fourrer
(Mot repris de fourrâtes)fourrer
v.t. [ du germ. fodr, gaine ]se fourrer
v.pr.fourrer
Participe passé: fourré
Gérondif: fourrant
Indicatif présent |
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je fourre |
tu fourres |
il/elle fourre |
nous fourrons |
vous fourrez |
ils/elles fourrent |
FOURRER
(fou-ré) v. a.Fourrer, venant de l'ancien français fuere, qui signifiait fourreau, a deux acceptions principales dont les autres dérivent : envelopper, garnir comme d'un fourreau, et mettre comme dans un fourreau.HISTORIQUE
- XIIIe s. L'empereres envoia au soudan por faire pes forrée [, Hist. occid. des croisades, t. I, p. 370]Et lor panel tot altresi Estoient de paille fori [, Lai du trot]Renart si li forre souvent Autresi con s'il fust à feste [, Ren. 3194]Si ot [Vieillesse] d'une chape forrée Abrié et vestu son corps [, la Rose, 398]
- XIVe s. Fourrer la paume [garnir la main, donner de l'argent] [, Ord. des rois de Fr. t. II, p. 225]
- XVe s. Je me doute que ce ne fust pais fourrée ou par crainte [VALLET DE VIRIVILLE, Chronique normande, p. 401]... qu'uns homs soit bien vestus et forrés, Et qui sache faire un petit le grant, On ly dira : sires, passez avant, Pour son habit, et c'est ce qui me tue [EUST. DESCH., Poésies mss. f° 261]Du conseil a chascun s'oppinion ; Tuit dient bien ; mais, quant vient au servir, D'executer nul n'y a vision ; Leur consaulx est de fourrée pelice [ID., ib. f° 54]Or dea, il ne m'a pas vendu à mon mot, ce a esté au sien : Mais il sera payé au mien, Il luy fault or : on le luy fourre [, Patelin]
- XVIe s. .... Et des abus dont l'Eglise est fourrée, J'en parlerois, mais garde la bourrée [MAROT, II, 52]Comme on se fourre souvent aux tables ouvertes des grands [MONT., II, 108]Fourrant sa teste dans un nœud courant [ID., III, 152]Luy ayant fourré dans son lict Laïs [ID., III, 157]Et de peur que ses freres en montant ne feissent bruit, elle la [l'échelle] couvrit et fourra de laine, premier que de la devaller [AMYOT, Pélop. 65]Il luy fourra le fer de sa javeline par dedans la visiere de son armet, et le tua [ID., Arist. 34]Il desgaina son espée, et se la fourra à soy mesme tout au travers du corps [ID., Anton. 99]Il alloit souvent ouvrir et visiter mes coffres, pour veoir si ma mere y auroit rien fourré de friandise et de superfluité [ID., Alex. 40]On les faisoit souvenir du passé pour fourrer leur esperance de peur [D'AUB., Hist. III, 59]Autres disoient qu'un serment fourré sentoit l'infidelité [ID., ib. 123]S'estans transpercez les visages par coups fourrez (comme de ces temps on usoit de ces mots), tous deux tomberent [BRANT., Mandruzzo.]Tous les auteurs qu'il a leu sont ou schismatiques ou heretiques formels, ou libertins que j'appelle heretiques fourrés [GARASSE, Recherche des recherches, p. 604, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- L'ancien français fuere, qui signifiait fourreau, enveloppe (voy. FOURREAU) ; de sorte que fourrer est proprement garnir d'une enveloppe, d'un fourreau, sens dont on voit de bons exemples à l'historique de fourrure ; puis, comme un fuere ou fourreau est creux, fourrer a pris le sens de mettre dans, faire pénétrer ; au reste ce sens ne paraît qu'au XVIe siècle ; bourguig. forrai ; provenç. folrar ; espag. forrar ; ital. foderare. Ce mot avait aussi dans l'ancien français le sens de fourrager : Nus marcheans nes [ne les] povoit sivre, ne il ne pooient aler fourrer [VILLEH., CLXI]En ce sens il vient de fuerre, feurre, foare, paille ; aller en feurre, voulait dire fourrager.
fourrer
Fig. et fam., Où me suis-je fourré? Dans quel embarras me suis-je mis? Dans quel piège suis-je tombé? On dit aussi Se fourrer jusqu'au cou dans une mauvaise affaire.
