feindre
feindre
v.t. [ lat. fingere, façonner ]feindre
Participe passé: feint
Gérondif: feignant
Indicatif présent |
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je feins |
tu feins |
il/elle feint |
nous feignons |
vous feignez |
ils/elles feignent |
FEINDRE
(fin-dr') , je feins, tu feins, il feint, nous feignons, vous feignez, ils feignent ; je feignais, nous feignions ; je feignis ; je feindral ; feins, feignez ; que je feigne, que nous feignions ; que je feignisse ; feignant, feint v. a.REMARQUE
- Voltaire condamne le régime indirect avec feindre ; mais les exemples de Corneille paraissent irréprochables.
SYNONYME
- FEINDRE, DISSIMULER. Étymologiquement, feindre, c'est donner une forme comme l'artiste fait à la terre qu'il moule ; dissimuler, c'est rendre dissemblable. De là la distinction entre ces deux verbes : celui qui feint forme, présente, produit ce qui n'est pas ; celui qui dissimule cache ce qui est : on dissimule sa joie, sa haine ; on feint de la joie, de l'amitié.
HISTORIQUE
- XIe s. Il se feint mort, si gist entre les altres [, Ch. de Rol. CLXVI]
- XIIe s. Car il n'a home de li servir se faigne [, Roncis. p. 1]Jà fu tels jors que les dames amoient De leal cuer sans feindre et sans fausser [QUESNES, Romancero, p. 87]Quant veit li reis Henris qu'il nel purra aveir, Cuida qu'il se fainsist tut pur le deceveir [, Th. le mart. 34]
- XIIIe s. Cil qui cuide gaaigner gloire par fause demonstrance ou par paroles faintes [BRUN. LATINI, Trésor, p. 451]La quinte color [de rhétorique] est apelée fainture, porce que on faint une chose qui n'a pooir ne nature de parler, aussi comme se ele parlast [ID., ib. p. 488]Ne te faindre pas d'estre ce que tu n'ies [ID., ib. p 384]Mais si malade vous faigniés, Tant soupirés, tant vous plaigniés [, la Rose, 9135]
- XIVe s. C'est chose fainte et neant [ORESME, Eth. VI [10].]
- XVe s. Cils [les barons] qui nullement pour leur honneur ne se fussent feints, eurent en convent à la bonne dame qu'ils s'en acquiteroient loyalement [de combattre] [FROISS., I, I, 306]Et Dieu sait si ceulx d'Orleans se faignoient à mener artillerie [, Bibl. des chartes, 2e série, t. III, p. 507]L'autre ne faignoit pas et recommençoit encores de bon cueur [COMM., IV, 8]Ledit duc de prime face faignit à la bailler [la sûreté demandée par le connétable], mais à la parfin la bailla [ID., IV, 12]Feignant [simulant] venir vers son oncle [ID., I, 2]Il faindit, comme bien le savoit faire, une matte chere, et montra semblant de courroux [LOUIS XI, Nouv. XXXIII]
- XVIe s. Frappoit à grandz tours de bras sans se faindre ny espargner [RAB., Garg. I, 44]Les poetes feignent un grand tas de dieux mal faisans [ID., ib. I, 45]Elle va feindre d'estre malade [MARG., Nouv. LXI]Le seigneur de Bonnivet, pour lui arracher son secret, feignit lui dire le sien [ID., ib. IV]Pour revenir à sa clemence [de César], nous en avons plusieurs naïfs exemples au temps de sa domination, lorsque, toutes choses estant reduictes en sa main, il n'avoit plus à se feindre [MONT., II, 33]Les poëtes feignent Niobé avoir este transmuée en rochier [ID., I, 7]N'est-ce pas toy, dont la divine main De vil bourbier forma le corps humain, Pour y enter l'ame que tu as feinte Sur le portrait de ton image saincte ? [DU BELLAY, III, 92, recto.]Leonidas, entrant un jour audacieusement en grosses paroles contre luy, ne faignit pas de luy dire.... [AMYOT, Lyc. 3]Disant qu'il seroit bien beste, si pour crainte du nom seulement d'estre appelé tyran, il faignoit d'accepter la monarchie [ID., Solon, 22]Le messager faignit que l'issue en avoit esté doubteuse [ID., Fab. 7]Après avoir bien noté et remarqué l'endroit de la muraille que le brutien avoit à garder, lequel avoit promis de se faindre et de laisser entrer ceulx qui viendroient assaillir ce costé là [ID., ib. 44]Un homme feint [fourbe] [ID., Solon, 63]
ÉTYMOLOGIE
- Bourg. foindre, il ne foint pas, il ne craint pas ; provenç. fenher, feigner, finher ; espagn. et portug. fingir ; ital. fingere ; du lat. fingere, feindre, supposer. Dans l'ancienne langue, se feindre signifie souvent ne pas vouloir, hésiter à. Selon Curtius, le sens primitif du radical fig, en grec, est toucher. Aussi le sens propre de fingere est façonner. Du sens de façonner on a passé à celui de feindre, c'est-à-dire façonner une apparence. De ce qui n'a qu'une apparence et qui est vide, faible, on en est venu au sens de hésiter, craindre.
feindre
Le participe passé FEINT, EINTE, s'emploie adjectivement. Une amitié feinte. Une feinte réconciliation. De feintes caresses.
