ensevelir
(Mot repris de ensevelirent)ensevelir
v.t. [ du lat. sepelire ]ensevelir
(ɑ̃səvliʀ) , (ɑ̃səvəliʀ)verbe transitif
ensevelir
Participe passé: enseveli
Gérondif: ensevelissant
Indicatif présent |
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j'ensevelis |
tu ensevelis |
il/elle ensevelit |
nous ensevelissons |
vous ensevelissez |
ils/elles ensevelissent |
ENSEVELIR
(an-seu-ve-lir ; comme deux syllabes muettes ne peuvent se suivre immédiatement, on donne à la syllabe se le son de seu ; autrefois on prononçait en-sé-ve-lir, du moins Richelet écrit ainsi) v. a.SYNONYME
- ENSEVELIR, ENTERRER. Ensevelir, c'est envelopper un corps mort dans le drap appelé linceul. Enterrer, c'est mettre en terre le corps mort. L'historien suisse Ruchat s'est donc exprimé incorrectement dans la phrase suivante : " Calvin mourut le 27 mai (1564) et fut enseveli tout simplement au cimetière commun de Plainpalais. " Il fallait dire, enterré ou inhumé, HUMBERT, Gloss. génev. Il faut distinguer : le fait est que ensevelir a eu de tout temps et a encore le sens de donner la sépulture ; mais il ne l'a que dans le style élevé ; et l'on dira fort bien : il fut enseveli à côté de ses aïeux. Mais, hors de ce style, ensevelir signifie couvrir du linceul ; et c'est pour cela que l'on ne dit pas bien ensevelir au cimetière, et que Humbert a critiqué justement la phrase de Ruchat. Il faut remarquer aussi que toutes les acceptions figurées procèdent de la signification donner la sépulture.
HISTORIQUE
- XIIe s. Pristrentle corps, si l'ensevelirent el sepulcre sun pere en Bethleem, e Joabe si cumpaignum errerent tute la nuit [, Rois, p. 128]Puis morut e fud enseveliz en un hort de sun palais [, ib. 421]
- XIIIe s. E fu ensevelis en la mere eglise [, Chr. de R. p. 17]Moult auroies isnel cheval, Se ne te puis livrer estal, Tant que je t'auré trangloti Et de mon ventre enseveli [, Ren. 7748]Plusor en cest fleuve s'en entre, Non pas seulement jusqu'au ventre, Ains i sunt tuit enseveli, Tant se plongent es flos de li [, la Rose, 6077]Dariere celi qui tenoit les trois coutiaus, avoit un autre qui tenoit un bouqueran entorteillé entour son bras, que il eust presenté au roy pour li ensevelir, se il eust refusée la requeste au vieil de la montagne [JOINV., 259]Cuer qui la fin de ce damaige [la mort] N'a tousjours devant son visaige Est presqu'enseveli en fiens [fumier] [J. DE MEUNG, Tr. 1333]
- XIVe s. Pour l'ame la royne dont li corps fu murdris, à l'eglise où son corps estoit ensevelis.... [, Guesclin. 8922]
- XVIe s. Le peuple qui reçoit oppression des soldats, ne les excusera pas tant, pour ce qu'ils le defendent, comme il les maudira pour ce qu'ils le devorent : ensevelissant le souvenir du bien dans le sentiment des maux [LANOUE, 190]Timandra alla prendre le corps, qu'elle enveloppa et ensepvelit des meilleurs draps qu'elle eust [AMYOT, Alc. 80]La vertu et l'honesteté de Democles est digne de n'estre passée ny ensepvelie en silence [ID., Démétr. 30]Combien de belles actions particulieres s'ensepvelissent dans la foule d'une bataille ? [MONT., III, 15]
ÉTYMOLOGIE
- En 1, et l'anc. français. sevelir, du latin sepelire (voy. SÉPULTURE).
ensevelir
Il signifie encore au figuré Cacher profondément. Ce sont des faits qu'il vaut mieux ensevelir dans l'oubli. Vous n'avez pas le droit d'ensevelir vos talents.
Être enseveli dans sa rêverie, Rêver profondément. Être enseveli dans le chagrin, Avoir un chagrin profond.
S'ensevelir dans la retraite, dans la solitude, Se retirer entièrement du monde.
Il signifie spécialement Envelopper dans un linceul. Il est mort si pauvre qu'il n'a pas laissé un drap pour l'ensevelir.
ensevelir
Ensevelir, act. acut. Est composé de En et Sevelir, qu'on escrit communément Ensepvelir (mais erronément, veu que venant du Latin Sepelio, le François trocque la lettre p en v) et signifie generalement mettre un corps mort en terre. Dont procedent ces mots Sepulture, et Sepulcre, imitez du Latin. Mais le François prend aussi en particulier Ensevelir, pour mettre et coudre en linseul un corps mort, disant Enterrer pour le rendre en terre, Syndone insuere, Tumulare, In sepulcro condere.
Le mestier d'ensevelir, ou de vendre les choses necessaires à la sepulture, Libitina.
Qui fait mestier d'ensevelir les corps morts et de fournir et apprester ce qui est necessaire aux funerailles, Libitinarius.
Qui n'est point enseveli, Insepultus, Nudus.
ensevelir
ENSEVELIR, v. a. ENSEVELISSEMENT, s. m. [Anseveli, liceman: 1re lon., 2e et 3e e muet; 5e e muet aussi au 2d.] Ensevelir, c'est proprement enveloper un corps mort dans un suaire, pour lui doner ensuite la sépulture dans la terre. Ensevelissement, c'est l'action d'ensevelir. = Le substantif ne se dit que dans le sens litéral; le verbe s'emploie aussi dans le figuré. "Être enseveli dans le sommeil, dans la retraite, dans les livres, dans le chagrin, dans la débauche. "Son nom est enseveli dans l'oubli, etc.
"Il faut ensevelir ce secret.
Un coeur que l'univers eût eu peine à remplir,
Dans un désert affreux peut-il s' ensevelir?
CAMPISTRON.
...Un gros de soldats, se jetant entre nous,
Nous a fait, dans la foule, ensevelir nos coups.
RAC. Alex.