Fig. et fam., Fourrer son nez où l'on n'a que faire, Se mêler indiscrètement de quelque chose. On dit dans un sens analogue Fourrer son nez partout.
Fig. et fam., Chercher quelque trou à se fourrer, où se fourrer, se dit de Celui qui cherche quelque emploi, quelque condition, et qui a peine à en trouver.
Fig. et fam., Ne savoir où se fourrer, Ne savoir où se cacher, ne savoir comment se dérober à la confusion qu'on éprouve. Il est si honteux de ce qu'il vient de dire, qu'il ne sait où se fourrer.
Fig. et fam., Fourrer quelque chose dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un, Parvenir à lui faire comprendre quelque chose. Il est si sot, qu'on ne saurait lui rien fourrer dans la tête, dans l'esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu'il fallait... Cela signifie aussi Faire croire une chose à quelqu'un, la lui persuader. Qui a pu lui fourrer cette absurde idée dans l'esprit? Vous vous fourrez dans la tête mille chimères, mille choses qui ne sont pas. Une idée, une erreur, etc., qui s'est fourrée dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un.
Il signifie, par extension, Donner avec excès et sans réflexion. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre des sucreries à le rendre malade.
Fig. et fam., S'en fourrer jusque-là, se dit de Quelqu'un qui prend, avec avidité et excès, de la nourriture, du plaisir, etc.
Il signifie aussi figurément et familièrement Insérer hors de propos. Fourrer un tas de digressions dans un récit. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu'il savait.
Il signifie en outre Garnir, doubler de peau avec le poil. Fourrer une robe de martre. Fourrer d'hermine. Fourrer de petit-gris. Gants fourrés. Manteau fourré.
Chat fourré se dit par plaisanterie des Magistrats revêtus de leur hermine.
Le participe passé s'emploie comme adjectif dans les locutions suivantes :
Langues fourrées, Langues de boeuf, de porc, de mouton, recouvertes d'une autre peau que la leur, et avec laquelle on les fait cuire.
Pain fourré, bonbon fourré, Pain, bonbon garni intérieurement de quelque autre comestible.
Médaille, pièce de monnaie fourrée, Médaille, pièce de monnaie dont le dessus est d'or ou d'argent, et le dedans d'un métal inférieur. Cette pièce d'or, d'argent est fourrée.
Botte de paille, botte de foin fourrée, Botte dans laquelle, parmi de bonne paille ou de bon foin, on a mêlé de la paille ou du foin de moindre qualité.
En termes d'Escrime, Coup fourré. Voyez COUP.
Fig. et fam., Paix fourrée, Fausse paix, faite de mauvaise foi par les deux parties, chacune ayant intention de la rompre, lorsqu'elle le croira utile à ses intérêts.
Pays fourré, Pays rempli de bois, de haies, etc. L'armée se trouvait dans un pays fourré.
Bois fourré, Bois qui est fort garni de broussailles et d'épines. Voyez FOURRÉ, nom.
fourrer
Fourrer, voyez s'il vient point de Ferre.
Fourrer ou jetter dedans, Insinuare.
Se fourrer en quelque lieu secretement, Se aliquo immergere.
Je me fourre en cette espece, In eam speciem me penetro.
Se fourrer dedans bien avant, Inferre sese et introdare. Bud. ex Cicerone.
Se fourrer és biens d'aucun, Facere impetum in bona alicuius. B. ex Cicer.
S'y fourrer jusques aux oreilles, Ingurgitare se. B. ex Cicer.
Cestuy s'est venu fourrer en la meslée, combien qu'il n'en fust pas, Hic liti se obtulit. B. ex Vlp.
