embûche
embûche
n.f. [ de l'anc. fr. embuschier, s'embusquer ] (Surtout au pl.)EMBÛCHE
(an-bû-ch') s. f.REMARQUE
- L'embûche étant proprement une embuscade, une manière de se cacher pour attaquer à l'improviste, en surprise et à son avantage, et non pas un piége, il est clair que tendre ne va pas avec embûche. Mais, dans ces extensions de sens et d'emploi, c'est l'usage qui décide et non le raisonnement ; et l'on dit : tendre, dresser une embûche.
HISTORIQUE
- XIVe s. Que il se meist en embuche repostement avec assez pou de gens [BERCHEURE, f° 31, verso.]Il yssit de son embusche et courit sus aus anemis [ID., ib.]
- XVe s. Toutesfois qu'ils chevauchoient, ils estoient en grant peril pour les embusches que on mettoit sur eux [FROISS., I, I, 211]Et messire Jehan manda ses gens qui estoient en embusque [FENIN, 1420]Ils se devisoient comment celle leur joie non pareille continuer surement pourroient, sans que l'embusche [le secret] de leur dangereuse entreprinse fut decouvert au mari [LOUIS XI, Nouv. 13]Le petit Saintré n'osoit descouvrir l'embusche [cachette] de ses cent soixante escuz [, J. de Saintré, p. 143, dans LACURNE]
- XVIe s. Le monde est après pour me troubler, mon corps me greve, le diable est aux embusches pour me surprendre [CALV., Instit. 594]Romulus leur dressa embusche sur le chemin [AMYOT, Rom. 37]Avoir l'œil au guet, l'oreille aux escoutes, pour descouvrir les embusches [MONT., IV, 385]
ÉTYMOLOGIE
- Voy. EMBUSQUER.
embûche
embûche
EMBûCHE, s. f. EMBUSCADE, s. fém. S'EMBUSQUER, v. réc. [An-bûche, buskade, buské: 2e lon. — Des Imprimeurs peu instruits écrivent ambuche, ambuscade.] Embûche, entreprise secrète pour surprendre quelqu'un, piège qu' on lui tend. Embuscade, embûche dressée dans un bois, ou aûtre lieu caché, pour surprendre les énemis. S' embusquer, se mettre en embuscade. "Dresser des embuches. Faire, ou dresser une embuscade. Se mettre en embuscade. "Donner, tomber dans une embuscade. — "S'embusquer~ dans un bois, etc. "Ces précautions sont nécessaires, pour n'être pas insultés par ces Barbares, lesquels sont souvent embusqués dans les bois qui règnent le long du fleuve. Let. Edif.
Rem. 1°. Embûche s'emploie, le plus souvent, au pluriel. On dit, dresser des embûches, dresser une embuscade. L'Acad. met un exemple du singulier, en avertissant que ce mot a plus d'usage au pluriel. Il est de tous les styles: embuscade est, tout au plus, du style médiocre; s'embusquer n'est que du style simple et familier. — L'Acad. les met sans remarque.
2°. On a remarqué, depuis long-temps, qu'on dit tendre des pièges, et dresser des embûches; cependant de grands Écrivains, ou faûte d'atention, ou se mettant au-dessus des règles et de l'usage, disent, tendre des embûches. M. d'Alembert fait dire à Germanicus: "Allez apprendre à mon père et à mon frère... les embûches qu'on m'a tendues. — M. l'Ab. Grosier prétend qu'on ne dit plus aujourd'hui les embûches que dans le style de la Chaire, quand on parle du démon, et qu' on ne soupçonerait pas un Philosophe de parler le langage de la mysticité. — Je crois que cette critique n'est pas fondée, et qu'embûches n'est pas rélégué chez les Ascétiques. — L'Acad. done trois exemples d'embûche, où il n'est question ni du démon, ni de la mysticité; mais elle dit dresser, et non pas, tendre des embûches.
3°. EMBûCHE, personifiée, est une nouveauté qui peut devenir heureûse, et qui, à mon avis, le mérite. — Le Rédacteur du Mercûre parait ne pas l'aprouver.
L'âge de fer, souillé des plus noirs attentats,
Amenant l'avarice et l'embûche homicide,
Chassa la foi sincère et la pudeur timide.
Anon.