(an-nor-gheu-llir, ll mouillées, et non an-nor-gheu-yir, an prononcé comme dans antérieur ; quelques-uns prononcent é-nor-gheullir ; mais cette prononciation est contraire au bon usage) v. a.
1° Rendre orgueilleux. Les succès l'enorgueillissent.
Immolez, dis-je, sire, au bien de tout l'État Tout ce qu'enorgueillit un si grand attentat [CORN., Cid, II, 9]
Fig.
Ni ces cristaux dont l'Inde enorgueillit ses bords [LEBRUN, Élég. I, 5]
2° S'enorgueillir, v. réfl. Devenir orgueilleux.
La Grèce a produit de mon temps plusieurs grands hommes dont elle peut s'honorer, trois surtout dont elle doit s'enorgueillir, Épaminondas, Timoléon et Phocion [BARTHÉL., Anach. ch. 82]
HISTORIQUE
XIIIe s.
Li emperere .... s'enorgueilli mout envers les barons et envers ceus qui tant bien li avoient fait et servi [VILLEH., XCII]
Et ce ont li preudome establi pour les garçons qui s'enorgueillissent, ains qu'il aient fait la moitié de leur terme ou le quart [, Liv. des mét. 236]
XVe s.
Or se gardent [les Gantois] de eux enorgueillir et leurs capitaines aussi ; mais non feront [FROISS., II, II, 158]
XVIe s.
Afin que les honneurs ne nous enorgueillissent [CALV., Inst. 552]
Afin qu'ils ne s'enorgueillissent point en vaine gloire [ID., ib. 558]
Tout ainsi que l'ennemy se rend plus aigre à notre fuite, aussi la douleur s'enorgueillit à nous veoir trembler soubs elle [MONT., I, 305]
ENORGUEILLIR. (EN se prononce AN.) v. tr. Rendre orgueilleux. Les succès l'enorgueillissent. La fortune l'a bien enorgueilli. S'enorgueillir de son savoir, de ses richesses.
ENORGUEILLIR, ou bien mieux, ENNORGUEUILLIR, v. act. [A-nor-gheu-gli: mouillez les ll. L'usage est pour la 1re manière; mais la prononciation exigerait qu'on adoptât la 2de. Pour la double n, voyez-en la raison à ENN et à ENIVRANT, etc. Pour l'u ajouté après l'e, voyez CUEILLIR. — M l'Abé du Resnel écrit orgueuil, et c' est ainsi qu'on devrait écrire. En écrivant, comme on le fait communément, enorgueillir, on serait porté à prononcer énorghégli: ue n'exprime pas le son de la dipht eu. Voyez ORGUEIL.] Ennorgueuillir, rendre orgueuilleux. "Les succès l'ont ennorgueuilli. "De quoi vous ennorgueuillissez-vous? "Je m'ennorgueillis justement d'être le fils d'un tel père. Th. d'Educ. Le Magistrat. "Ces rivaux (les Anglais) enrichis de nos dépouilles, enorgueillis pendant cinq cens ans de nos écarts, et devenus grands par la fatalité, qui nous empêchoit de nous élever. Linguet.