En termes d'Architecture, Porte feinte, colonne feinte, fenêtre feinte, etc., Représentation d'une porte, d'une colonne, etc., que l'on fait pour la symétrie ou pour l'agrément.
feindre
Feindre, voyez Faindre.
feindre
FEINDRE, v. act. et neut. FEINTE, s. f. *FEINTISE, s. f. [Fein-dre, te, tize: 1re lon. 2e e muet aux deux premiers, lon. au 3e.] Feindre, c'est 1°. faire semblant. "Feindre une maladie; feindre de la joie. = Il régit de devant les verbes; alors il est neutre: il feignit d'être en colère. — Corneille retranche la préposition.
César en fut épris: du moins il feignit l'être.
Pompée.
Il faut dire, il feignit de l'être. = Il s'~ emploie~ aussi neutralement sans régime. "Posséder l'art de feindre.
Avec moi, saint-Géran, à quoi bon vous contraindre?
Je sais mieux deviner que vous ne savez feindre.
Barthe.
Reconoissez l'erreur qui vous prévenoit tous,
En faveur d'une femme instruite en l'art de feindre.
La Chaussée.
2°. Inventer. Il se dit sur-tout des Poètes. "Feindre des chôses, des caractères, qui n'ont point de vraisemblance. = 3°. Aûtrefois on en faisait un grand usage avec la négative, dans le sens de craindre. "St. Basile ne feignoit pas de toucher et d'embrasser les lépreux. Fleuri. "Je ne feignis point d'ajouter quelques nouvelles remarques. La Bruyère. "Caron ne feignit point de lui dire que, etc. Rollin. "Il ne feignoit pas de dire, etc. Boss. "Les anciens ne feignoient point de comparer les engagemens de la Chevalerie à ceux de l'ordre monastique, et même du Sacerdoce. Velly. Hist. de Fr. L'Acad. le met encôre à peu près dans le même sens, pour, ne pas hésiter, ne pas faire dificulté de... "Il n'a pas feint de lui déclarer, etc. = * Aûtrefois aussi, pour dire qu'un homme s'emploie à une chôse avec ardeur, on disait qu'il ne s'y feignoit pas, et cette expression est encôre aujourd'hui fort comune en Bourgogne. = 4°. Boîter. "Il est guéri de sa goutte, mais il feint encôre un peu du pied gauche. "Ce cheval feint d'un pied. Acad. — C'est un mot du style simple et de conversation. = 5°. Feint, feinte, adj. Simulé, inventé à plaisir. "Mal feint; histoire feinte, amitié feinte. = Représenté en peintûre ou autrement, pour la simétrie. "Porte, fenêtre, colone feinte.
FEINTE aime à précéder: feinte douceur, feinte tendresse. Il peut aussi suivre, il le doit même quelquefois. Feinte histoire ferait une inversion dûre. — Le masculin est peu usité.
FEINTE, subst. n'a que le premier sens de feindre. Dissimulation, déguisement, artifice. Faux semblant. "Toute sa dévotion n'est que feinte. "Ses feintes n'ont pas réussi. Parler sans feinte.
À~ vous parler sans feinte;
Je n'en suis pas très-sûr, mais j'en ai quelque crainte.
Barthe.
= * Rousseau l'emploie au lieu de fiction, calomnie. Il dit de lui-même, en s'adressant à la postérité.
Voilà quel fut celui qui t'adresse sa plainte,
Victime abandonée à l'odieuse feinte,
De sa seule innocence en vain acompagné.
La rime a produit cette impropriété de terme.
La Fontaine a dit aussi, feinte pour fiction.
La feinte est un pays plein de terres désertes.
*FEINTISE, s'est dit aûtrefois pour, feinte, déguisement. — L'Acad. l'a encôre employé dans ses Sentimens sur le Cid. Cela se pourroit bien défendre par l'exemple de plusieurs Princes qui ont usé de feintise dans leurs jugemens. — Elle dit dans son Dictionaire, que ce mot vieillit; et comme elle le dit depuis longtems, il faut qu'il soit bien vieux.
feindre
feindre
affect, feign, pretend, counterfeit, attitudinize, pose, put on airs, shamהעמיד פנים, הֶעֱמִיד פָּנִיםveinzen, voorwenden, zich aanstellenafectaraffektieren, gespreitzt tun, sich den Anschein geben, sich geziert benehmen, sich unnatürlich benehmen, sich zieren, spielen, vorgeben, vortäuschen, fingierenafektidarse tono, ponerse, ser presuntuosoolla olevinaanaffektálposare, fingereafectar, fingirafekto假裝 (fɛ̃dʀ)verbe transitif