dragon
dragon
n.m. [ lat. draco, serpent fabuleux ]DRAGON
(dra-gon) s. m.HISTORIQUE
- XIe s. Serpenz et guivres, dragon et aversier [, Ch. de Rol. CLXXXI]Le dragon [il] porte, à qui la gent s'alie [se rallie] [, ib. CXII]
- XIIe s. A une part est au roi avisé Por le dragon que il voit ventoler, Et l'oriflambe esgarda par delez [, Garin, dans DU CANGE, draco.]Ge sui freres des dragons et compains des ostrusces [, Job, p. 441]
- XIIIe s. Tu freinsis [brisas], sire Dieux, les chiés [têtes] del dragon [, Psautier, f° 88]Ne sai quel gent nous trouverons ; En leurs enseignes ont dragons ; Ce souloient Romains porter ; Ce nous fait moult à redouter [, Roman d'Athis, dans DU CANGE, draco.]Mès li autres vint au devant, Tot autresi com un dragon, Renart sesi au peliçon [, Ren. 24931]Dragons volans et estenceles Font-il par l'air sembler esteles, Qui des ciex en cheant descendent, Si cum les foles gens entendent [, la Rose, 19115]Jà tornassent aus Frans li Sarrasin felon, Quant li dus i sorvient, qui portoit le dragon [, Ch. d'Ant. II, 823]
- XIVe s. Et fu fait serment les uns aux autres que, se aulcun d'eux estoit pour ce pris, se assembleroient à Saint Innocent.... et après ce se par aulcun d'iceulx eust esté fait vouler le dragon [si quelqu'un d'entre eux se f-t mis en campagne] [DU CANGE, draco.]
- XVe s. Monseigneur Bertran tient son fié de nostre sire le roy par baronnie, et doit à nostre sire le roy son service, c'est à sçavoir de cinq chevaliers, et doit porter le dragon du duc de Normandie [DU CANGE, draco.]
- XVIe s. Ces politiques ont des dragons [arquebusiers à cheval ainsi nommés dès 1585] sur les champs, qui prennent tous vos pacquets [, Sat. Mén. p. 90]Il faut tirer hors la veine peu à peu.... tous les auteurs luy ont donné le nom de vena.... si le dragon [dragonneau] vient à suppurer.... [PARÉ, VI, 23]Six jours après, je la trouvai hors la porte Montmartre, sur un cheval de bast, qui rioit à gorge desployée et s'en alloit avec les chassemarées, pour avec eux faire voler son dragon [se mettre en campagne], et retourner en son pays [ID., XIX, 25]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. drac, dragon ; espagn. dragon ; ital. dragone. Dans le provençal, drac est le nominatif du latin dr co, avec l'accent sur dr ; et dragon est le régime, de dracónem, avec l'accent sur có. Quant aux dragons, sorte de cavalerie, Voltaire dit : L'opinion la plus vraisemblable sur l'origine du mot dragon est qu'ils portèrent un dragon dans leurs étendards, sous le maréchal de Brissac, qui institua ce corps dans les guerres du Piémont, [VOLT., Fontenoy, note nn]Ils eurent d'abord le nom d'arquebusiers à cheval ; puis le drapeau aura donné le nom aux soldats. Il n'y a rien à faire, ce semble, pour cette étymologie, du latin drungus, qui signifie une troupe de soldats.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- DRAGON. Ajoutez :
dragon
Fig. et fam., Un dragon de vertu, Une femme dont la vertu est austère et farouche.
Il se dit aussi figurément et familièrement d'une Femme vive, turbulente, acariâtre, ou d'un Enfant mutin et déterminé. Cette femme est un vrai dragon, C'est un vrai dragon, un petit dragon.
Il se dit par analogie, en termes d'Histoire naturelle, de Certains petits lézards des pays chauds, qui ont une aile membraneuse de chaque côté du corps et qui voltigent avec légèreté d'un arbre à un autre.
Il se dit aussi d'un Soldat d'un des corps de cavalerie de ligne. Il est dans les dragons. Régiment de dragons. Colonel, capitaine de dragons. Le casque d'un dragon.
dragon
Un Dragon, Draco.
dragon
DRAGON, s. m. 1°. Espèce de monstre fabuleux. "Le dragon, qui gardoit le jardin des Hespérides. = 2°. Figurément et hyperboliquement, persone maligne, d'humeur fâcheûse et acariâtre. Enfant mutin et méchant. "Cette femme est un vrai dragon. "Cet enfant est un petit dragon.
Ces dragons de vertu, ces honêtes diablesses.
Mol.
Suivant le Rich. Port. on dit, en ce sens, dragonne. L'Acad. ne le dit point, et l'usage ne l'a point admis. On dit toujours dragon. = Le dragon infernal, le démon. = 3°. Tache qui vient dans la prunelle des yeux des hommes et des chevaux. "Avoir un dragon dans l'oeil. = 4° - Dragons, sorte de troupes, qui combattent tantôt à pied, tantôt à cheval. "Colonel, Capitaine, Régiment, Compagnie de Dragons. = 5°. * Dragons, était un mot favori de Mde. de Sévigné, pour exprimer des soucis, des craintes, des inquiétudes. D'après cette illustre Dame, et ce parfait modèle du style épistolaire, quelques persones ont adopté ce mot, en ce sens.