Se fourrer en un proces où il va de l'honneur et des biens, où au danger de perdre honneur et chevance, et dont on ne se pourra pas retirer quand on voudra, In nassam litis caput temere inserere, Capite et fortunis in causam penitus insinuare, Cum periculo facultatum et existimationis penitus in causam se demittere, nec inde pedem referre posse. B.
Fourrer robbes, Pelliculare vestes. B. ex Col. phroorion, locus munitus dicitur. Hinc fourrure, pellis in veste, siue quod nos contra hyemem et frigus muniat, siue quod vestem ipsam munitam reddat. phroéin munire nos, fourrer dicimus.
Robbe fourrée, Pelliculata vestis, Vestis pellita.
fourrer
FOURRER, v. act. [Fou-ré: r forte; 2e é fer. Devant l'e muet~, ou est long: il foûrre; foûrrera.] Mettre en quelque endroit parmi d'aûtre chôses. "Fourrez ces livres avec les aûtres. "Fourrez cela dans l'armoire. "Il lui a fourré son épée dans le ventre. = 2°. Insérer hors de propôs. "Il foûrre toujours des Proverbes dans son discours. = 3°. Fourrer dans l'esprit, dans la tête de... "On eut de la peine à lui fourrer dans la tête que, etc. "Vous vous fourrez dans l'esprit mille chimères. = 4°. Introduire. "Qui l'a fourré dans cette maison, dans cette afaire. "Il se foûrre par tout. On ne le dit que pour blàmer. Proverbialement, il fourre son nez par tout. "Pourquoi vient-il fourrer son nez où il n'a que faire?
FOURRER, garnir de fourrûre. "Fourrer une robe de martre, d'hermine, etc. Se fourrer, se bien fourrer, se garnir d'habits bien chauds.
FOURRÉ, ÉE, adj. Pays fourré, garni de bois, de haies. = Coups fourrés, au propre, coups donés et reçus en même tems; au figuré, mauvais ofices réciproques. — Coup fourré, au singulier, mauvais ofice caché, dont on ne se défie pas. = Paix fourrée, paix, reconciliation feinte. = En style proverbial, homme fourré de malice, fort malicieux. "Inocent fourré de malice; homme qui paraît simple, et qui est fin et malicieux.
Rem. Fourrer n'est suportable que dans le style très-familier, ou critique ou comique. On le voit avec peine employé dans des matières grâves et sérieûses. "Je crois avoir fourré ici de quoi vous doner conaissance du point historique. Leibnitz. "On vouloit empêcher les livres apocriphes de se fourrer parmi les canoniques. Id. "Gratien en foûrre un assez grand nombre dans son Décret. Anon. "Lope de Vega s'abandone trop à son esprit, et foûrre ses imaginations par-tout. P. Rapin. — Cette expression jûre avec le ton sérieux de ces ouvrages.
fourrer
fourrer (se)
fourrer
einrücken, einsetzen, füllen, inserieren, schieben, stecken, stopfen, hineinlegen, hineinstecken, hineintunstuff, insert, push along, put away, put in, shove, stow, enclose, filled, hide, introduce, plated, slide, stick, stuck, stuffed, fuck, screw, cramindoen, inleggen, inschuiven, instoppen, inzetten, opvullen, schuiven, vullen, voeren, steken (in), stoppen (in)תחב (פ'), תָּחַבinsitempènyer arossegant, fer lliscarskubbeenmeti, enŝovi, farĉi, ŝovihacer deslizar, hacer resbalar, mechar, meter habilmente, rellenartyöntääempurrar, empurrar para o fundo, rechearficcare, imbottire (fuʀe)verbe transitif
fourrer
[fuʀe] vt (= mettre) → to stick >, to putOù est-ce que tu as fourré mon passeport? → Where have you put my passport?, What have you done with my passport?
fourrer qch dans → to stick > sth into
fourrer ses mains dans ses poches → to stick one's hands in one's pockets [fuʀe] vpr/vi
se fourrer dans [+ une mauvaise situation] → to land o.s. in
se fourrer sous → to get under