fois plus grand, Duplo maior, Altero tanto maior.
Je l'ay nommé deux ou trois fois, Iterum ac tertium nominaui.
Les deux langues, Vtraque lingua.
deux
DEUX, adj. DEUXIèME, adj. DEUXIèMEMENT, adv. [Deû, long; devant une voyelle, Deûz, deu-ziè-me, zièmeman, 2e è moy. 3e e muet.] Ils expriment un nombre double de l'unité. Deux hommes, deux femmes. "Il loge au deuzième étage, à la deuxième chambre. — On dit plus souvent second, seconde, que deuxième. — Deuxièmement, en second lieu.
REM. 1°. Deux est quelquefois substantif: Éfacez ce deux; un deux de coeur, de pique, etc.
2°. Doit-on tous deux, toutes deux, ou tous les deux, toutes les deux? Le premier vaut mieux pour le discours familier, et le 2d, pour le discours soutenu. "Elles vous embrassent toutes deux. Sév. "Sa délicatesse blessée sera leur suplice à tous deux. Marm.
Ainsi fut fait: de tous deux
On mit près du but les enjeux.
La Font.
L'Acad. ne met d'exemple que de tous deux. "Je les ai vu tous deux ensemble: mais ce n'est pas une preuve qu'elle condamne tous les deux.
3°. On dit, de deux en deux jours, de deux en deux mois, sans répéter le substantif. Dans les Lett. Edif. on lit, de deux jours en deux jours. Ce n'est pas l' usage. — On dit, dans le même sens, de deux jours l'un.
Piquer, ou doner des deux, apuyer en même temps les deux éperons. — Être à deux (et non pas à droit) de jeu: n'avoir point d'avantage l'un sur l'aûtre. — Porter ses deux, jouer seul contre deux. Figurément, exercer deux fonctions. — On dit, en ce sens, au propre et au figuré, faire les deux mains.
deux
(dø)adjectif invariable
en deux parties couper qqch en deux
en étant deux personnes On ira plus vite à deux.
deux
zwei, zwotwo, secondtwee, meerdere, verscheideneדו-, דּוּ-, שניים, שתייםtweeاثنان, اِثْنانdos, duesdvě, dva, dvojkaδύο, δυοdudoskaksدوkaksiदोkettőduoduatvær, tveir, tvödue, paio二두, 둘, 이, 二, 2dudivitodwadois, duas, número doisdoiдваtvåสองikihai二duotodvaдвеnom masculin
deux
[dø] num → twoà deux heures → at two o'clock
le deux février → the second of February
elle a deux ans → she's two, she's two years old
les deux → both
ses deux mains → both his hands, his two hands
tous les deux → both
Nous y sommes allées toutes les deux → We both went.
tous les deux mois → every two months, every other month
deux fois → twice
à deux pas → a short distance away
- Deux places pour la séance de vingt heures
- Deux allers-retours pour ...
- Il est deux heures
- Il est deux heures moins le quart
- Il est deux heures moins dix
- Je voudrais réserver pour sept heures et demie pour deux personnes